[Cinéma] Nicolas Séry, un 3e court métrage en chantier

KILTIR

« Reine kayanm » a lancé sa carrière, puis le film engagé « Kabri i manz salad » est sorti en salles en juin 2023. Nicolas Séry, scénariste et réalisateur passionné par la langue et l’écriture créole, travaille actuellement sur son troisième court métrage.

Nicolas Séry est né dans l’hexagone (Melun) de parents réunionnais. De retour à la Réunion, il s’étonne qu’on connaisse aussi peu l’histoire de l’île et du peu de place qu’occupe la langue créole. « Il y a trop peu de classes bilingues créole-français à la Réunion ; Apprendre les deux langues c’est être capable de les différencier » dit-il. Il décide alors de réaliser des films où les personnages s’expriment en créole, c’est pour lui un acte militant. Il est scénariste, assistant réalisateur et réalisateur. Il a également collaboré à la traduction de plusieurs BD (Tintin notamment) en créole réunionnais.

Une passion de longue date pour l’écriture

L’envie d’écrire était là depuis longtemps. Il a d’abord écrit des nouvelles en langue créole, deux fois primées au niveau régional. Une résidence d’écriture en 2015, avec des rencontres, des échanges, l’incite à se lancer dans l’écriture d’un scénario, au départ plutôt pour un long métrage, mais compte-tenu des moyens à mettre en œuvre, ce sera finalement pour un court métrage. « Ma utiliz bann zéléman du lon métraz pou ékrir le cour. Aprè, lé bokou inspiré de sak ma viv’, de pran en cont’ léritaz momon papa, la mizik ke mi t ékout : rock, métal, maloya ek kayanm. Ma zoué un pé dann groupe maloya é ékri dé troi tex. Com papa té agriculteur, ma travail oci dann chan cann, i fé mazin a mwin mon zistoir ».

Nicolas Séry (crédit photo Loïc Idame)

Premier court métrage : « Reine Kayanm »

En 2017, il présente donc son scénario « Reine Kayamb » aux Rencontres Talents en Court au Comedy Club à Paris. Il y rencontre Anne Berjon, productrice de Mondina Films et adhère à la Maison du Film où il poursuit son travail d’écriture. Il fera partie des 20 sélectionnés du Label Scénario de la Maison du Film. « Reine Kayanm », son premier court métrage (20m, environ), sort en 2020. Lauréat « Talents La Kour », il obtient de nombreux soutiens dont celui de la Région Réunion. Dans ce film figure par exemple Danyèl Waro…

Une véritable consécration pour quelqu’un qui n’a jamais fait d’études de cinéma et n’avait aucune expérience de ce milieu. « Ma touzour été pasioné du cinéma, mé falé kit la Rénion pou fé lékol cinéma, mi té vé pa, mi néna in DUT géni civil en batiman » explique-t-il. Il est donc venu au cinéma plus par passion que par les études, apprenant les ficelles du métier au fil des résidences et des rencontres.

Son film est présenté dans de nombreux festivals, dont celui du Film Court à la Réunion. Il voyage en Afrique, en Colombie, aux USA, au Canada, en Inde, en France bien sûr, en Roumanie,… et obtient plusieurs prix (Burkina Faso, Nigéria, au FEMI en Guadeloupe). Nicolas Séry est invité au Sénégal, en Egypte, l’occasion pour lui d’expliquer sa démarche, mais aussi de faire des rencontres, d’échanger avec scénaristes et réalisateurs. 

Une scène du tournage de Reine Kayanm

Un deuxième court métrage en 2023

En Juin 2023 est sorti son second court métrage : « Kabri i manz salad ». Film engagé, « il parle du racisme envers la population comorienne à la Réunion. Il est traité sous forme de comédie, qui me permet de tourner en dérision certains clichés sur cette communauté-là. Le film a été écrit par le biais de deux appels à projets. Un projet national qui s’appelle HLM sur Cour, et pour un concours Canal + Réunion ». Ce film a reçu le prix « coup de cœur » de Canal+ Réunion et est le 1er court métrage outre-mer à être lauréat « HLM sur cour ». Il est déjà programmé dans de nombreux festivals, dont le festival européen de Brest, et au Ciné-festival en pays de Fayence, juste à côté de Cannes. Le début d’une longue tournée de festivals avec à la clé sans doute plusieurs prix.

Un nouveau projet

Un troisième court métrage est actuellement en cours d’écriture, avec l’aide de la Région. « Lo vant héva » traitera des avortements forcés à la clinique de Saint-Benoît aux alentours des années 70 sous la forme d’un thriller. « Le tèm lé for et le zafair lé peu conu, dit-il. Ma rod dann zarchiv département é ma trouv dann zartikl la press’, bann kont randu zuzman tribinal. Ma lir in liv Françoise Vergès é ma fé apel a li. Solman, lé dur giyn dé témoiniaz ». Dans un premier temps, Nicolas Séry travaille sur un court métrage qui devrait sortir en 2024. Il a postulé pour une résidence d’écriture en Corse. Compte-tenu du sujet et des informations recueillies, « le sujet est tellement vaste » dit-il, l’idée d’un premier long métrage fait son chemin avec sa productrice…

Dominique Blumberger

A propos de l'auteur

Dominique Blumberger | Reporter citoyen

Ancien enseignant et directeur à la retraite, Dominique Blumberger a rejoint les rangs de Parallèle Sud quelques mois après son lancement. Passionné de musique, gros lecteur, il propose d’ailleurs souvent des avis sur ce qu’il a lu, il affectionne plus particulièrement les portraits et les reportages.

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