1 / ZAMAL TOUT KOULÈR
Parallèle Sud se lance dans une série sur le zamal à La Réunion. De près ou de loin, tout le monde a une histoire en tête au sujet du cannabis. Nous sommes tous concernés. Notre objectif c’est d’en parler sans tabou et sans crainte. Ouvrir les yeux sur un phénomène de société qui traverse les siècles. Nous donnerons la parole, anonymement ou à visage découvert, à un maximum d’acteurs de cette histoire, ce drame, ce trafic, cette industrie, cette question de santé publique, cette culture, cette agriculture, cette identité, etc. La vie de beaucoup de gens est mêlée à cette plante. Il va de soi que les informations, images ou articles présentés dans ce dossier sont uniquement à but informatif et ne constituent en aucun cas une incitation à la consommation de cannabis. De même, nos interlocuteurs expriment leurs propres opinions qui peuvent être contredites.
Pour ce dossier « Zamal tout koulèr » à La Réunion, nous avons choisi de commencer par trois membres de groupe Natty Dread 974, Jean-Marc, Jean-Marie et Toutou. Cette plante fait partie intégrante de leur culture et de leur quotidien. Ancrés dans la tradition rastafari, ils partagent avec nous une vision personnelle et profonde du cannabis.
Y’a fumeur et fumeur
Un point important sur lequel les membres du groupe ont insisté, c’est l’usage du cannabis. L’usage de certaines personnes serait pour se mettre en scène, rebelle, gros joint à la bouche en centre-ville pour « faire le coq ». Pour Toutou, ces gens-là ne fument pas vraiment, « y’a un ti peu de skunk dedans et le reste c’est que du tabac ».
Selon Toutou, membre le plus engagé dans le mouvement rastafari, le cannabis représente une grosse partie de sa vie. Il fume depuis à peu près 30 ans. « Ma vie, c’est fumer. Si je fume pas, je pleure, parce que je suis dans la réalité […] À chaque instant, il y a un bébé qui meurt, un mec en train de couper une tête. Je suis tellement sensible que je pleure ». Même si la consommation de cannabis n’est pas obligatoire pour les rastas, c’est bien souvent le cas. Pour Toutou, « c’est un moyen de mettre des actions en place, de faire quelque chose ». Ce quelque chose, on comprend que c’est, entre autres, de la musique. Le reggae, et surtout celui de Natty Dread 974, porte des messages bien précis autour de la liberté, des luttes sociales, de la solidarité ou encore de la société.
« La légalisation ça ne changera rien »
Les trois musiciens sont favorables à la légalisation pour une seule raison : banaliser son usage pour les générations suivantes, et reconnaitre que c’est une substance non nocive.
« Dans la légalisation, tu n’auras pas le droit de planter dans tous les cas ». Derrière cette phrase, ils ont fait comprendre que même si le gouvernement légalise un jour le cannabis, la plante représentera une économie contrôlée et au profit de l’État. De plus, son usage restera contradictoire à certaines lois, comme le code de la route par exemple. L’usager ayant du cannabis dans le sang n’échappera pas à une suspension ou au retrait de son permis.
Pour en savoir plus sur ce dossier du zamal à La Réunion, ne manquez pas cette première vidéo au début de l’article. Nous abordons l’impact sur la santé, du rôle de cette plante dans le processus de création et bien d’autres encore.
Etienne Satre
Au-delà de la question du cannabis, Natty Dread 974 c’est aussi un vrai symbole de la culture locale.
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