UNE SOIREE MEMORABLE AU BISIK
Vendredi 13 septembre, le Bisik proposait une soirée de bonheur à partager en compagnie de deux groupes incroyables qui revisitent les rythmes d’ici et d’ailleurs avec talent et virtuosité. Une symphonie d’inventions chromatiques en tons et en couleurs et toujours à trois temps… Une énergie tellurique qui a marqué les esprits et chaviré les cœurs et les corps…
Le vent souffle en ce vendredi 13 septembre, jour de chance indéniable, et le public est bel et bien présent au Bisik, prêt à se laisser emporter par une soirée riche en émotions. Près de 150 spectateurs se sont donnés rendez-vous pour l’occasion et le moins que l’on puisse dire c’est que le bonheur est grand.
Robe végétale et œuvres en coco tressé
C’est sous ce ciel tourmenté que Jad’, artiste polymorphe de La Réunion, fait son apparition sur scène en robe végétale créée pour l’occasion par Estelle Pattiama. Sur scène c’est Séverine Infante de Créa Til qui a installé ses œuvres en coco tressé. Des créations qui plongent le spectateur dans l’univers de l’artiste soucieuse du détail jusque dans les gilets en goni de ses musiciens…
Dès les premières notes, la magie opère. Jad’, connue pour sa présence scénique et sa voix incomparable, captive son audience avec une énergie débordante et un répertoire réinventé. Accompagnée de ses quatre talentueux musiciens — Olivier Cadet à la guitare, Anthony Hoarau à la batterie, Vincent Abrantès à la basse et Nicolas Poullet aux percussions — elle propose un voyage musical unique. Si elle ouvre ce bal kafiak par « Langazinèr » un titre écrit en langue imaginaire, Jad’ mélange créole, français, anglais, et explore des univers variés : du Maloya au Reggae, en passant par la Soul et la World Music.
Avec « Fanatik » c’est même une valse qui fait chalouper le public venu pour découvrir ce nouveau projet.
Un concert plein de beaux « Santiman » qui « Détak » la lang et les esprits en seggae aux accents mauriciens…
Nagaï en invitée
Sur « Koulérté » Jad’ invite Nagaï, artiste reggae bien connue qui vient de sortir en CD son album « Back To My Roots »… Un duo électrisant qui entraîne les spectateurs sur un « Nuaz » avant de céder aux rythmes enflammés d’un ska créolisé qui dit « Asé » !
Le public exulte, l’ambiance est à son comble et voilà bien longtemps que le public a oublié le front froid qui souffle à l’extérieur du Bisik…
Impossible de na pas céder aux supplications d’un rappel attendu qui attise encore le feu et l’énergie qui brûle au cœur de chacun… « bann’ ti y soutien bann’ gro ». Jad’ veut rendre hommage à Françoise Guimbert et affirmer jusqu’à la fin de cette prestation brûlante sa passion, son engagement et son militantisme pour la culture !
Le temps d’un changement de plateau rondement mené et la soirée reprend avec toujours le même enthousiasme et la même chaleur au fond du cœur.
Place aux Dhal Tones, quatre prodiges de la musique réunionnaise bien décidés à redistribuer les cartes de la création et bousculer nos certitudes dans des tonalités qui nous unissent et pas seulement en cuisine…
Sami Pageaux Waro (chant et kora) et Bino Waro (batterie) ; Gilles Lauret (chant, kayamb, triang, krakeb…), Damien Mandrin (basse) et Julien Grégoire (flûte et chœurs) impressionnent.
Fusion du maloya trad et de rythmes du monde
Avec audace, ces cinq garçons dans le vent fusionnent Maloya traditionnel et rythmes du monde. Ils redonnent vie à de grands classiques du patrimoine musical réunionnais et revisitent les titres de Sami qui est à l’origine de ce magnifique et ambitieux projet.
En ouverture de concert c’est « Vyin Kabar » de Tyeri Abmon (Pil 4) qui donne le ton et surprend d’entrée de jeu un public médusée et immédiatement séduit !
« Baylo » de Danyel Waro est baigné dans les rythmes d’un maloya qui joue sur les mots et prend des nuances rock ardentes. Toujours signés Danyel « In ti gine dolo » et « Bouzaron » (Album Bwarouz) i envoy « In ponyé dolo dann bouzaron po maloya »…
Le public, enivré par cette vague musicale, danse sans répit, emporté par les sonorités audacieuses de la kora, la basse, la batterie et la flûte.
Le public, sous le charme, chante, danse, tape des mains au rythme effréné des mélodies qui transportent.
Pour brouiller les pistes le groupe redonne vie aussi à « Momon ma ‘a pèr » reprise d’un titre de Sully Andoche sorti en 1985 sur la K7 « Zinzin, Santé Pou Marmay » produite par Ziskakan…
Des titres déconstruits et patiemment recomposés sur des rythmes orientaux ou sud-américains…
Impossible d’imaginer ne pas entendre Alain Péters dans cette symphonie créative virtuose. « Manzé po lo kèr » fait passer la poésie partout dans la salle et « Mwin té krwa pi » fé rêv’ anou néna lamour…
Les titres s’enchaînent et se déchaînent traversant les époques et les styles entre orient et occident, tradition et innovation : « Zoli » d’Urbain Philéas, « Allah Maloya » titre que Sami a enregistré il y a plusieurs années en compagnie de Mehdi Nassouri référnece de la musique Gnawa et maître du guembri.
« ln fanm » (texte de Jean Albany/Musique Sami) vient mettre en avant la ligne de ligne de basse très mélodique de Damien et nous entraîne vers un « Ailleurs » autre titre de Sami dont Kora s’invite aussi sur les routes du rock et qui transforme en véritable Stratocaster sur la voix de Gilles, le « Robert Plant » Réunionnais…
Le concert touche bientôt à sa fin et Émy Potonié s’invite sur le dernier titre qui nous amène au « 17 février » sur les traces du Rwa Kaf et des compositions oubliées du groupe Ladiktifé (Sami, Franswa Virassamy et Gautier Lajoinie) en version Salegy tonitruante.
Pas moyen de clôturer cette soirée incroyable, le public refuse de laisser partir nos cinq virtuoses qui se prêtent volontiers au jeu d’un rappel flamboyant sur « BAnm Kalou Bam » !
La soirée nous a réservé une belle surprise avec l’apparition d’Emy Potinier. Ensemble, ils revisitent la tradition réunionnaise sous une version moderne et audacieuse, infusée de la vitalité du kaniar.
Une soirée inoubliable, où tradition et modernité se sont rencontré pour offrir un spectacle d’une intensité rare.
Vous frémirez au son de la kora, du mariage osé basse/batterie et de la flûte. C’est une expérience unique à vivre lors de cette soirée. Une vague de renouveau où les grands classiques feront vibrer les murs du Bisik et vous inciteront à danser, à n’en pas douter.
Merci à tous d’être venus si nombreux pour partager à nouveau de belles émotions en notre compagnie, merci aux artistes engagés, inspirés et inspirants, artisans créateurs de pur bonheur, merci à tous nos partenaires sans qui, encore une fois, rien ne serait possible.
Hier soir, vous pouviez vous restaurer sur place grâce à nos partenaires culinaires Le Zantak et L’ilôt Saveur qu’on salue et remercie.
Merci à nos bénévoles, nos jeunes équipiers en mission services civiques et à toute l’équipe du Bisik et enfin merci très spécial à vous qui traversez ces lieux, vous qui partagez, qui donnez du sens à notre travail, vous qui partagez la convivialité du Bisik, votre bonne humeur, vos sourires, votre joie, votre curiosité, votre passion, à vous merci !
Rendez-vous vendredi 20 septembre, avec Jeahy et Mamiso Groove pour une grande « Fety Gasy » ! Entre Salegy et Musiques du Monde les deux artistes nous proposeront un spectacle haut en couleurs aux rythmes de la Grande Île. Une soirée qui promet à nouveau de beaux partages d’émotions à ne pas manquer !
Tout le programme est à consulter ici.
Pascal Saint-Pierre
Photos : Hugues Rodelin
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Jad’ et Les Dhal Tones au Bisik
Un soirée d’ambiance avec Jad’ et Les Dhal Tones.
