GRANDE CHALOUPE
Un ti train de nouveau sur rails ? C’est le projet « Émergence » de l’association Ti Train qui depuis 1988 œuvre à restaurer ce patrimoine unique. Encore faudra-t-il obtenir une subvention.
« Les autorails Billard et nos remorques uniques en outre-mer ont été inscrits au Patrimoine Régional Historique, c’est une bonne nouvelle pour La Réunion et pour notre association » déclare Yvette Duchemann, présidente de l’association Ti Train à la Grande Chaloupe. Pour autant, l’unique matériel roulant ferroviaire de La Réunion « ne semble pas intéresser d’autres institutions alors que c’est un patrimoine qui raconte l’histoire de notre île ».
Depuis 1988, l’association lutte afin de restaurer ce chemin de fer pour les Réunionnais. Cette année, lors de la Journée Européenne du Patrimoine (JEP 2024 ) , ils manifesteront pour le projet touristique « Émergence ». C’est un circuit touristique au départ de la Grande Chaloupe direction Saint-Denis jusqu’à la Ravine à Jacques, sur une portion de près d’un kilomètre, qui emprunte un tunnel de 750m. La vitesse de la locomotive sera limitée à 30 km/h, voire moins si des contraintes techniques s’imposent. Le collectif espère bien que ce projet verra le jour et « appelle à l’aide les instituions qui ont comme compétences le patrimoine et la culture. »
Pour le moment, il est difficile pour eux de faire des devis. Étant donné qu’aucune société sur l’île n’est spécialisée dans le domaine ferroviaire, Pierrick Gerenton, directeur des Chemins de fer touristiques du Vivarais, devrait venir sur l’ile pour faire des expertises et des estimations. Ces estimations sont essentielles pour l’avancement du projet, la DACOI pourrait apporter, selon Yvette Duchemann, 40% de subvention pour la rénovation des autorails.
250 MORTS PENDANT LES TRAVAUX
« À ce jour, nous nous débrouillons tout seul, nous dépensons notre propre argent, les visites guidées nous rapportent un petit peu pour payer nos charges », rapporte la dirigeante. Un appel aux dons a déjà été lancé. Depuis l’année dernière, les bénévoles de l’association se sont improvisés guides pour des visites du site avec des établissements scolaires. En tout, une dizaine d’écoles ont répondu à l’appel. Pour la modique somme de deux ou trois euros par tête, les marmailles ont pu découvrir les vestiges d’un patrimoine malheureusement laissé à l’abandon. Cette action avait non seulement pour but d’éduquer les jeunes à l’histoire de La Réunion, mais aussi de faire connaitre les combats de l’association, sensibiliser la population. On retrouve également parmi les revendications, la volonté de rendre hommage aux 250 morts durant les travaux qui ont débuté en 1878.
Un autre projet de l’association qui n’est pas encore totalement défini est d’aménager un musée. Avec tout le matériel et les infrastructures uniques du site de la Grande Chaloupe, ce « musée du train de La Réunion » ferait partie de la boucle « socio-culturelle, touristique et économique de La Réunion. » De plus, les emplois créés seront évidemment attribués aux habitants de la Grande Chaloupe.
Etienne Satre