ARGENT PUBLIC
Le conseil d’administration de Soliha, qui se tiendra ce jeudi 28 novembre, a de quoi inquiéter les 31 salariés. Il est question d’une possible liquidation et de difficultés à payer les salaires.
Année après année Soliha creuse son trou financier tout en augmentant ses dépenses de personnel. Le commissaire aux comptes de l’association ne peut que constater la dégradation continue de la trésorerie. Le 28 octobre, il a écrit au tribunal de commerce pour lui signaler que la situation d’alerte passait de la phase 1 à la phase 2. Et la chute se poursuit…
La grève record de 2022, observée par une partie du personnel pendant 7 mois, annonçait la suite : la reconnaissance par un audit d’un management contestable et parfois illicite et l’accumulation des déficits. Ce jeudi 28 novembre se tiendra un conseil d’administration présenté comme déterminant par la présidente Vivianne Ben Hamida, conseillère départementale de Saint-André, qui a été renouvelée à son poste le 6 novembre dernier.
Lors de ce précédent CA, dont Parallèle Sud a pu consulter le compte rendu, les échanges étaient particulièrement tendus. Les salaires de septembre ont déjà été versés avec une dizaine de jours de retard. Et la présidente n’a guère été rassurante pour la suite : « J’ai pris la décision de payer les salaires du mois d’octobre. Je ne prendrai plus la décision de payer pour le mois prochain »… Et d’annoncer trois options à l’ordre du jour : le plan de sauvegarde, le redressement judiciaire ou la liquidation.
« Tomates pourries »
Pour les salariés de l’association spécialisée dans la rénovation de l’habitat des familles modestes depuis 45 ans (d’abord sous le nom de Pact Réunion), c’est la douche froide. « Le salaire du mois de novembre n’est pas sûr d’être versé », lit-on encore dans le compte-rendu de CA.
Le trésorier, Cyrille Rickmounie a certes assuré : « On n’est pas en cessation de paiement ». L’expert comptable insistait : « Il est inconcevable qu’on dépense plus qu’on gagne par rapport à la charge salariale » en évoquant 700 000 € de pertes pour le seul mois d’octobre. Les critiques ont fusé contre les « tomates pourries » qui laissent les dossiers en souffrance et des responsables de la comptabilité qui auraient laissé faire.
Ces propos rappellent les raisons de la démission, l’an dernier, de la représentante de la Région au CA, Virginie Gobalou. Elle protestait ainsi contre le recrutement d’un nouveau cadre A alors que le secrétaire général Mickaël Sihou avait été maintenu à son poste malgré les critiques et une proposition avortée de rupture conventionnelle.
Le turn-over de l’encadrement n’est pas terminé. Le nouveau directeur opérationnel, recruté en mars, est sur le départ car les administrateur lui reprochent d’avoir caché une condamnation pour corruption passive lorsqu’il travaillait à la SHLMR. Et Soliha Réunion a déposé la semaine dernière deux offres d’emplois pour un responsable d’exploitation et un responsable administratif et financier.
4 500 € pour compenser la saisie sur le salaire du secrétaire général
Les chiffres confirment le malaise. Les déficits se succèdent depuis 2020. Lors de l’AG du 8 octobre dernier, l’année 2023 s’est avérée aussi catastrophique que le pire des exercices qui datait de 2020 (année du Covid) avec 1,250 M€ de pertes.
Les principales recettes, en provenance du Département, de la Région et de l’Etat (LBU), sont toutes à la baisse : – 87 k€ pour le Département, – 590 k€ pour l’Etat et – 38 k€ pour la Région. Alors que dans la même année, les charges de personnel ont augmenté de 300 k€. « Je vois beaucoup de détresse pour les personnes qui travaillent. Ça peut se terminer du jour au lendemain », a conclu la nouvelle 2e vice-présidente Louise Simbaye, conseillère départementale de l’Etang-Salé.
En plus de ces chiffres inquiétants, les salariés ont appris que trois cadres ont demandé le paiement anticipé de leur Compte épargne temps (CET) et ont obtenu satisfaction. Ce qui suscite quelques jalousies et interprétations. Anticipent-ils des difficultés financières imminentes ?
Parmi eux le secrétaire général Mickaël Sihou, par ailleurs conseiller régional et ex-président de Nexa, a justifié sa demande de déblocage de 4 500 € de CET en expliquant qu’il devait compenser une saisie sur son salaire par les impôts.
Sollicités, les trois membres du bureau, Viviane Ben Hamida, Cyrille Rickmounie et Louise Simbaye, n’ont pas répondu à nos questions.
Franck Cellier
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