SYNDICALISME
L’UR 974 — « Tienbo nou larg pa » — avait une « figure » à sa tête : Clara Derfla. Il a aujourd’hui une équipe autour de Frédéric Mailly et Olivier Picard. Avec un but qui s’affirme chaque année un peu plus : défendre les salariés jusqu’au bout quitte à renverser des systèmes et créer leur propre outil de travail.
Depuis 9 ans, Clara Derfla incarnait l’Union régionale 974. Mais il était écrit dans les statuts de ce nouveau syndicat, né d’une scission avec la CGTR, qu’il n’était pas possible de cumuler plus de trois mandats de trois ans.
Malgré l’insistance des camarades qui lui demandaient de poursuivre, c’est elle-même qui a insisté pour que soit respectée cette garantie de démocratie syndicale et de renouvellement. Elle a donc passé le relais lors de l’assemblée générale du 1er septembre à Frédéric Mailly, lui même entouré d’un deuxième secrétaire général, Olivier Picard, et quatre secrétaires-généraux adjoints à même de se répartir les tâches.
Cette transition méritait bien que l’on se penche sur ce qu’est devenu le nouveau venu de la scène syndicale. Nous avons donc ouvert les guillemets pour Clara Derfla et Frédéric Mailly afin qu’ils racontent l’aventure de l’UR974.
Au bilan des neuf années passées, Clara Derfla extrait les trois premières années, juste après la scission avec la CGTR. Trois années de procès — 14 procès, tous gagnés par l’UR974 — et de combats pour être reconnus, tant par les autres syndicats que par le patronat et même la direction du travail.
L’emblématique affaire Didier Robert
Par la suite le syndicat s’est construit autour de valeurs qui ont dépassé le seul cadre de la mobilisation pour les valorisations salariales et l’amélioration des conditions de travail. L’affaire la plus emblématique de cet « ADN de l’UR974 » a été le procès contre Didier Robert, l’ancien président de Région condamné définitivement pour abus de biens sociaux au sein de la SPL des musées régionaux. Il ne faut en effet pas oublier que les premières victimes des dérives financières sont les salariés des structures concernées.
L’UR974 se veut donc comme un syndicat qui « va jusqu’au bout », quitte à déposer plainte contre les « systèmes ». Une enquête est d’ailleurs à l’instruction suite à sa plainte contre la gestion de Soliha.
Le syndicat sudiste s’est développé bien au-delà du secteur du commerce et du territoire sudiste en s’implantant dans les collectivités territoriales : mairie de Cilaos, mairie de Saint-André, Civis, CIAS (Centre intercommunale d’action sociale), Civis, Casud.
C’est aujourd’hui une équipe qui prend les commandes de l’organisation, tient à préciser Frédéric Mailly. Et Clara Derfla reste membre du comité exécutif pour veiller à la continuité des actions engagées en y jouant le rôle de « sage ». La nouvelle équipe compte notamment développer les missions de formation et, si possible, trouver de nouveaux locaux car… il devient de plus en plus difficile de se garer en centre-ville de Saint-Pierre.
Sauvegarder l’outil de travail
L’UR974 ambitionne également de faire revivre le projet de coopératives ouvrières. « Parfois il faudra être source de proposition, déclare Frédéric Mally, et amener les salariés à revenir sur certains acquis pendant un laps de temps pour pouvoir sauvegarder l’outil de travail ». « Quand les salariés sentent qu’ils ont les capacités de prendre les commandes pourquoi laisser les politiques faire la m… », renchérit Clara Derfla : « Est ce qu’on a encore besoin de ces dirigeants corrompus qui ne sont là que pour leur pomme ? Nou lé kapab fé par noumèm ! » L’UR974 ne s’interdit donc pas d’être demain à l’initiative de projets solidaires, dans le logement, l’agriculture, la consommation…
Il se trouve que les valeurs d’éthique, de liberté et d’indépendance que défend l’UR974 sont aussi celles de Parallèle Sud, tout comme cette soif d’initiatives pour faire avancer les projets : faire par soi-même un média piloté par les journalistes pour dépasser les limites de l’actuel système médiatique.
C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés et que l’UR974 nous héberge dans son siège saint-pierrois au n°20 de la rue Auguste-Babet. En contrepartie nos compétences rédactionnelles et techniques peuvent soutenir les opérations de communication du syndicat alors que chacun garde sa totale liberté d’actions.
Franck Cellier