Deux pots de départ pour préparer les manifs du 10 septembre

A Saint-Pierre et Saint-Paul, le soir de la chute du Premier ministre François Bayrou, quelques dizaines de militants de gauche ont trinqué à son départ. En se donnant rendez-vous pour les manifestations du 10 septembre.

Vidéo : Sarah Cortier

Front de mer de Saint-Pierre. Ça sent la quiche et le patchouli… Pardon pour les clichés et les clins d’œil. Que Renaud nous pardonne, mais Annick à la playlist avait envie de passer Hexagone après Bella Ciao. A bonne distance, trois policiers s’assurent que l’apéro d’adieu à François Bayrou organisé ce lundi 8 septembre au milieu des Jardins de la plage de Saint-Pierre ne risque pas de troubler l’ordre public.

Une vingtaine de contestataires, les habitués, attendent sans suivre les débats, le dénouement parlementaire de la courte carrière de François Bayrou à Matignon. Quiche, pizza et cacahuètes sont de sortie, le pop d’un bouchon de liège donne le signal d’une première distribution de timbale. Il est à peine 18h00.

A côté, les jeunes qui jouent au ballon sont plus nombreux. Sont-ils prêts à rejoindre les mécontents ? « Ah non, on attend le 10 », répond l’un d’eux comme une boutade.

Sur les banderoles, on peut lire que « Ti ash i koup gro bwa », « Bye bye Bayrou » et que « la dette n’est pas notre dette ». Les drapeaux se font discrets, un peu de France Insoumise, un autocollant FO. Alexis Chaussalet, finaliste malheureux de la dernière élection législative de la 3e circonscription raconte les débuts de campagne municipale au Tampon. L’heure n’est ni à la manif, ni à la démonstration. Juste un apéro avant un hors d’oeuvre et, peut-être un plat de résistance. 

Rassemblement à Saint-Pierre

La Résistance justement, est-ce qu’on y croit en cette avant-veille de la mobilisation nationale du « Bloquons tout » ? Les sentiments sont mitigés. Une professeure d’école dit sa lassitude d’un système qui ne protège plus les enfants, une ambiance de Bétharram. Elle n’y croit plus, à moins que…

Pot de départ de François Bayrou à Saint-Pierre. © Franck Cellier
Pot de départ de François Bayrou à Saint-Pierre. © Franck Cellier
Pot de départ de François Bayrou à Saint-Pierre. © Franck Cellier
Pot de départ de François Bayrou à Saint-Pierre. © Franck Cellier

Nathalie documente la « militarisation » de la France et de sa police. Avec son amie Rabia, elle se désole du basculement vers le vote Marine des plus pauvres. Personne n’ose envisager la suite. L’après Bayrou est inquiétant, ce qui laisse peu le temps de se réjouir de son inéluctable chute.

Mais non ! Faut se ressaisir, lance Cathy Hélary d’Attac. Cet apéro, c’est un peu une répétition avant la mobilisation de mercredi. « On sera sur le rond-point Macdo à partir de 6h00 », annonce-t-elle en proposant que syndicats et politiques restent discrets dans leur affichage pour accompagner le mouvement. En cours de matinée, les manifestants comptent se rejoindre devant la sous-préfecture où l’intersyndicale (CGTR, FO, Solidaires, la FSU et l’union des étudiants) a prévu de se rassembler. 

Comme pour encourager le vote de défiance de l’Assemblée nationale, les manifestants revisitent la chanson de Baster « Alon dansé in ti séga ». Les paroles deviennent « Allon viré ti Bayrou la ». « Politique bourgeoise, ça mi vé pa. Retour dans sa kaz ça nou vé bien. »

Rendez-vous à Savanna

Dans l’Ouest, les militants du 10 septembre se sont retrouvés dans les jardins de la mairie de Saint-Paul, avec un apéro à l’heure du goûter pour fêter le départ du gouvernement. Attac, France Palestine, Extinction Rebellion et les Insoumis étaient représentés afin de décider des actions à mener mercredi. La décision a été prise de se rassembler à Savanna, dans la zone commerçante, à 8h30. 

Attac, mouvement grève du 10 Septembre Saint-Paul
Attac, mouvement grève du 10 Septembre Saint-Paul. © Philippe Nanpon
Attac, mouvement grève du 10 Septembre Saint-Paul
Attac, mouvement grève du 10 Septembre Saint-Paul. © Philippe Nanpon
Didier Bourse, Attac, mouvement grève du 10 Septembre Saint-Paul
Didier Bourse, Attac, mouvement grève du 10 Septembre Saint-Paul. © Philippe Nanpon

« C’est une cible symbolique, l’hypermarché, qui représente la vie chère et les profits records des grandes entreprises », souligne Didier Bourse  d’Attac. « Certains ont proposé d’aller bloquer Le Port ou Gillot, c’est difficile sans les dockers », poursuit le militant qui pense que ces deux sites stratégiques seront quand même visés.

« On ne sait pas quelle sera la suite, ni l’ampleur du mouvement », indique Didier Bourse, « nous nous retrouverons pour en discuter à Savanna mercredi ; il faut nous rencontrer tous physiquement, organiser des ronkozés, c’est ça qui décidera de la suite. Quand ont débuté les Gilets Jaunes, on ne savait pas quel tour le mouvement allait prendre. En tout cas, quand on distribue des tracts, on se rend compte du mécontentement de l’ensemble de la population. A l’unanimité les gens sont d’accord avec nous ». 

Texte : Franck Cellier et Philippe Nanpon

Vidéo : Sarah Cortier

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A propos de l'auteur

Franck Cellier

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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