A l’arrivée de l’homme à La Réunion, sept espèces de reptiles terrestres y cohabitaient. Seules deux sont encore présentes, toutes les deux classées en danger critique d’extinction. C’est cette saga que raconte pour au moins un an une exposition présentée mardi 16 avril à Kélonia à Saint-Leu.

Sept espèces de reptiles terrestres habitaient La Réunion quand l’homme est arrivé. Comment sont-elles arrivées dans une île qui n’a jamais été reliée au continent ? Comment ont-elles disparu ? Qui sont les nouveaux arrivants ? Qui les menacent ? Et même, quels ont été leurs rôles dans le façonnage de nos paysages ? Toutes ces questions trouveront réponses à Kélonia, à Saint-Leu, pendant au moins un an dans une exposition réalisée grâce aux équipes du site dédié aux tortues marines et à celles de Nature Océan Indien (NOI).
Agrippés à des arbres
« L’Île de La Réunion a émergé il y a trois millions d’années, sans jamais avoir été reliée à aucune autre terre », indique Stéphane Ciccione, directeur de Kélonia et commissaire de l’exposition Reptiles. Des sept espèces endémiques à l’arrivée de l’homme, il n’en reste que deux en très grand danger d’extinction ; les autres ont aujourd’hui disparu. Les deux qui existent encore sont les lézards verts de Manapany (Phelsuma inexpectata), et de Bourbon (Phelsuma borbonicus). Les autres, toutes disparues, sont trois espèces de scinques (lézards diurnes de dix à quinze centimètres à 35 pour le grand scinque), une de gecko nocturne et la tortue géante.
« Les lézards sont arrivés agrippés à des arbres, des branches emportées par la mer avant de s’adapter, muter et créer une nouvelle espèce. Il suffit d’une femelle fécondée pour fonder une nouvelle population », explique Stéphane Ciccione en soulignant la faculté des reptiles à jeûner plusieurs mois. La tortue géante, comme ses cousines des îles voisines, flotte. « On a découvert des pousse-pieds (sorte de coquillage) sur les pattes d’une tortue d’Aldabra retrouvée en Tanzanie. La taille des pousse-pieds atteste que la tortue est restée au moins quatre à six mois dans l’océan », raconte encore le spécialiste.
Si la fin de la tortue terrestre est connue, mangée par les navigateurs de passage puis par les chiens et les cochons introduits dans l’île, celle des petits lézards est plus discrète. Certains, comme le gecko de Sonia (Nactus soniae), n’ont même jamais été observés, c’est la découvertes d’ossements dans une grotte de Saint-Gilles qui a permis d’en établir l’existence. Les quatre espèces de lézards disparus ont été la proie des espèces introduites comme les chiens, les chats et les rats… et la couleuvre loup, en plus de la perte de leur habitat.
Les tortues sont considérées comme des « espèces ingénieures ». C’est-à-dire qu’elles ont modelé leur environnement. Les plantes se sont adaptées à leur masse et à leur alimentation, jusqu’à prévoir des graines apétantes qui germeront dans les crottes, ou des feuilles juvéniles immangeables et différentes en formes et en couleurs des feuilles adultes. Elles ont conditionné l’écologie de nombre de plantes endémiques.
Deux serpents
Par ailleurs, on trouve une quinzaine de reptiles exotiques dans l’île, dont six sont considérés comme envahissants et dangereux pour l’écosystème. Quatre espèces de margouillats, deux serpents, l’agame versicolore et le caméléon panthère, et plus récemment des phelsumas (lézards verts) et le célèbre agame des colons. Plusieurs sont des échappés d’élevages, le dernier est arrivé dans une cargaison de bois au Port.
L’exposition Reptiles est à voir pendant au moins une année, aux heures d’ouverture de Kélonia. Elle trouvera sans doute sa place à l’ouverture de Kélonia II, espace prévu dédié aux tortues terrestres en amont de l’ancienne ferme des tortues.
Philippe Nanpon
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