Les gardien.e.s du chant des baleines

EPISODE 3 DE L’ODYSSÉE RÉUNIONNAISE

Les eaux réunionnaises abritent aujourd’hui 25 espèces de cétacés, dont les plus observées sont les dauphins et les baleines. Ce ballet majestueux offert par ces mammifères marins fait parler de lui, attire, émerveille. Pourtant, si ces animaux dotés d’une aura toute particulière offrent à chacune de leur apparition un spectacle mémorable, les menaces qui pèsent sur leur survie sont bien réelles. Pour ce troisième épisode de podcast, j’ai rencontré celles et ceux qui se battent pour protéger les cétacés.

Parmi eux, Jean-Marc Gancille de l’ONG réunionnaise Globice, Tristan Simille du collectif  » Free Paul Watson 974″, Johny Lebon, Agathe et Frédéric, mais aussi les bénévoles de Globice Vincent, Vanille, Emma, Claude, etc. m’ont embarquée dans leur engagement pour la protection des cétacés.

Nous sommes le 3 septembre 2024, sur la plage de sable noir de L’Etang-Salé. Ce jour là, plusieurs manifestantes et manifestants se sont rejoints suite à l’arrestation de Paul Watson, le président de l’association Sea Shepherd, survenue quelques semaines auparavant, le 21 juillet. Cette arrestation, a eu lieu au Groenland, alors que Paul Watson et son équipage, alors en escale, comptaient se rendre dans les eaux arctiques du Pacifique pour arrêter un navire baleinier japonais. Paul Watson aurait alors été arrêté pour avoir causé dommages et blessures à un navire baleinier en 2010, lors d’une campagne de l’ONG Sea Shepherd. 

En ce jour de septembre le collectif “Free Paul Watson 974” vient tout juste d’être créé en réponse à cette arrestation jugée injuste. Plusieurs des manifestant.e.s sur place m’ont donné leur avis et leur ressenti sur cette arrestation. Parmi eux, j’ai rencontré Tristan Simille qui a participé à créer le collectif. 

Globice, un acteur clé dans la gouvernance locale

Tout faire pour que l’on puisse encore entendre le chant des baleines dans les années à venir, c’est la raison d’être de l’ONG réunionnaise Globice. Jean-Marc Gancille est responsable communication et sensibilisation au sein de l’association. Depuis quelques années déja, il travaille à diffuser les connaissances produites et recensées par l’équipe scientifique de Globice.

A la fin de la période de mise bas et reproduction des baleines à bosse, au mois de septembre, j’ai rejoint l’équipe de Globice pour une sortie d’observation en mer. Ce jour là, comme bien d’autres durant la saison, l’équipe de bénévoles avait pour mission de comptabiliser les individus observés, grâce à la photo-identification des nageoire caudale. Cette nageoire, autrement dit la queue de la baleine, possède une pigmentation unique qui permet de les reconnaitre et de les distinguer les unes des autres. Les données recueillies permettent aux scientifiques d’étudier leur temps de résidence, leur niveau de fidélité à l’île d’une année à l’autre, et de mieux comprendre leur comportement migratoire. 

En direction du large, après quelques minutes de navigation, la première baleine fait son apparition. Parmi l’équipe de bénévoles, Claude est chargé de prendre les photos tandis qu’Emma et Vanille s’occupent de remplir les points météos et les relevés d’observation. Elles m’expliquent les informations qu’elles vont tenter d’obtenir. Une heure plus, tard, nous croisons la route d’un groupe de dauphins long bec. Ce jour la, nous avons eu la chance de croiser le chemin de 6 baleines à bosse et un groupe d’une trentaine de dauphins long bec. 

Des baleines moins chassées mais encore menacées

L’histoire de la défense des baleines n’est ni récente, ni le fruit d’un long fleuve tranquille m’explique Jean-Marc. Durant des années, et malheureusement encore aujourd’hui dans certains pays comme mentionné plus tôt, les baleines ont été chassées à des fins commerciales ou traditionnelles. Hormis la chasse, ce sont d’autres menaces, toutes  liées aux activités anthropiques, qui pèsent aujourd’hui sur la survie de ces animaux. 

On l’aura compris, les cétacés sont en danger. Pour autant, depuis des dizaines d’années, des femmes et des hommes se sont engagés pour les protéger. Grâce à eux, des petites victoires ont parsemé le chemin de la lutte pour la conservation des ces animaux emblématiques. Aujourd’hui, les acteurs associatifs tels que Globice jouent un rôle majeur à l’échelle locale mais pas que, grâce à leur expertise scientifique, mais aussi leur travail de sensibilisation. 

A Jean-Marc et aux autres personnes rencontrées lors de ce périple, j’ai voulu demander ce que nous pouvions faire à notre échelle, pour participer à protéger ces espèces en danger. Pour Jean-Marc, leur conservation passe par le fait de repenser notre lien global avec les animaux. Pour Frédéric et Agathe, présents à la manifestation, il est possible et nécessaire de s’engager en tant que citoyen pour porter un message et construire un contre-pouvoir à des politiques et décisions judiciaires qui, malheureusement, desservent la cause. 

Finalement, ces défenseuses et défenseurs des océans et des cétacés m’ont parlé de leur lien avec ce grand bleu qu’ils tentent à tout prix de préserver. Des souvenirs d’enfance pour certains, une dimension magique pour d’autres. Ce que j’ai vu, c’est l’étincelle dans leurs yeux en parlant des océans, de leur rôle sur notre planète, et de leur importance dans nos coeurs d’humains. 

A l’heure où je vous parle, en ce mois de novembre 2024, Paul Watson est toujours placé en détention provisoire dans une prison du Groenland. Cela fait plus de 100 jours qu’il a été arrêté, et le tribunal a refusé une fois de plus sa demande de mise en liberté. 

Pourtant, cette justice défaillante ne stoppera pas le combat. Le mouvement d’une prise de conscience est enclenché, tout comme l’action des défenseur.euse.s des cétacés, qui parfois et même souvent, nagent à contre courant pour faire valoir le droit des océans avec tout ce qu’ils contiennent, de survivre.

Cet épisode à été réalisé par Sarah Cortier

Chant des baleines à La Réunion

La protection des cétacés et donc du chant des baleines dans le département 974.

Les gardiennes et gardiens du chant des baleines

A propos de l'auteur

Sarah Cortier | Etudiante en journalisme

Issue d’une formation de sciences politiques appliquées à la transition écologique, Sarah souhaite désormais se former au métier de journaliste qui la fait rêver depuis toujours. Persuadée que le journalisme est un moyen de créer de nouveaux récits et d’apporter de nouveaux regards sur le monde pour le faire évoluer, Sarah souhaite participer à ce travail journalistique engagé aux côtés de Parallèle Sud.

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