Depuis plusieurs années, les différents acteurs du territoire s’intègrent dans l’évolution numérique mondiale. Pour autant, les conséquences de ces évolutions technologiques apportent leurs lots de contradictions entre les bénéfices et avantages fonctionnels d’un côté, et les outils disponibles, en développement ou à développer.
Les entreprises sont aujourd’hui de plein pied dans le numérique. Avec l’utilisation de logiciels pour la gestion commerciale, la gestion financière, les ressources humaines, les stocks,… La connectivité à Internet, et donc au numérique paraît aujourd’hui indispensable à ces structures. De même, les institutions utilisent toujours plus de numérique que ce soit pour de la communication, la mise à disposition du grand public de ressources, la gestion interne. Les particuliers qui commandent, réservent par des applications ou des sites Internet, les influenceurs qui ne doivent exister que par les réseaux sociaux.
En réalité, le numérique est partout dans nos vies, dans notre quotidien. Cette propagation à grande échelle n’épargne pas La Réunion.
La ressource
Toutes ces données consommées, utilisées, stockées demandent de la ressource. Des Data Center, centres de données, des câbles à fibre optique, des terminaux, et de l’énergie pour alimenter chacun.
Trois câbles relient actuellement La Réunion à internet ce qui permet une certaine stabilité dans les connexions.
Depuis plusieurs années, nous assistons à des tensions dans la distribution électrique d’EDF, qui régulièrement met le réseau et les usagers dans une situation de fragilité. Pourtant, le développement de la voiture électrique dans l’île ou encore le besoin croissant de part l’utilisation d’objets connectés numériques demande et demandera une capacité supérieure dans la production électrique. Ainsi ce développement déterminera une stratégie territoriale de l’énergie dont les conséquences et les enjeux paraissent fondamentaux.
Datacenters à La Réunion
Un Datacenter est un ensemble de serveurs, où chaque serveur est un ordinateur ultra performant, avec beaucoup de mémoire, de l’espace de stockage et un ou plusieurs processeurs puissants. Dans l’île, un premier grand datacenter a été créé, il s’agit d’Omega 1 au Port.
Guillaume Blanc, responsable sur place, nous précise « Nous suivons la même évolution numérique que dans l’hexagone […] avec les même tendances. Les besoins ne cessent d’augmenter et la montée en puissance de l’utilisation de l’intelligence artificielle accentue les besoins ». Pour l’avenir, l’entreprise prévoit la création d’un second datacenter dès lors que le premier aura atteint 30% à 40% de ses capacités. L’objectif est d’accélérer et faciliter l’accès aux données, principalement pour les entreprises. Cela diminue aussi la latence qui peut parfois avoir des impacts concrets lors de transferts de grandes quantités de données.
En cas d’insuffisance de la fourniture électrique du réseau EDF ou en cas de coupure, Omega 1 dispose d’un système de groupe électrogène totalement automatisé. De plus, tout est redondé afin de garantir l’accès permanent aux précieuse données sans endommager les matériels. « C’est construit pour ne jamais arrêter » explique Guillaume Blanc.
Pour protéger les matériels, il faut refroidir en permanence les systèmes. En effet, tout cet informatique/électronique en service 24h/24h produit une grand volume de chaleur. Guillaume Blanc explique « nous utilisons de l’eau en circuit fermé, ce qui permet de ne pas effectuer de prélèvement dans la ressource en eau ».
Si ce modèle se veut vertueux, il n’en demeure pas moins que si l’utilisation des outils s’accroît le besoin en énergie va, lui aussi, augmenter. « EDF devra augmenter les capacités pour correspondre au besoin du marché, peut-être par l’installation d’une centrale nucléaire », évoque le responsable d’Omega 1.
Numérique et énergie sont indissociables
Le numérique consomme beaucoup d’électricité pour les centres de données (datacenters), cloud, réseaux, objets connectés. Dans le même temps, l’énergie utilise le numérique pour optimiser sa production, sa distribution et sa consommation par les réseaux intelligents ou encore les énergies renouvelables. Par exemple, dans l’industrie, ces outils permettent d’optimiser les processus de production, réduisant ainsi la consommation d’énergie. Ou encore, des capteurs permettent de suivre et d’adapter en temps réel la production électriques des panneaux solaires.
Paradoxalement, le numérique peut permettre de mieux produire, consommer et gérer l’énergie tandis qu’elle a besoin d’énergie dans son fonctionnement. Cette interdépendance impose de penser ensemble sobriété numérique et transition énergétique.
Les Réunionnaises et les Réunionnais sont-ils prêts à accepter le futur prix à payer pour cet accès au numérique toujours plus efficace et plus rapide ? Quid d’une politique de développement territorial numérique et de l’équilibre entre les besoins réels, la préservation de l’environnement et la dimension énergétique.
Jean Fauconnet
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