Répétition au cabaret des Pat'Jaune.

« Le but c’était d’être ensemble » : Pat’Jaune raconte ses trente ans de carrière


Depuis près de 30 ans, le groupe de musique réunionnais Pat’Jaune s’est imposé dans le paysage musical de l’île. Fondé en 1987 par les frères Gonthier — Michel, Bernard et François —, le groupe a évolué au fil des décennies, tout en restant fidèle à ses racines culturelles. Nous sommes allés à leur rencontre pour discuter de leur parcours et de leurs perspectives d’avenir.

Des débuts sur les planches

Avant de devenir musiciens, les frères Gonthier étaient comédiens. Entre 1985 et 1992, ils parcouraient la Réunion en tant que dramaturges et clowns, se produisant principalement devant des enfants. « Tout ce qu’on a vécu au départ, les gens voyaient ça comme des galères », se souvient François. Pourtant, leur expérience de la scène et leur capacité à captiver un public ont posé les bases de leur futur projet musical.

Face au manque de moyens pour payer des musiciens, une idée germe : « Pourquoi ne pas apprendre nous-mêmes la musique ? » explique Michel. Autodidactes, ils se forment peu à peu et intègrent la musique à leur spectacle. Leur premier contrat dans un cabaret à Saint-Paul leur permet de jouer un répertoire de musiques traditionnelles et de développer leur propre style.

L’éclosion du style Pat’Jaune

En 1998, Pat’Jaune franchit une étape décisive en composant ses propres chansons. « On écrit bien des pièces de théâtre, alors pourquoi ne pas écrire nos propres morceaux ? » racontent-ils. Chaque membre apporte sa touche, et la musique devient un prolongement naturel de leur identité. Leurs concerts prennent la forme de spectacles vivants, où les interactions avec le public enrichissent chaque représentation.

Bernard Gonthier au Banjo.
Bernard Gonthier au Banjo.
Lors des répétitions, chaque détail est affiné pour la prochaine représentation.
Lors des répétitions, chaque détail est affiné pour la prochaine représentation.
Michel Gonthier accorde sa guitare en début de répétition.
Michel Gonthier accorde sa guitare en début de répétition.

Une histoire de frères et de racines

Derrière Pat’Jaune, il y a avant tout une fratrie. Michel, Bernard et François, trois des dix enfants de la famille Gonthier, ont grandi dans les Hauts de la Réunion. Cette enfance en pleine nature, faite d’aventures et de veillées où l’on se racontait des histoires au coin du feu, constitue l’essence même de leur musique. « On ne se rendait pas compte de la chance qu’on avait, on vivait le moment, c’est tout », confie François.

Le lien fraternel, s’il est une force, a aussi été un défi. « En grandissant, j’ai découvert mes frères sous un autre jour. Au début, c’était dur, mais c’est devenu notre force », explique Bernard. Cette unité familiale leur a permis de surmonter les difficultés et de rester fidèles à leur vision artistique.

L’arrivée de Loïc et l’évolution du groupe

En 2023, Pat’Jaune accueille officiellement un nouveau membre : Loïc Payet Dijoux. Originaire des Hauts, il connaissait le groupe depuis longtemps et avait même proposé ses services à François il y a vingt ans. Lorsqu’une absence temporaire de Michel s’est présentée, Loïc a été appelé en renfort avant de s’imposer naturellement dans la formation. « Claudine disait souvent que Loïc a une vieille âme. Il a tout de suite compris notre univers », affirme Michel.

Son intégration intervient après le décès de Claudine Tarby, musicienne et voix emblématique du groupe. Une perte immense, mais atténuée par la solidarité et l’amour du public.

Loïc Dijoux, dernier arrivant, à la guitare.
Loïc Dijoux, dernier arrivant, à la guitare.
Le groupe Pat' Jaune ouvre la Fet Kaf à Petite Ile le 20 décembre 2024.
Le groupe Pat’ Jaune ouvre la Fet Kaf à Petite Ile le 20 décembre 2024.
François Gonthier à la guitare.
François Gonthier à la guitare.

Un lien indéfectible avec le public

Pat’Jaune n’est pas qu’un groupe de musique : c’est une communauté. Dès le départ, ils ont voulu briser la barrière entre artistes et spectateurs. Cette proximité vient de leur jeunesse, où les veillées remplaçaient la télévision et où les histoires se transmettaient oralement.

Cet esprit familial les a même menés jusqu’au Canada. Une mère de famille, touchée par leur album, les a contactés pour leur proposer une tournée. Ils ont accepté et elle s’est occupée de tout. Un souvenir marquant pour un groupe qui met l’humain au centre de son art.

Et demain ?

Avec Bernard sur le point de prendre sa retraite et Michel qui atteindra bientôt les 60 ans, l’avenir du groupe fait partie des discussions. Mais s’arrêter ? L’idée ne semble pas à l’ordre du jour. L’arrivée de Loïc insuffle une nouvelle énergie à Pat’Jaune, et leur plaisir à se produire reste intact.

Olivier Ceccaldi

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