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L’été sera chaud !

LIBRE EXPRESSION

Les prochaines élections législatives, -on devrait dire plutôt législ-hâtives, vu la rapidité de leur organisation-, ressemblent de plus en plus à l’un des meilleurs westerns de l’histoire du cinéma : Le bon, la brute et le truand.

Première partie : de nombreux rôles secondaires, qui disparaissent plus ou moins tragiquement avant la dernière scène. Restent alors les trois vedettes du film : appelons-les Manu (the good), Marine (the bad) et John-Luke (the ugly). Une triangulaire serrée, une triade de type mafieux, un trio infernal. Un suspense insoutenable, l’issue d’une trilogie qui avait débuté sept ans plus tôt, et qui va se terminer par un duel impitoyable.

Pour ceux qui auraient oublié cette scène angoissante, soutenue par la célèbre musique d’Ennio Morricone, rappelons que les trois héros, Clint Estwood le bon, Lee Van Cleef la brute, et Elie Walach le truand, s’affrontent … au milieu d’un cimetière ; toute comparaison avec l’état de notre pays serait bien sûr malvenu. Donc, c’est le bon qui gagne à la fin, couillonnant son complice le truand dont il avait prudemment vidé le barillet du revolver. Mais le méchant Lee Van Cleef est mort, et Clint peut à nouveau repartir à l’aventure avec son naïf complice pour gagner des dollars.

Désolé, j’ai spolié la fin, mais il vous reste la consolation des deux séances made in France à venir, encore que le titre du remake devrait être modifié : Rebaptisons-le donc « le mauvais, la brute et le truand ».

Tactique risquée

Manu, conscient que tout le monde veut sa peau, et que même ses anciens complices le trahissent, renverse la table de poker, faute de pouvoir truquer les cartes plus longtemps. Il pense qu’il sera réélu shérif face à la brute, car il espère demeurer seul face à elle dans le combat final. Il se dit en effet que les gens, craignant la mauvaise réputation de la brute, se rangeront finalement de son côté.

Mais il avait oublié le truand, qui a regroupé dans l’urgence une horde d’anciens camarades pour faire face à la menace extrémiste de la brute. C’est embêtant pour Manu, car pour ses amis les banquiers, comme pour lui-même, il vaut mieux garder le holster à droite. Et alors il commence à s’inquiéter : supposons que John-Luke parvienne à dépasser Marine, et c’est la catastrophe pour les grands patrons.

La dépendance des médias

Donc, il ne suffit plus que les médias déjà très à droite, comme le Journal du Dimanche, Sud Radio ou C News continuent à taper sur la gauche, il faut que les organes d’information jusqu’ici relativement neutres prennent ouvertement parti, car les ennemis de nos ennemis sont nos amis.

On assiste alors à un retournement de situation incroyable : l’extrême droite devient présentable, et c’est la gauche qui est qualifiée d’extrême, d’antisémite et accusée d’encourager le terrorisme islamiste. On inverse les valeurs, mais en  douceur :  Marine et ses amis politiques n’ont-ils pas été les plus virulents contre les atteintes aux libertés, lors des mesures gouvernementales durant la crise du Covid ? Et ne défilaient-il pas en tête du mouvement des gilets jaunes ? Le parti xénophobe et rétrograde récupère les idéaux de liberté, tandis que la gauche est accusée de redevenir stalinienne. Ainsi a-t’on endormi le peuple en quelques années, tandis que la gauche laissait le RN récupérer la classe ouvrière, et la délinquance s’aggraver.

Confusion volontaire

Au second tour, nous aurons donc probablement ceux que la plupart des médias nomment à présent « extrêmes » un amalgame qui entretient la confusion,  mais qui risque d’énerver certains électeurs et de modifier le résultat final. En effet, les médias de droite sont tous devenus des Eric Ciotti en puissance. Ils se rangent du côté du parti qui est en tête des sondages. II est vrai qu’à chaque changement de politique, les animateurs de télé trop engagés sont les premiers à sauter. Comment peut-on croire crédible, par exemple, un « cynique » Hanouna, vaillant petit soldat de l’empire Bolloré ? France Inter fait de la résistance, mais très maladroitement, en exploitant parfois les pires erreurs de la gauche : un excès de wokisme, un côté un peu bobo écolo très sympathique mais qui peut finir par lasser les auditeurs.

Bref, De Gaulle aurait pu dire « c’est la chienlit ». Mais est-on bien sûr que ce cinéma politico-médiatique, avec un scénario basé sur la peur, n’a pas déjà eu lieu dans le passé ? Après tout, les français ont bien survécu à mai 68, puis à l’élection de Mitterrand. En tout cas, l’été sera chaud !

Alain Bled

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A propos de l'auteur

Alain Bled | Reporter citoyen

Homme de culture, homme de presse, homme de radio... et écrivain. Amoureux du récit et du commentaire, Alain Bled anime la rubrique « Livres à domicile ».