(In memoriam)
Paix à l’âme du jeune prisonnier qui s’est donné la mort, un matin, qu’on a essayé de décrire sans même y parvenir. Parce que nous avons encore la faiblesse – même pas honteuse – de faire des phrases.
Qu’on ne relira pas, s’il s’agit de la dernière crise.
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Celle qui emporte tout, sans retour. Comme la dernière vague. Sans retour et sans amour. Nu, comme au premier jour. Allez, ferme les yeux et pense à l’Aufguss. C’est le début d’un long poème qui va nous emmener tout au long du fleuve. Non pas vers la source mais jusqu’à l’embouchure. Jusqu’au delta et même, au-delà jusqu’à l’océan.
Là où se trouvent les vagues et le bleu en liberté. Multipliées.
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L’écriture de poèmes ne peut pas être automatique. La beauté n’est pas (automatique). C’est avant tout un choix, Une mitraillette peut être automatique. (Mais pas le poème.) Et encore moins [moins le poète. Et la mort délicieuse des noyés ? Alors ?
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La dernière crise est aussi celle de la Libération. Le libérateur est là ! Il faut lui tendre les bras. Il ne faut pas avoir peur de lui.
Il est toujours possible de l’appeler à l’aide, Elle.
Elle au visage en mille et une fleurs. Noire. N’est-il pas dit qu’elle pourrait prier pour nous, maintenant, et à l’heure de notre mort ? Amen.
Mais ça ne se termine pas comme ça : ce n’est pas encore la fin de la dernière crise. Le ressac n’existe pas. La dernière vague l’a emporté. Les corps reposent au fond de l’eau. Comme des épaves heureuses. //
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Dernière crise avant quoi ?
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Julien Sartre