Le président de la République, Emmanuel Macron, accompagné de sa femme et des quelques invités, s’est rendu dans la matinée du 22 avril à la colonne de la Victoire, un monument aux morts en centre-ville de Saint-Denis, pour y déposer des fleurs. C’était la première halte de la journée. Un dispositif de sécurité jamais vu a été déployé, laissant perplexe les commerces, habitants et piétons.
Sur le barachois un peu avant 9h, ce mardi 22 avril, seuls les automobilistes qui viennent de l’Est peuvent circuler. De l’autre côté, un barrage policier s’est mis en place pour stopper les voitures qui viennent du Nord vers 8h45. Un bouchon démesuré s’est formé, car Sieur Macron doit arriver « d’une minute à l’autre ».
L’embouteillage causé par ce barrage s’est finalement étendu jusqu’au Port, puisque le président avait un quart d’heure de retard. Trente minutes à l’arrêt complet qui en a agacé plus d’un « Ah donc c’est pour Macron qu’on n’a pas le droit d’aller travailler ? Ça fait une heure qu’on est dans les bouchons sur Saint-Denis, mais moi mes clients, ils font comment en fait ? J’ai des gens qui attendent au carrefour, je suis dans la restauration, on fait comment ? Une fois qu’il y a le président qui arrive à La Réunion, ça y est, on oublie les Réunionnais, on est mis de côté, c’est « débrouillez-vous » parce que faut que le président passe ? On aimerait tous aller travailler pour gagner notre argent, pour donner de l’argent à l’État, mais on nous met encore des bâtons dans les roues. Moi, si j’arrive en retard, on va m’enlever de l’argent sur mon salaire. Merci le Président ! Je pense qu’il faudrait revoir l’organisation à l’avenir. »
En centre-ville, c’est un carré de 500 m sur 300 m qui a été fermé à tout le monde, excepté les conviés à la cérémonie. Même certains commerçants n’ont pas pu aller dans leur boutique. Ils ont été contraints d’attendre dans la rue trois heures, au même barrage, au soleil pour certains. Pour des petits magasins, une matinée de fermeture se fait ressentir dans le chiffre d’affaires à la fin du mois.
« On est venu travailler, pour certains de loin, pour au final attendre dans la rue. On savait que ça allait être compliqué ce matin, mais pas à ce point. On en a marre là. » explique une commerçante du centre-ville. Un peu plus loin, dans une zone ouverte à la circulation, un marchand déplore « Même si on peut être ouvert, en fait y’a personne, les gens sont pas venus aujourd’hui. Ça nous plombe une matinée de recette. Il est presque 10h et j’ai eu zéro client. Je me contiens depuis tout à l’heure là, mais ça me met hors de moi. ».
Concernant les forces de l’ordre, c’est un nombre incalculable de policiers et de gendarmes qui ont été déployés. Aussi bien dans le chef-lieu le matin qu’à Saint-Benoît l’après-midi, les gendarmes étaient partout. Voitures, fourgon, moto-cross et même scooter, tout était déployé pour « sécuriser » l’espace public. Sur le trajet de Saint-Denis à Saint-Benoît, à chaque pont qui passe au-dessus de la 4-voies, une patrouille qui surveillait la voie rapide. Du jamais vu. Aucun membre des forces de l’ordre n’a souhaité nous communiquer l’effectif même approximatif de personnels mobilisés.
Personne ne s’attendait à une démesure pareille. Certes, un communiqué a été publié par la préfecture, mais tout le monde tombe des nues.
Mickaël Horeau du syndicat Unsa police explique : « Ce matin, nous avons mis un dispositif pour un dépôt de gerbe sur la place de la victoire, rue de Paris. Effectivement, il fallait quadriller ce secteur pour pouvoir faire cette cérémonie dans le calme et la sérénité. Pour les personnes qui travaillaient à proximité de la cérémonie, il y avait un dispositif spécial, une sorte de laisser-passer avec une pièce d’identité et un document de travail. Pour les citoyens qui avaient un rendez-vous, M. le préfet avait fait un communiqué de presse et il fallait qu’ils reportent leur rendez-vous. On peut comprendre que ce soit gênant pour eux aujourd’hui mais on a un dispositif à mettre en place pour le président de la République, donc il faut prendre son mal en patience et attendre la fin de la cérémonie ». Peu après cet échange, une commerçante affirmait elle ne pas avoir eu l’autorisation de se rendre sur son lieu de travail.
Etienne Satre
⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.