eau potable

Faut-il se méfier des vieux tuyaux PVC qui alimentent nos robinets ?

Bien que l’Agence de santé (ARS) n’ait jamais relevé à ce jour du chlorure de vinyle monomère (CVM) cancérogène à la sortie des robinets d’eau potable, elle signale que des canalisations PVC pouvant libérer ce poison sont présentes à La Réunion. Et que leur repérage est en cours… Pas totalement rassurant !

Qui aurait cru que boire un verre d’eau du robinet accroîtrait les risques d’avoir un cancer ? Ce n’est pas une mauvaise blague, mais un fait qui mérite qu’on s’y attarde.

Substance cancérogène, le CVM (chlorure de vinyle monomère) est présent dans le PVC. Sur l’île, faute de données disponibles il n’est pas possible d’estimer combien de kilomètres de canalisations sont concernés. Utilisé dans les années 1970 pour les canalisations d’eau, le polychlorure de vinyle (plus communément appelé PVC) libère une substance lorsqu’il se dégrade : le CVM. Reconnue comme substance cancérogène pour l’homme en 1987 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), le CVM provoque deux formes de cancer du foie. L’angiosarcome hépatique, une forme extrêmement rare, et le carcinome hépatocellulaire, la forme la plus commune de cancer du foie.

robinet
Les contrôles de l’ARS n’ont pas mis en évidence la présence de chlorure de vinyle monomère cancérogène dans les eaux distribuées à La Réunion.

La première forme de cancer ne concerne « que » 10 personnes par an en France. 10 de trop, bien entendu. D’après le docteur Bourgeon, néphrologue, cette forme de cancer est nécessairement provoquée par la consommation de CVM.

Malgré sa reconnaissance comme substance cancérogène pour l’homme, ce n’est qu’en 1998 que l’Union Européenne impose à ses États membres d’inclure dans leur droit national le seuil limite au CVM à 0,5 microgramme par litre. En mauvais élève, la France ne l’intègre qu’en 2003.

Avec plus de 140 000 kilomètres de tuyaux concernés, selon le ministère de la Santé, ce ne sont pas moins de 300 communes qui distribuent une eau non potable, d’après nos confrères du Monde. Qu’en est-il de La Réunion ?

L’ARS pas rassurante


Sollicitée par Parallèle Sud, l’Agence Régionale de Santé (ARS), assure qu’elle réalise une surveillance de la qualité des eaux mises en distribution au robinet, dont le chlorure de vinyle monomère et que, « à ce jour, ce contrôle n’a pas mis en évidence la présence de ce composé dans les eaux distribuées. »

Cependant, l’ARS confirme la présence de tubes PVC installés avant 1980. « Néanmoins, à La Réunion, il existe quelques tronçons de réseaux d’adduction d’eau destinée à la consommation humaine constitués en matière PVC posés avant 1980 et, de ce fait, concernés par un risque de migration de chlorure de vinyle monomère des réseaux vers les eaux mises en distribution ».

Toujours d’après l’ARS, « les intercommunalités, compétentes en matière d’eau potable, ont mené des actions de repérage des canalisations concernées par ce risque et ces données doivent être consolidées dans le cadre des schémas directeurs eau potable actuellement en cours de révisions ».

En répondant de la sorte, l’ARS n’est pas rassurante en affirmant que des tuyaux PVC sont bien présents dans les canalisations d’eau potable de La Réunion. Reste à savoir combien de kilomètres sont concernés et quel est l’état de dégradation des tuyaux.

Loïc Vidon

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