La scène du Bisik, à Saint-Benoît, accueillait vendredi la jeune prodige mauricienne Lisa Ducasse pour un moment de grâce et de douceur.
Lisa Ducasse, sur scène, c’est une expérience unique pour le spectateur. Avec une économie de moyens hors norme, la jeune femme, fluette et forte à la fois, à la voix douce, légère et convaincante, seule sur scène, capte son auditoire et délivre une quantité d’émotion inversement proportionnelle aux moyens déployés. « Less is more », dit le proverbe anglais. « Ça fout les poils », nous avait promis Pascal Saint-Pierre, le directeur du Bisik, avant le concert. Avec une douceur convaincante, Lisa Ducasse emporte tout sur son passage. De quoi convaincre jusqu’au plus obtus des rockeurs ou radical des teuffeurs électro. Avec une mention spéciale pour la reprise du morceau de Jacques Brel La Chanson des vieux amants traduite en créole mauricien par son père le poète Michel Ducasse.
Nous regretterons cependant l’absence de musiciens sur scène et l’usage d’une bande-son. Même son petit clavier et Appoline le tourne-disques ont disparu au profit de deux boîtes à lettres qui tissent un fil rouge théâtral au spectacle. Nous l’avons rencontrée quelques heures avant qu’elle ne monte sur la scène du Bisik, vendredi 18 avril, à Saint-Benoît.
Lisa Ducasse, comment êtes-vous venue à la chanson ?
Ça fait très très longtemps que j’écris. De la poésie d’abord, et puis du spoken word… Je suis arrivée à Paris à 18 ans et j’ai rapidement participé à des scènes ouvertes. Je suis une grande fan de chanson française, Barbara, Brel, Alain Souchon. Je me suis mise à écrire des chansons pour d’autres et je me suis rendue compte que j’aimais les chanter. J’ai eu la chance de faire la première partie du concert de Zazie à l’Olympia en 2019, ça m’a donné envie de continuer.
Vous avez fait ensuite les premières parties de tout ce que la chanson française fait de mieux. Racontez-nous.
J’ai accompagné Arthur H en tournée, ça a été très formateur. J’ai vu ses musiciens se préparer, les ai entendus discuter, c’était des gens très très pointus, j’ai beaucoup appris. Et puis Pomme, Bertrand Bellin… et même Alain Souchon une fois, une très grande émotion. J’ai appris avec ces expériences que l’on peut en faisant de la chanson calme capter des grandes scènes quelles que soient les conditions ; avec Pomme, c’était 2 000 personnes debout qui ne dansaient pas, eh bien ce n’est pas un problème.
Ce public de premières parties qui n’est pas venu pour vous, impatient de voir et entendre son artiste, il n’est pas trop pressé de vous voir finir, il vous accueille bien ?
Le public de tous ces artistes est un public bienveillant, je n’ai jamais eu le moindre problème de ce genre. Avec Pomme notamment, le public savait que c’était elle qui m’avait choisie pour faire la première partie. Du coup j’étais attendues comme une recommandation de Pomme, le public était à l’écoute. Ils sont même revenus me voir par la suite.
Il faut ensuite attirer le public sous son nom, la transition n’est-elle pas trop difficile ?
C’est un peu compliqué en effet mais il y a beaucoup de dispositifs d’accompagnement qui permettent ça. L’industrie musicale, aujourd’hui, permet l’immédiateté ; tout est fait pour que l’on ait une visibilité immédiate.
Vous présentez ce soir votre album. Que va-t-on voir sur scène ?
L’album est sorti fin janvier, je l’ai créé à la Maison de la poésie à Paris et le présente jusqu’en mai. Ce spectacle est raconté sous la forme d’un conte. J’utilise l’iléisme, le titre de l’album, qui consiste à parler de soi à la troisième personne. Comme toute pratique de création, tout dépend de vers quoi on regarde, et comment on choisit de le raconter. Je reviens à La Réunion pour le Iomma, le 5 juin.
Propos recueillis
par Philippe Nanpon
⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.