LIBRE EXPRESSION
La première célébration du carnaval attestée à La Nouvelle-Orléans est le fait d’un employé de la Compagnie des Indes en 1731
La première célébration du carnaval attestée à La Nouvelle-Orléans date de 1731, et elle est le fait d’un employé de la Compagnie des Indes, Marc-Antoine Caillot, qui avait fréquenté les bals de carnaval de la région nantaise (Ingrandes, Pontchâteau) juste avant son embarquement pour la Louisiane en 1729, précise NOLA XO NALA, nouvelle association qui entend promouvoir la fusion culturelle entre Nantes et la Nouvelle-Orléans.
Marc-Antoine Caillot, un jeune commis envoyé en Louisiane par la Compagnie française des Indes, a relaté son voyage et ses expériences en Louisiane entre 1729 et 1731. Connu pour avoir rédigé un récit spirituel, intime, non censuré et parfois scandaleux, sur ses voyages et sa résidence en Louisiane de 1729 à 1731, Marc-Antoine Caillot a passé près de trente ans au service de la Compagnie des Indes. Sa carrière, qui a débuté à Paris dans les années 1720 et s’est finalement étendue sur trois continents, a été une carrière ascendante, rendue possible en grande partie par ses nombreuses relations familiales et professionnelles.
Première vie et liens familiaux
Deuxième des quatorze enfants de Pierre Caillot et de Marie-Catherine Blanche, Marc-Antoine Caillot est baptisé à Meudon, en France, le 4 juin 1707. Du nom de son parrain, Marc-Antoine Balligant, valet de pied au château de Meudon, Marc-Antoine passe ses premières années dans une maison royale dirigée par le fils aîné de Louis XIV, Monseigneur le Dauphin, décédé de la variole le 14 avril 1711. Le père, les oncles et le grand-père maternel de Caillot étaient au service à Meudon de la Maison du Roi, institution royale dont l’entourage composé de personnel religieux, militaire et domestique servait le roi et ses héritiers.
À la mort de Louis XIV en 1715, le pouvoir royal se déplaça des maisons du roi vers Paris, domicile du régent du roi, Philippe II, duc d’Orléans. Pour Caillot, ce changement a brisé la chaîne de service multigénérationnelle de sa famille noble dans les maisons royales, mais ne l’a pas exclu de la faveur. Plutôt que de suivre les traces de son père comme valet de chambre à la Maison du Roi, Caillot obtient un poste de patronage auprès de la Compagnie française des Indes.
Un homme de compagnie et un mémoire de Louisiane
Sa première exposition au réseau commercial mondial de l’entreprise s’est déroulée en tant que simple scribe ou commis-copieur dans les bureaux parisiens de l’entreprise. Il y commença sa formation vers 1728 et reçut sa première commission à l’étranger – comme commis à la comptabilité dans la colonie de Louisiane – au début de 1729, lorsqu’il commença à rédiger un mémoire personnel documentant ses voyages et ses expériences de vie dans le monde atlantique français. Il quitte Paris le 19 février et, après un voyage terrestre de trois semaines jusqu’à la côte atlantique, embarque à bord du Durance, un navire marchand à destination de la côte du Golfe. Ses mémoires de 184 pages, initialement intitulées Relation du voyage de la Louisianne ou Nouvelle France fait par le Sr. Caillot en l’année 1730 et traduites et publiées pour la première fois en 2013 sous le titre A Company Man: The Remarkable French-Atlantic Voyage of un commis de la Compagnie des Indes par The Historic New Orleans Collection, fournit un récit intime de la traversée de l’Atlantique. Il capture ses escapades romantiques et ses rencontres gaillardes ; sa peur de la mort par naufrage ; et son expérience des rituels maritimes qui allègent la bourse. Il ouvre également une fenêtre sur le monde des voyages à cheval, en péniche couverte et en grand voilier dans les premières décennies du XVIIIe siècle.
Mais c’est son récit du temps passé à la Nouvelle-Orléans de 1729 à 1731 qui constitue la contribution la plus significative de Caillot à l’historiographie de la Louisiane coloniale française. Caillot n’a passé que deux ans comme commis à la comptabilité basé au siège social de l’entreprise, un quartier d’un seul pâté de maisons délimité par la Place d’Armes/St. Peter, Chartres, Toulouse et Levee Streets, il a pourtant enregistré des scènes qui élargissent considérablement notre compréhension de la vie dans la Louisiane coloniale française. De Caillot, les lecteurs apprennent comment les captifs africains nouvellement arrivés étaient débarqués des navires négriers à l’embouchure du fleuve et chargés dans des navires plus petits pilotés par des esclaves appartenant à la société pour leur voyage en amont jusqu’à la plantation de la société en Cisjordanie (aujourd’hui Algiers Point). Nous apprenons comment les premiers Néo-Orléans célébraient le Carnaval (le travestissement, à l’époque comme aujourd’hui, s’est avéré populaire) et comment les habitants de la ville ont réagi à la nouvelle des attaques des Indiens Natchez qui ont fait plus de 230 morts chez les colons et détruit les rêves de la colonie de créer un empire du tabac.
Au printemps 1731, après seulement vingt mois à la Nouvelle-Orléans, Caillot rentre en France via le Saint-Louis. Son mandat écourté par la rétrocession de la Louisiane de la compagnie à la Couronne – un renversement provoqué par les pertes subies par les Indiens Natchez – Caillot ne perdit pas de temps pour rejoindre les rangs des employés de la compagnie stationnés dans les avant-postes les plus rentables de l’océan Indien. Le 14 janvier 1732, il monta à bord d’un autre navire, une frégate de cinq cents tonnes nommée Atalante, celle-ci à destination de Pondichéry, en Inde.
Kevin Lognoné