La Région Réunion a organisé ce mercredi 6 août une conférence pour donner la parole à plusieurs membres de la résistance palestinienne. Yacine Haffaf, principal invité et ancien chirurgien au CHU Félix Guyon, a raconté ce qu’il a vécu pendant ses missions à Gaza en 2024, tout en dévoilant le futur projet international visant à libérer le peuple palestinien. À ses côtés, trois membres du Collectif Réunion Palestine, avec la présence de Manal Chourafa, une Franco-Palestinienne.
Dans l’hémicycle à l’hôtel de Région de Saint-Denis, Yacine Haffaf, un ancien chirurgien au CHU Félix Guyon, a raconté l’horreur dont il a été témoin pendant ses missions à Gaza en 2024. Accompagné de photos et de vidéos qu’il a pu prendre sur le terrain, le chirurgien a fini par dévoiler le prochain projet d’aide et de libération qui devrait se dérouler dans les semaines à venir. Il dit vouloir apporter une aide concrète à la population palestinienne et déclencher un nouvel élan : « On va le faire, on va essayer de forcer le blocus et de réveiller toutes les consciences, réveiller les citoyens, faire monter encore plus la pression médiatique pour forcer le blocus et faire entrer l’aide humanitaire massive dans Gaza. Pas une aide symbolique comme ces largages qui sont de la poudre aux yeux et dangereux pour la population gazaouie, c’est du pipeau tout ça. On va essayer — grâce à cette pression médiatique énorme, on l’espère — de forcer le destin et d’ouvrir Gaza à la paix, les aider aussi à reconstruire leur pays. »
Ce projet s’inscrit dans une démarche citoyenne, par voie maritime, et portée par 40 pays du monde entier : « C’est un mouvement citoyen qui va masser une armada, pas avec des canons, mais avec des briques de lait, et qui va grouper une flottille de 50 à 100 bateaux de 40 pays différents. On partira dans peu de temps, de toutes les côtes méditerranéennes, dans les prochaines semaines. » Les détails et la date de cette expédition restent encore confidentiels pour des raisons de sécurité, mais le projet ambitieux devrait partir dans les semaines à venir, probablement en septembre.
Pour revenir en quelques lignes sur le parcours de Yacine Haffaf, il est parti à Gaza deux fois en 2024 pour mettre ses compétences de chirurgien au service de la population palestinienne. « Depuis que j’ai mon diplôme, je fais depuis toujours des missions, car c’est toujours quelque chose qui m’a passionné. Quand le récent conflit à Gaza a commencé, je me suis précipité. J’ai demandé à être pistonné pour partir, et dès que j’ai eu la possibilité de la Croix-Rouge internationale, j’y suis allé. » Depuis son enfance, Yacine entendait et constatait la désolation de son père face aux pays écrasés dans les conflits du Moyen-Orient. En tant que Franco-Algérien, c’est selon lui une raison qui explique son dévouement. « J’ai la chance d’avoir des enfants qui ne sont pas les miens, et puis ils sont grands maintenant, donc je n’ai pas de famille qui m’attend, éplorée, à la maison. C’est un avantage. Je n’ai pas de lien réel qui m’empêche de partir. »
Questionné sur ce qu’il a vu à Gaza, le chirurgien répond : « Pendant ma première mission (5 semaines en juillet 2024), j’ai vraiment été bouleversé, ravagé, déstabilisé par ce que j’ai vu. J’y ai vu des choses plus horribles, des malades ou blessés que j’ai vus dans d’autres pays en guerre, là, ça dépassait en intensité tout ce que j’ai vu. Et encore, je pense que si j’avais travaillé dans les conditions actuelles, qui sont bien pires qu’en juillet dernier, j’aurais eu beaucoup de mal sur le plan émotionnel et professionnel. » Lors de sa prise de parole pendant la conférence, il raconte avec émotion un contraste terrible lors du coucher de soleil : « De ce beau balcon, je regardais les magnifiques couchers de soleil. C’était quelques minutes où je mettais la musique, pour essayer d’oublier… »
Le Collectif Réunion-Palestine
LLors de cette conférence, trois membres du collectif Réunion-Palestine étaient présents. Le groupe, d’une vingtaine de membres actifs, a, depuis fin 2023, organisé une trentaine d’actions : manifestations, rassemblements, conférences. Ils se disent contents de voir « que ça commence à prendre de l’importance chez les politiques ». Pour Manal Chourafa, une Franco-Palestinienne, sa prise de parole devant cette assemblée représente énormément. « C’est très important pour moi de parler et d’être écoutée. On entend beaucoup les journalistes occidentaux, les politiques, les avis des uns, des autres, des Israéliens aussi, mais quand est-ce qu’on entend les Palestiniens ? Aujourd’hui, c’était l’occasion de faire parler les Palestiniens, et j’espère avoir porté un message au nom de mon peuple. »
Le collectif appelle aussi au boycott de certains industriels comme Carrefour, McDonald’s ou HP (Hewlett-Packard). Ils demandent à la Région de se joindre au boycott via leurs commandes publiques et rappellent que cet appel vient, à la base, de l’organisation BDS, créée au début des années 2000 pour cibler les grands groupes qui collaborent avec Israël.
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Etienne Satre
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