PORTRAIT : LAURENT MOUTAMA
Laurent Moutama, sportif depuis sa jeunesse fait partie des Réunionnais tournés vers la pratique sportive intense. C’est aussi un parcours de vie et un mental solide.
Laurent Moutama, 42 ans, vit à Saint-André. Son physique sportif ne laisse pas de place au doute. Il pratique quasi quotidiennement des entraînements.
Professionnellement, cela fait sept ans qu’il travaille à l’Association Réunionnaise de Prévention des Risques liés à la Sexualité et aux Harcèlements (ARPSH), comme logisticien.
Pendant de nombreuses années, Laurent a pratiqué le football en club. Dans les années 1997/1998, il a été en sélection de l’équipe de La Réunion dans les catégories Cadet, puis Junior. Le Stade de Reims, équipe actuellement en première division, avait un œil sur ses performances, en vue de le recruter dans son centre de formation. Malheureusement, une blessure aux ligaments va stopper net cet élan. De retour de blessures, Laurent va jouer pour différents clubs et terminer au club de Cambuston.
C’est ensuite un projet passionnant qui lui est proposé par la création d’une équipe de foot d’entreprise, de bon niveau. Après une première année réussie, une deuxième également, des soucis internes vont alors précipiter l’arrêt du club. De cette situation, Laurent en sort profondément affecté et ne rejouera plus au foot.
En mal de pratique sportive, c’est une connaissance de longue date qui lui parle du trail. A cet instant, il n’y connait rien, si ce n’est le Grand Raid qu’il a déjà vu à la télévision. Il y a cinq ans, il entre alors dans ce nouveau monde. Très peu de temps après, une séparation douloureuse le fait souffrir au quotidien. Il prends alors du temps pour aller courir dans les cirques, se vider la tête des idées noires qui la traverse. Ces moments le soulagent et sont un exutoire. » Le trail m’a permis de continuer à vivre « , dit-il. Le trail devient donc son nouveau sport et le meilleur reste à venir.
47 heures pour sa première Diagonale
Toujours dans cette première année de trail, Laurent voit des coureurs s’inscrire pour le Grand Raid. Du coup, il fait pareil. Il est tiré au sort et se retrouve à devoir prendre le départ de la Diagonale des fous alors qu’il n’a jamais fait de course de trail.
Il va travailler, courir, marcher, faire des courses pendant plusieurs mois et réaliser la Diagonale des fous en 47 heures.
Résultats principaux en 2024 :
Date | Nom de la course | Pays | Distance/Dénivelé | Durée | Classement | Homme |
2024-02-18 | Trail de l’EDEN – Championnat 974 Trail Court -FFA | France | 25 km / 880 m+ | 2:30:43 | 12 / 691 | 60 / 499 |
2024-02-04 | TRANSVOLCANO – Transvolcano 40k | France | 40 km / 1390 m+ | 5:02:23 | 42 / 382 | 39 / 265 |
Résultats principaux en 2023 :
Date | Nom de la course | Pays | Distance/Dénivelé | Durée | Classement | Homme |
2023-10-19 | Grand Raid de La Réunion-Diagonale Des Fous | France | 169 km / 9870 m+ | 45:18:33 | 688 / 2764 | 636 / 2413 |
2023-09-24 | Trail des Sources – 32kms | France | 32 km / 1500 m+ | 3:01:18 | 29 / 263 | 28 / 192 |
2023-07-30 | Trois-Bassinoise – 50k | France | 49 km / 2800 m+ | 7:46:57 | 76 / 251 | 71 / 203 |
2023-07-15 | Trail de la Rivière des Galets – 40kms | France | 40 km / 1600 m+ | 5:24:26 | 159 / 732 | 148 / 572 |
2023-05-18 | LA Salazienne – MEGA SALAZIENNE | France | 55 km / 3500 m+ | 10:09:44 | 68 / 356 | 64 / 308 |
Mais qu’y a-t-il donc de si addictif dans le sport ? Et plus particulièrement dans le trail ? Pour lui, c’est le plaisir de la souffrance. Sentir, ressentir l’effort, le dépassement des limites. Se mettre des objectifs difficiles et tout faire pour arriver à ses fins.
Et l’entraînement pour y parvenir ? En semaine, ce n’est pas moins de trois séances le matin avant le travail et une séance tous les soirs. Bien sûr, les entraînements ne sont pas toujours les mêmes, tant au niveau des difficultés que tu temps à y consacrer. Le week-end est consacré à une sortie longue, difficile, ou à une course. Le reste de la semaine, au total, c’est un minimum de 15 heures d’entraînement.
Pour les entraînements, Laurent préfère les réaliser sans musique et avec d’autres coureurs. C’est une source de motivation supplémentaire. C’est aussi pour continuer à progresser qu’il est chapeauté par Sébastien Parmentier de l’Athlétic Club de Salazie.
Un sport de luxe
Ce planning sportif bien chargé a des conséquences au quotidien. D’abord, il n’est pas toujours disponible pour ses amis ou la famille qui ne comprennent pas toujours cet engagement personnel. Ensuite, il y a un coût financier pour le matériel, l’alimentation, les inscriptions aux courses. Par exemple, le budget global pour aller courir la Black River Peak à l’île Maurice en juin, s’élève à 1700 €.
Heureusement, il trouve du soutient auprès de M. Bruno Gunet (BG Plomberie) qu’il connait depuis longtemps. Comme les besoins restent importants à son niveau, des partenaires comme Razou Autos et Rrunning, contribuent à couvrir les coûts.
La santé est un élément sensible pour un sportif. Les blessures peuvent arriver à tout moment. Il faut donc écouter son corp. En 2021, sur le Grand Raid, Laurent s’est déchiré aux ischios (7 cm). Cela l’a contraint à l’abandon. Plus récemment, en 2023, c’est une fracture du pouce gauche sur la Cimasarun qui l’a stoppé.
Même s’il y a des péripéties physique, Laurent se fixe l’objectif de participer à l’Ultra Trail du Mont-Blanc, course majeure et mythique des trailleurs. Il se donne deux ans pour performer parmi les meilleurs locaux.
Avec son expérience, Laurent nous livre son regard sur les courses de trail à La Réunion : « les pratiquants ne reflètent pas la société réunionnaise. Il y a une proportion très importante de zorey « . D’après lui, c’est à cause du coût. « Pour celles et ceux qui ont peu de moyens, les chaussures, le sac de trail, les gels alimentaires, le prix des inscriptions, tout cela revient très cher… » pour un sport qui se veut nature et ouvert à tous. « C’est devenu un sport de luxe !«
Pour cette année Laurent n’a pas été tiré au sort pour le Grand Raid (Diagonale des Fous). Il est à la recherche d’un partenaire qui serait susceptible de lui fournir une place pour pouvoir participer à l’édition 2024.
Jean Fauconnet