Ce 26 mai, au collège Célimène-Gaudieux, à Saint-Paul, avait lieu la présentation d’un magazine bien particulier, « Le P’tit Fanzine ». Un premier numéro sur les violences sexuelles réalisé par des adolescents allant de 12 à 16 ans .
Ce n’est pas le sujet auquel on s’attend quand on apprend qu’une bande d’adolescents sort un magazine, « Le P’tit Fanzine ». Mais qui de mieux qu’un groupe de jeunes pour parler des violences sexuelles faites aux jeunes ?
« Le P’tit Fanzine » n’est pas sorti de nulle part. Il part d’une association, « Mon p’tit loup ». Fondée en 2023, elle utilise l’art, sous toutes ses formes, pour dénoncer et lutter contre les violences faites aux enfants. Elle part également d’une blessure, d’un vécu, d’une expérience personnelle que beaucoup de jeunes enfants connaissent. Un vécu terrible, celui d’un jeune garçon abusé durant son enfance. Cette histoire, c’est celle de Nicolas Puluhen, président de l’association.
De cette association, plusieurs actions sont mises en œuvre pour accompagner et inciter les jeunes enfants à ne pas garder ce fardeau pour eux : des ateliers d’écriture, des consultations psychologiques gratuites, de la prévention en milieu scolaire ou encore des créations artistiques engagées.
Sérieux et appliqué
Ce magazine, sérieux et minutieux propose 40 pages d’informations, de chiffres, de témoignages poignants ou encore de conseils pour les parents et les jeunes. Mais aussi des dessins, des jeux afin de rappeler que ce sont des jeunes qui l’ont écrit, pour des jeunes.
On y apprend que trois enfants par classe sont victimes de violences sexuelles, soit 160 000 victimes mineures chaque année. Ou encore, 50 % des victimes font une tentative de suicide. Ces chiffres glaçants permettent de se faire une idée de la réalité.
Dans le « P’tit Fanzine », il est possible de trouver une interview de Jace, le père des Gouzous. Touché par la cause revendiquée par ce groupe d’adolescents, il a mis à disposition quelques-unes de ses créations dans l’ouvrage et aussi en une.
« Le P’tit Fanzine », c’est aussi la parole donnée à des personnalités comme Arnaud Gallais, auteur d’un livre retraçant son histoire et fervent militant de la lutte contre les violences faites aux enfants. Une artiste aussi, Anne O’aro, chanteuse réunionnaise, présente lors de la présentation du magazine, livrant un témoignage rempli d’émotion lorsque le micro est arrivé entre ses mains.
D’autres récits, informations, sont à découvrir dans ce magazine qui est gratuit pour les scolaires et qui sera au prix de 10 € pour tous ceux qui souhaitent se le procurer.
« Faire entendre ma voix »
Elise, Ulysse, Prune, Margot, Camille et deux de leurs camarades ont entre 12 et 16 ans et sont les véritables stars du « P’tit Fanzine ». « Nous avons mis les moyens à disposition, mais ce sont eux qui ont fait tout le travail », déclare Nicolas Puhulen, président de l’association « Mon P’tit loup ».
« On connait tous une ou plusieurs victimes et pour moi c’est un devoir de faire entendre ma voix, de faire quelque chose pour toutes ces personnes qui souffrent en silence », déclare Prune, 16 ans et secrétaire de l’association « Mon P’tit Loup ». La lycéenne a également pris le micro pour chanter deux chansons. Une écrite par ses soins, et la seconde par Oldelaf. Durant sa prestation, Prune a conquis la salle. Tant par sa voix que par les paroles et les messages derrière ces chansons. Deux chansons qui sont à retrouver dans la « compil’ Mon Ptit Loup », regroupant 17 titres d’artistes différents acquis à la cause de l’association.
Sa camarade Margot a, quant à elle, été particulièrement touchée par l’histoire d’un jeune garçon abusé de ses 8 à 11 ans dans un monastère par des prêtres. « Nous avons passé deux heures au téléphone avec cette personne, son récit est juste horrible. C’est hyper touchant, car maintenant il est reconnu comme une personne en situation de handicap, tant ce qu’il a vécu est horrible. Avec l’aide qu’il a reçue, il porte un message d’espoir et c’est touchant car on voit que c’est un survivant qui lutte pour s’en sortir et qui lutte aussi pour les autres victimes », livre l’adolescente.
Prune et Margot à l’Assemblée nationale
Les deux lycéennes auront le privilège d’être à l’Assemblée nationale et au ministère de la Santé. Elles font partie de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE). Une branche du ministère de la Santé créée par le gouvernement.
L’an passé, le gouvernement a fait un appel à candidature pour créer un groupe miroir composé de 15 jeunes de toute la France. Ce groupe se réunit tous les mois en visioconférence pour émettre des préconisations pour lutter contre l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
Prune et Margot s’envoleront en juillet pour Paris afin de rendre leurs préconisations auprès des parlementaires et de la ministre de la Santé, Catherine Vautrin. Car, comme elles le disent si bien : « qui de mieux que les jeunes pour parler à d’autres jeunes ? »
Texte : Loïc Vidon
Photos : Olivier Ceccaldi
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