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[Tribunal administratif] Bientôt du requin à la cantine ?

L’ARRÊTÉ PRÉFECTORAL CONTESTÉ

Mercredi 9 octobre, le tribunal administratif étudiait la requête de l’association Elio Canestri qui demande l’abrogation d’un arrêté préfectoral d’interdiction de vente de requins tigres et bouledogues. Didier Derand était là pour soutenir la préfecture.

Didier Derand
Didier Derand est venu soutenir l’arrêté préfectoral contesté par l’association Elio Canestri. (Photo PhN)

« Manger ou être mangé ! » Pour l’association Elio Canestri, telle est la question. A ce titre, l’association fondée par Giovani Canestri après le décès de son fils Elio, victime d’une attaque de requin en 2015, conteste l’arrêté préfectoral qui interdit la vente de chair des requins tigres et bouledogue. 

Mercredi, le 9 octobre, l’affaire était étudiée par le juge du tribunal administratif. Une affaire rapidement menée puisque, ni le requérant  – l’association Elio Canestri – ni le défenseur – la préfecture – n’était présent ni représenté. Seul dans la salle, Didier Derand pour appuyer l’arrêté préfectoral au nom des association Vague, Sea Shephard et Taillevent. Et quatre journalistes tant, en son temps, celui de la crise requin, le sujet avait passionné. 

Si ces espèces, qui ne sont pas protégées, ne peuvent être vendues pour être consommées, c’est à cause de la ciguaterra. Il s’agit d’une algue aux propriétés neurotoxiques qui est consommée par les poissons alguivores et s’accumule dans la chair de leurs prédateurs, dont les requins. La consommation de la chair des poissons contaminés par cette toxine peut s’avérer mortelle. Du coup, un arrêté préfectoral en interdit la vente depuis 1999, renouvelé depuis, et l’association demande au tribunal d’abroger celui de 2009. L’association Elio Canestri estime, au vu des analyses réalisées sur les requins pêchés, que le risque est « infime ». 

Le rapporteur public a souligné le caractère quasi menacé et vulnérable des deux espèces incriminées dans les attaques. Ainsi que l’interdiction n’avait jamais causé aucun émois jusqu’aux séries d’attaques qui ont débuté en 2010. 

Pour autant, c’est le défaut d’intérêt à agir qui cèlera probablement le débat du jour. En effet, dans ses statuts, l’association Elio Canestri revendique d’ « améliorer la cohabitation de l’être humain avec la nature et le monde sauvage ». Une nouvelle version de ses statuts en élargirait l’objet. Mais l’association n’a jamais répondu au tribunal pour lui fournir le procès verbal de l’assemblée générale qui aurait modifié l’objet statutaire.

« Giovani Canestri estime sans doute que son fils a besoin d’une vengeance », remarque Didier Derand après l’audience. Le défenseur des requins lutte par ailleurs contre le programme de pêche préventive organisé par l’Etat. « Nous avons six autres procédures en cours », dit-il. Sans compter les chiffres du centre sécurité requin et du comité des pêches qu’on lui refuse. La réponse du tribunal est attendue avant un mois. 

Philippe Nanpon

Requins La Réunion 974

A propos de l'auteur

Philippe Nanpon | Journaliste

Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable.

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