La 16e édition du Festival Komidi aura lieu du 23 Avril au 4 Mai 2024. Ce festival, 16e du nom, est totalement unique en son genre et au fil des ans, s’est considérablement développé avec une idée de base toujours inchangée : offrir au plus grand nombre la possibilité d’assister à des pièces de théâtre à des tarifs très abordables. Il fonctionne exclusivement sur la base du bénévolat. 120 bénévoles œuvrent toute l’année à son bon déroulement.
Les programmateurs (7) vont au festival d’Avignon et sur Paris notamment contacter les troupes. Ils assurent également le lien avec les troupes réunionnaises. Plusieurs s’occupent de réserver des hébergements, des voitures… D’autres s’occupent de tout ce qui touche à la restauration, aux informations à transmettre aux scolaires, au planning des représentations scolaires. D’autres encore assurent la coordination et le suivi techniques des différents spectacles. D’autres assurent les formations et le suivi de « lakademi komidi ». Il faut aussi préparer, installer et démonter des décors, gérer les contacts avec les mairies, les sponsors, les responsables de salles, assurer la billetterie, gérer le site internet, …
Tous sont de vrais passionnés, et la passion, les bénévoles ça les connaît, et ils ne comptent pas leur temps !
Dominique Blumberger
Parallèle Sud est allé à la rencontre de quelques – uns d’entre eux, qui consacrent beaucoup de temps à Komidi pendant le festival, mais aussi avant … et après ! Paroles de bénévoles…
En quoi consiste votre activité de bénévole à Komidi ?
Corinne : « Je m’occupe de l’hébergement des troupes qui viennent de métropole, des troupes locales qui souhaitent un endroit le soir après leur représentation quand ils habitent loin sur l’île. J’essaie de satisfaire quand on a des bénévoles ou habitants bienveillants aussi qui nous permettent d’avoir des chambres disponibles chez eux. Depuis cette année, je m’occupe également d’héberger les comédiens recrutés par Éric Bouvron et Florient Jousse pour « Lakademi komidi ». Nous sommes deux à nous occuper des logements (je fais ça depuis 5 ans) avec Muriel (depuis l’année dernière). »
Vincent : « Je suis vice-président de l’association, donc membre du CA. Je fais partie de l’équipe de programmation qui se rend à Avignon pour construire les futurs festivals. Je suis aussi responsable des ventes (billetterie) et de la location de voitures pour les artistes. J’essaie aussi de garder un oeil global sur les activités de l’association pour en connaître les points sensibles. »
Maur-Anne : « Je m’occupe de plusieurs choses mais mes deux activités principales sont la prévente de billets à destination des élèves du second degré sur St Joseph et l’organisation des sorties scolaires, toujours du second degré (collèges et lycées) sur ce même secteur. Pendant le festival, je gère les désistements de dernière minute, j’assure des surveillances, etc…. ».
François : « Mon activité principale dans l’association est la fabrication des décors. Les troupes nous envoient des plans ou des photos en amont dès le mois de décembre et nous commençons la fabrication dans notre atelier au mois de janvier à raison d’une journée par semaine. Nous sommes une équipe de six bénévoles sur les décors. »
Pascale : « Je m’occupe de la planification des repas : « qui mange où ? » en fonction des lieux, dates et heures des représentations des troupes, dans toutes les communes partenaires. Et plus particulièrement des » menus spéciaux » : végétariens, allergies … afin que chacun ait le repas dont il a besoin quel que soit le programme de la troupe. »
Depuis quand êtes-vous bénévole ? Quel temps y consacrez-vous ?
Corinne : « Je suis bénévole depuis six ans mais fervente spectatrice depuis le début ! On commence en septembre – octobre par redemander à nos logeurs s’ils sont toujours partants pour l’aventure Komidi en transmettant les dates provisoires à 2/3 jours près. On se voit beaucoup de décembre à mars. Par moment c’est tous les mercredis, on s’appelle souvent, bref on ne se quitte plus ! »
Vincent : « Lors de la première édition du festival (en 2008) j’ai donné un petit coup de main officieux à l’équipe pionnière et dès la deuxième année j’ai intégré l’organisation du festival. 2024 sera donc officiellement mon 15ème festival en tant que bénévole. L’organisation du festival m’occupe un peu toute l’année, même si la charge de travail est particulièrement forte à quelques semaines de l’événement : plusieurs heures par jour. »
Maur-Anne : « Je suis bénévole depuis 14 ans. Je consacre une part non négligeable de mon emploi du temps à Komidi durant l’année, mais cela dépend de la période. En ce moment, et durant ces dernières vacances scolaires, c’est plus intense, il m’a fallu plusieurs journées pour préparer la vente de billets et organiser les sorties des collèges et lycées, et je récolte en ce moment les demandes.
Pour le KZE (Komidi Zeop Ensemb, vente des billets aux familles) : Il faut faire des tableurs, envoyer les informations aux différents établissements, les fiches des spectacles, répondre aux interrogations, préparer un document explicatif pour les parents, avec lien et QR code pour accéder à un formulaire de choix de spectacles… Liste non exhaustive. Puis, une fois les demandes recensées, il faut effectuer un bilan afin de ne pas dépasser les jauges des salles…
Pour les sorties scolaires : Je dois d’abord évaluer les niveaux des pièces proposées afin de viser le public adéquat. Ensuite, je prépare un grand tableau Excel dans lequel je place tous les établissements, je leur envoie, puis j’attends les réponses. Je peux ensuite demander à mes interlocuteurs s’ils veulent d’autres places, selon les disponibilités, après les premières réservations, toujours en respectant les jauges des salles. »
François : « J’ai toujours profité du festival depuis ses débuts. Mais c’est à la retraite que je me suis investi dans le bénévolat. Cela fait trois ans. Entre le mois de janvier et le début du festival (fin avril) j’y consacre une à deux journées par semaine. Par contre pendant les 12 jours du festival, je mange, je bois, je m’habille, je travaille, je fais la fête « Komidi » et parfois je dors un peu ! ».
Pascale : « De fin janvier à mars : une journée par semaine pour l’atelier construction des décors. En mars et avril : une journée par semaine pour les décors et une moyenne de deux heures par jour pour les repas + une demi-journée par semaine pour aider dans d’autres ateliers (préparation des loges…). Pendant le festival … tous les jours. »
Quelle(s) satisfactions retirez-vous de cette activité ?
Corinne : « On vit des moments incroyables lors du festival (récompense de nos efforts aussi) et c’est une activité très enrichissante toute l’année. On vit une aventure humaine extraordinaire et on développe des compétences dans différents domaines : informatique, organisation, communication, gestion, coordonner, parler devant un public = confiance en soi et j’en oublie, … »
Vincent : « L’idée première c’est apporter le théâtre là où il n’y en avait pas et de favoriser l’accès pour des publics éloignés de cet art. Chaque fois qu’un spectateur nous parle de sa première expérience de théâtre grâce à Komidi, j’ai le sentiment que nous avons marqué un point. Les retours de nos spectateurs sont la principale source de satisfaction. On constate que certains spectateurs sont plus exigeants, plus pointus qu’il y a quelques années, et ça aussi c’est positif : ils se sont appropriés les codes du genre et avancent des avis motivés. Et pour compléter ma réponse j’ajoute que Komidi c’est aussi une belle bande de copains et que nous avons du plaisir à passer du temps ensemble avec un but commun. »
Maur-Anne : « En bref, mon activité hors festival est très administrative, et je passe de nombreuses journées derrière mon ordinateur, ce n’est guère enrichissant ni excitant, mais cela permet aux élèves de sortir en famille ou avec leurs enseignants au théâtre. C’est pour cela que je me suis engagée sur le festival Komidi. C’était mon principal objectif et cela me convient parfaitement. Le retour des parents et des élèves justifie vraiment cet investissement, c’est un réel plaisir. »
François : « Les rencontres, le bricolage, les spectacles et la sensation de participer à quelque chose d’exceptionnel. »
Pascale : « L’impression d’être utile, d’aider à la réalisation de ce festival dont les objectifs me conviennent beaucoup (la culture pour tous, partout même dans les écarts…). J’apprends beaucoup de choses dans des domaines variés. Et puis il y a de très belles rencontres avec les bénévoles et avec les artistes et de belles surprises quand je suis en surveillance pour des spectacles que je ne serais pas aller voir de moi-même (spectacles pour enfants, pièces qui à priori ne m’attiraient pas…). »
Des informations ou des remarques à ajouter ?
Corinne : « L’équipe est formidable et on vit des moments forts agréables tout au long de l’année ! C’est vraiment sympa d’être dans une équipe soudée, qui a le sens du travail bien fait et avec le sourire ! »
Vincent : « L’association Komidi est surtout célèbre pour son festival, mais nous avons des activités autour du théâtre toute l’année. L’aventure que nous vivons au travers du festival est une richesse et pour bon nombre d’entre nous, elle nous a conduit à repousser des limites et à nous engager sur des terrains où nos compétences étaient très limitées. En faisant grandir ce festival, c’est aussi un peu de nous qui a grandi avec ».
Maur-Anne : « Permettre au plus grand nombre d’accéder au théâtre est l’essence même du festival Komidi et je suis ravie d’y participer modestement. »
François : « Le festival Komidi est une oeuvre magistrale que l’on doit à quelques-uns et je les en remercie. »
Pascale : « Certaines personnes se plaignent du festival car il n’y a jamais assez… : pas assez de places sur internet, pas assez de spectacles dans telle salle, pas de grande salle dans le sud… Il est dommage que ces personnes ne voient pas toujours le travail énorme qui est fait par des bénévoles depuis seize ans, notamment les « géniaux fondateurs du Komidi ».
Propos recueillis par D.B.