Philippe Naillet, député de la 1ére circonscription à Saint-Denis.

Philippe Naillet : « il ne faut pas que la gauche soit la plus bête du monde »

Le socialiste Philippe Naillet inaugure une série d’entretiens politiques réservés aux « candidates, candidats ». C’est le nom de cette rubrique qui se penche sur les motivations profondes de celles et ceux qui briguent les suffrages des électeurs. 

Pendant plus d’une heure, le député de la 1ère circonscription a commenté l’actualité locale et nationale. Il brise ici sa réputation d’élu discret comme en témoignent ses déclarations musclées sur les  différents thèmes abordés…

Sur le Parti socialiste :

« J’ai toujours soutenu Olivier Faure parce qu’il a remis le Parti socialiste dans son couloir de gauche, le couloir qu’il n’aurait jamais dû quitter. »

« Quand le Parti socialiste est sanctionné, il n’est jamais sanctionné parce qu’il a été trop à gauche. Il est à chaque fois sanctionné parce qu’il a été insuffisamment à gauche. »

« Les électeurs de gauche nous disent : ‘On sait que vous êtes pas LFI, mais débrouillez-vous, trouvez les voies du rassemblement.’ »

Sur la déconnexion avec les classes populaires 

« Notre incapacité à nous, la gauche aussi, de parler des problèmes d’insécurité, de ne plus être en mesure de parler aux classes populaires, aux classes moyennes… »

« Nous avons été jusqu’à maintenant incapables de porter des réponses concrètes aux attentes des Réunionnais, aux attentes de ceux qui souffrent. »

« Il faut que la gauche, elle soit pas la gauche la plus bête du monde, il faut qu’elle soit la gauche la plus intelligente du monde. »

Philippe Naillet, député de la 1ére circonscription à Saint-Denis.
« Depuis que Macron est au pouvoir, les ultramarins considèrent qu’ils sont moins considérés. »

Sur le mandat présidentiel de François Hollande :

« Ce qui a été terrible, qui nous a fait terriblement mal, c’est quand le président de la République dit : ‘On pourrait aller vers la déchéance de nationalité.’ »

« Le seul moment que je retiens dans ce quinquennat, c’est la nomination d’Ericka Bareigts comme ministre des Outre-mer et la loi sur l’égalité réelle. Parce que oui, à côté de cela, malheureusement, il y a eu des choses qui ne correspondaient pas à ce qu’on attendait. »

« Ça a été un traumatisme le fait d’avoir un président de la République socialiste en fonction qui ne puisse pas se représenter. »

Sur Emmanuel Macron et sa politique

« Depuis que Macron est au pouvoir, les ultramarins considèrent qu’ils sont moins considérés. »

« Pour la Macronie, les Outre-mer, ça ne compte pas. »

Sur sa visite à La Réunion

« Ça a été un voyage pour rien. »

« Il n’a pas dit un seul mot sur le logement. Pas un mot sur la vie chère. Rien. Nada. »

« Le président de la République vient à La Réunion, il n’y vient pas tous les trois matins. Même pas un message pour dire aux Réunionnais : « Oui, vous avez subi Garance. » Rien. »

Philippe Naillet, député de la 1ére circonscription à Saint-Denis.
« Les choix fiscaux de Macron depuis son élection ont privé l’État de 60 milliards d’euros. »

Sur sa politique économique et fiscale 

« Quand le président de la République décide de favoriser les très très riches et qu’on baisse les aides au logement, les gens vont vers le Rassemblement national. Ils vous sanctionnent. »

« Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Cour des comptes : les choix fiscaux de Macron depuis son élection ont privé l’État de 60 milliards d’euros. »

Sur la corruption et la justice

« Les fautes ne sont pas pardonnables. […] La justice elle doit toujours passer. Elle doit passer, elle doit passer pour le citoyen lambda, elle doit aussi passer pour nous le politique. »

Sur la gestion de la Sodiac

« Lorsque vous êtes président, ça a été mon cas, vous avez toujours une part de responsabilité. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne sont pas responsables. »

Sur la montée du Rassemblement national

« Le Rassemblement national, c’est un parti attrape-tout, mais c’est un parti dont le logiciel, si je puis dire, reste raciste et colonialiste. »

« Le rassemblement national n’a aucune réponse. […] On le fera reculer à deux conditions : s’attaquer aux problèmes concrets des Réunionnais et rassembler la gauche. »

Sur le vote de la motion de censure contre Bayrou

« Je me dis « Est-ce que ce que tu vas faire là, le vote que tu vas faire, est-ce que les paroles que tu vas dire sont en cohérence avec ce que tu as raconté pendant la campagne ? » C’est ça ma règle. »

Sur la fracture sociale à La Réunion

« Il y a ici à La Réunion un décalage qui est de plus en plus important entre ceux qui avancent et ceux qui sont bloqués. »

Sur les restes humains d’esclaves réunionnais

« Ces restes humains n’ont pas leur place dans l’Hexagone. Ils doivent être ici chez nous à La Réunion. »

Sur l’insécurité

« C’est pas immigration égale insécurité, c’est pas Mahorais égale insécurité. »

« Ces phénomènes de bande, il faut être implacable. Il faut pas accepter ces formes de violence dans nos quartiers. »

« Pour ceux qui subissent les violences, vous aurez beaucoup de mal à leur expliquer que ça existait déjà en 1990. »

Philippe Naillet, député de la 1ére circonscription à Saint-Denis.
« Les Mahorais sont des Français comme nous. »

Sur les Mahorais

« Les Mahorais sont des Français comme nous. »

« Nous devrions être davantage solidaires des Mahorais pour faire en sorte que nous portions la voix des Mahorais pour faire enfin, enfin, de Mayotte un véritable département français. »

« Si vous faites la convergence sociale, si vous faites les écoles à Mayotte, les Mahorais, ils veulent d’abord vivre à Mayotte. »

Sur la vie chère

« Ce que les Réunionnais attendent de nous, c’est qu’on s’attaque aux coûts structurels de la vie chère. »

« Supprimer l’octroi de mer, vous croyez que Carrefour ou les autres vont baisser leurs prix ? »

« Le Rassemblement national, sa réponse c’est : on va supprimer l’octroi de mer. Mais ils n’ont aucune réponse concrète. »

Sur le réchauffement climatique :

« Je dis qu’on n’a pas d’autre choix que de terminer la nouvelle route du littoral. Mais il faut véritablement passer à un mode alternatif de déplacement collectif. »

« Il faut éviter la bétonisation, il faut limiter la bétonisation. »

« Si on n’a pas encore compris que ce qui s’est passé au moment de Garance est dû en grande partie à l’artificialisation des sols…. C’est la bétonisation qui a eu comme conséquence ce qu’on a vu, les logements inondés, les équipements inondés, les voitures emportées… »

Entretien : Franck Cellier

Prise de vue : Etienne Satre

A propos de l'auteur

Franck Cellier

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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