Brigade canine du Chaudron, une unité unique à La Réunion

Pendant une nuit, Parallèle Sud a suivi deux policiers de l’unité canine du commissariat du Chaudron à Saint-Denis pendant leur entraînement et leur patrouille. L’unité canine du commissariat du Chaudron compte treize policiers et sept chiens. Cette brigade, créée en 2019, est la seule à La Réunion dans la police nationale. Un chien est dédié à la recherche de stupéfiants et de billets de banque et les six autres sont des chiens de défense et d’intervention utilisés en patrouille.

Le reportage vidéo est disponible sur notre chaîne YouTube

C’est vers 18h que le travail commence pour ces policiers de nuit. La prise de poste ici commence par un tour dans les boxs pour aller voir les chiens et s’assurer que tout va bien. Nettoyer, donner à manger et à boire, puis rentrer les chiens dans les cages aménagées dans les voitures pour partir en patrouille.

Quand ils ont du temps libre, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas appelés en renfort d’urgence sur le terrain par la police secours ou la BAC, les policiers de la brigade canine peuvent retourner au chenil pour entretenir les boxs et entraîner les chiens.

La brigade de nuit fonctionne en duo , chaque policier emmène son chien dans le véhicule

Dans ce chenil, tous les chiens sont des malinois. Souvent, ils sont sauvés par la SPA puis recrutés par le Centre national de formation des unités cynotechniques (CNFUC) de Cannes-Ecluse en Seine-et-Marne qui teste leurs aptitudes. « Ce sont des chiens qui sont souvent destinés à être piqués, la police leur offre une seconde chance. » nous explique Vincent, le brigadier-chef de l’unité canine du commissariat du Chaudron, seule unité canine de la police nationale à La Réunion. Ces chiens sont des armes létales, des sportifs de haut niveau qui nécessitent des entrainements réguliers. Ils ne sont ni castrés, ni sociabilisés afin de conserver tout leur instinct de prédation. Ce soir-là, c’est Paco qui est entraîné, la dernière recrue. Un entrainement haut en couleurs, « on va faire du théâtre » nous explique Jérémy, gardien de la paix et conducteur de Paco. Deux rôles : l’homme d’attaque et le conducteur. « La priorité c’est que le chien ne se blesse pas » affirme le brigadier-chef qui joue le rôle d’hommes d’attaque ce soir. « Tout ça peut paraître violent mais pour le chien, c’est du sport et cela permet qu’il soit efficace sur la voie publique. » Le chien est entraîné à taper avec la muselière mais aussi à mordre l’homme d’attaque.

Une fois l’entrainement terminé, le quatuor (deux policiers et deux chiens) retourne en patrouille.

Scène d’entraînement

« On n’utilise pas nos auxiliaires canins à chaque intervention, seulement quand on sentira qu’ils peuvent avoir une utilité et surtout quand ils sont en sécurité. Il y a évidemment des exceptions, mais les chiens sont entraînés pour agir devant différentes situations, individu armé, violences urbaines, rixes, agressions, vol par effraction. » L’intérêt du chien est aussi de dissuader, lorsqu’un groupe s’échauffe, l’arrivée du chien permet de calmer le jeu et de disperser la foule.

Au cours de la nuit, les interventions seront diverses. Bagarre après un match, excès de vitesse sur le boulevard Lancastel, recherche d’un véhicule après un refus d’obtempérer, vol d’une moto, interpellation d’un jeune qui se promenait avec un couteau à huîtres, recherche d’un appartement où une femme serait menacée par un homme, dissipation d’une bagarre au Mahé…

Les policiers connaissent la ville comme leur poche, ils connaissent les raccourcis et mesurent le degré d’urgence à chaque appel de la radio. Dans Saint-Denis, certains les connaissent, un groupe de jeunes aboie en les croisant.  Ils sont souvent appelés en renfort de la police secours (celle qui intervient lorsqu’on appelle le 17) pour permettre aux équipes d’effectuer leur travail sans être perturbés. Ce soir-là les chiens n’ont été sorti que trois fois car le gros du travail de la brigade canine est souvent celle d’une brigade anticriminalité classique.

Les chiens sont promenés tous les soirs pendant la nuit de patrouille pour les détendre

Quand on leur demande ce qu’il faut pour devenir policier en unité canine, ils répondent logiquement qu’il faut aimer le chien et celui pour qui ce n’est pas les cas ne fera pas long feu dans la brigade. « On sent le chien, on les nettoie eux et leur box, on est tout le temps avec eux. Certains pensent que c’est de la maltraitance de les mettre dans des cages mais finalement on passe plus de temps avec eux qu’un monsieur-tout-le monde qui ne voit son chien qu’en rentrant du boulot. » souligne un autre policier.

Pendant plusieurs années, ces chiens travailleront pour la police. Mais quand ils approchent de la fin, les poils du museau grisonnants, il sera l’heure pour eux de prendre leur retraite. Vincent, le brigadier-chef, en a récupéré quelques-uns chez lui. Pour les autres, ils pourront passer de chiens de travail non sociables et agressifs à de véritables chiens de famille. Le policier « maître-chien » explique : « On les déconditionne, on les sociabilise et on organise des rendez-vous avec les familles intéressées. On s’assure qu’ils seront dans des familles aimantes et on garde un lien avec pour pouvoir revoir les chiens. Ils méritent leur retraite et ils deviennent de très bons chiens sociables mais si on agite un harnais de police devant eux, il y aura toujours cette excitation du chien policier. »  


Vidéo : Léa Morineau
Etienne Satre

Texte : Léa Morineau

A propos de l'auteur

Léa Morineau

Etudiante en journalisme. Cocktail de douceur angevine et d'intensité réunionnaise, Léa Morineau a rejoint l'équipe de Parallèle Sud pour l'éducation aux médias et à l'information, elle s'est rapidement prise au jeu du journalisme. A travers ses articles, elle souhaite apporter le regard de sa génération et défendre un journalisme qui rayonne au-delà des apparences.

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