Futur Crew a vu le jour au tout début des années 2000, fondé par Konix, Roko et DKapit J. Pionniers du rap réunionnais, ils se sont rapidement fait remarquer pour leurs paroles souvent jugées vulgaires et leurs clashs fréquents. Leur style était brut, voire provocateur, mais portait un message de fond engagé et dénonciateur. Notre interview revient sur leurs débuts, sur les polémiques qu’ils ont traversées et sur l’engouement autour du groupe, mais également sur leurs actualités artistiques, entre musique et peinture.
La rencontre entre les membre de Futur Crew se fait à l’école d’art au Port, aujourd’hui appelée ILOI. « À un certain moment, on bossait au studio Pipangai, sur des dessins animés, et on a tout arrêté pour vivre notre vie d’artistes», nous raconte Konix. L’origine du nom « Futur Crew » vient du milieu informatique. C’était un groupe de codeurs et d’artistes finlandais. « Je me suis dit voilà, c’est bien, ce qu’on veut faire à La Réunion, emmener les gens dans le futur. Ça collait bien.»
Les débuts dans le rap se sont faits assez naturellement, avec une envie commune de poser sur une instru. Konix, qui faisait déjà des instrus, en a emmené une et a initié Roko et DKpit J au rap et à ses codes. « On a commencé à écrire des textes, c’était vraiment naturel, on n’a rien calculé. J’étais déjà dans la musique, je connaissais un peu la mathématique du rap donc j’ai expliqué ça aux gars», explique Konix. « On enregistrait avec Jay, il avait un studio. Pour les inspirations, ça venait de la rue, de ce qu’on connaissait », nous dit Roko.
Vous avez écrit des textes qualifiés de « hardcore » et ça a fait du bruit. Comment vous avez géré tout ça ?
« Moi non, parce que j’avais pas de vie personnelle, tu vois. J’avais juste mes parents et moi, tout me faisait marrer. Mais au final, tu vois, rien que pour les scènes, on aurait pu gagner beaucoup plus d’argent. C’est pour ça, je pense que notre musique, et même notre nom jusqu’à aujourd’hui, ça marque encore. Même pour les jeunes qui n’étaient pas nés à l’époque. Ils écoutent notre son parce que, justement, c’était authentique. On faisait pas ça pour avoir une carrière. C’était juste, voilà, artistique, on se faisait plaisir en fait, ouais. Et je pense que, bah, le troisième camarade là (DKpit J), lui, ça l’a beaucoup plus touché que nous, tu vois, et il est parti. »
Pendant cette période, vous avez aussi clashé beaucoup de monde, Brigitte Bardot, Gilbert Aubry, pourquoi ?
« Nous on s’est fait beaucoup sur l’actualité, sur le moment. Et en fin de compte, on captait dès qu’il y avait un truc qui allait pas on le mettait en lumière. Que ce soit Brigitte Bardot comme on disait, elle est en France là-bas, elle vient à la Réunion tu vois, elle commence à imposer les trucs. Ben nous, on a notre culture. Après, les vrais pour les chiens, c’est autre chose. La violence animale, tu vois, c’est pas une bonne chose. Personne ne cautionne ça, tu vois ? Mais bientôt, ben on va nous empêcher d’aller chasse guêpe, euh aller pose vouve, et c’est ce qui se passe en fin de compte. C’est ce qui se passe en fait ».
Depuis quelques années, même depuis le début, Roko et Konix sont passionnés de peinture et de graffs. Récemment, ils ont peint pour des expositions à La Réunion, mais aussi à l’étranger. C’est pour eux un autre moyen de s’exprimer, bien plus zen et tranquille que la musique et le rap. À l’avenir, les deux artistes souhaitent conserver un équilibre entre musique et peinture et varier selon leurs envies.
Clashs, succès, séparation du groupe, l’interview intégrale est à retrouver sur notre chaine Youtube.
Etienne Satre
⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.