EDITO
Les dernières élections ont mis en évidence une réelle fragmentation de la société. Les différentes coalitions et partis politiques sont éparpillés façon puzzle dans une assemblée nationale pas tellement représentative.
Dans cette situation, deux réalités s’opposent. D’une part, l’aspect politique et, d’autre part, les attentes des citoyens.
Le jeu politique
Sitôt les résultats sortis des urnes dimanche dernier, le jeu politique a commencé. Aucun bloc n’ayant de majorité absolue ou même relative, chacun se place avec le but de gouverner, l’objectif d’un pouvoir (ministériel ou autre) ou encore le désir de laisser les autres aller au casse-pipe pour en tirer profit lors d’élections futures. Toute cette tambouille politicienne est bien éloignée des attentes de leurs électeurs.
C’est à se demander si certains n’ont pas la mémoire si courte qu’ils ont oublié le sens d’une élection. La mission de nos élus consiste d’abord à représenter leurs électeurs, pas à utiliser cette position d’élu pour viser une réussite personnelle. Les égaux existent et il faut faire avec. Certes. Mais avec un vote anti-Macron très fort, un Rassemblement National qui atteint un nombre de députés record, des difficultés quotidiennes concrètes pour un grand nombre de gens, n’est-ce pas l’intérêt général qui devrait primer ?
Depuis bien trop d’années, le peuple est brutalisé par des réformes antisociales passées en force. Les corps intermédiaires ne sont plus considérés et n’obtiennent rien ou très peu.
Si les (en)jeux politiques prennent le pas sur le besoin impérieux de remettre de la justice sociale, économique, environnementale, alors que se passera-t-il aux prochaines élections ?
Attentes des citoyens
Tout les instituts de sondages le disent, le pouvoir d’achat, l’écologie, les inégalités sociales et bien d’autres, sont des sujets qui touchent directement les citoyens. Les attentes sont multiples mais ont pour point commun le respect, ne plus être méprisé.
D’un point de vue global, la société est prête à faire des efforts pour des causes justes. La politique de l’offre menée depuis plusieurs années a démontré son inefficacité ou plutôt son efficacité à détruire notre modèle social au profit des grandes entreprises. Pour résumer ce système, il s’agit de réduire les niveaux d’imposition et de prélèvement de ces grandes entreprises, puis de faire des économies sur les services publics et de s’endetter pour compenser les recettes manquantes. Ensuite, on explique à la population qu’il y a trop de dettes et qu’il faut donc faire encore plus d’économies sur le dos du peuple… pendant que le CAC40 se porte à merveille et que les riches ne l’ont jamais été autant.
Dès lors, le résultat des dernières élections est une gifle portée à cette politique. Ne pas entendre ce message serait criminel de la part de nos représentants. Continuer dans cette voie sans issue porterait au pouvoir le populisme, seul vecteur d’expression de la colère, du ressentiment et de la peur.
Au soir de l’élection dimanche dernier, l’espoir d’une nouvelle orientation politique est apparu, déjouant les pronostics. Cela vous oblige, vous représentants élus, et votre responsabilité est grande.
Le président de la République porte une grande responsabilité dans la stabilité future du pays. À n’en pas douter, il est informé de la situation et connaît parfaitement les désirs de la population. Malgré ses défaites électorales aux européennes puis aux législatives, il essaye encore de conserver le pouvoir en faisant de sa minorité élue une majorité relative de coalition. Bref, surtout ne changeons rien et continuons comme avant.
Si une telle situation advient, il y a fort à parier qu’un mécontentement très fort s’exprimera par les voies disponibles. Un tel mépris ne resterait pas sans conséquences. Il est encore temps d’écouter les électeurs, d’écouter les citoyens et d’agir pour le bien commun. Le barrage contre l’extrême droite ne tiendra pas éternellement, nous le savons. La condition de son reflux est limpide : arrêter la politique menée depuis ces dix dernières années et proposer une politique socialement juste.
Les problèmes sont connus, les solutions aussi. Ne pas s’y atteler serait gâcher cette dernière chance donnée par les électeurs. Une dernière chance avant que le ras-le-bol général contre ces politiques ultra-libérales ne fasse sauter le couvercle et ce ne sera pas faute d’avoir été prévenu… rappelez-vous les gilets jaunes !
Jean Fauconnet
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Dernière chance
La chance de pouvoir agir dans l’intérêt général.