L’attente était palpable depuis une semaine pour savoir si oui ou non, la mobilisation syndicale du jour allait être suivie. Parallèle Sud a suivi les deux cortèges et vous raconte tout ça en images.
Une semaine a passé depuis la mobilisation citoyenne du 10 septembre qui invitait à bloquer l’ensemble du pays en réaction à la politique d’austérité proposée par l’ancien gouvernement Bayrou. Depuis, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a pris ses marques mais la colère ne retombe pas. Ce jeudi 18 septembre, à Saint-Pierre et Saint-Denis, c’est plusieurs milliers de personnes qui étaient dans la rue lors de la manifestation syndicale.
A Saint-Pierre, la mobilisation en hausse
A Saint-Pierre, c’est au niveau des jardins de la plage qu’était donné le départ de la manifestation. CGTR, FO, FSU, CFDT, Union étudiante 974; tous les syndicats étaient présents. Il faut dire que les revendications sont nombreuses : meilleures conditions de travail, justice fiscale, vie chère, meilleur accès à la santé, réforme du chômage ; c’est toute la politique de l’ère Macron qui est dénoncée d’une seule et même voix.
Pour les conducteurs des cars jaunes par exemple, c’est l’occasion de dénoncer l’absence de convention collective pour eux ainsi que des salaires trop bas. Pour un père de famille, c’est la question de la mobilité pour sa fille et la jeunesse réunionnaise qui le mobilise.
Dans le Sud, le cortège d’au moins 1 500 personnes s’est dirigé vers la sous-préfecture de Saint-Pierre par le centre-ville s’arrêtant à plusieurs reprises pour des prises de parole. Sur leur chemin, si plus de magasins sont ouverts par rapport à la semaine passée, le soutien populaire des travailleurs est tout de même présent. Arrivée rue Archambaud, à quelques mètres des portes du bâtiment préfectoral, nouvelles prises de paroles et notamment celle des pharmacien.nes de La Réunion qui alertent sur l’augmentation des franchises médicales et le risque de disparition des petites pharmacies.
La manifestation s’est fini un peu avant la mi-journée là où elle avait commencé, aux Jardins de la plage. Le début d’une discussion entre syndicats et citoyens sur la suite de la mobilisation. Pour les enseignants du Snudi FO, « la nomination du ministre des armées au poste de 1er ministre constitue une énième provocation du Président Macron » et la grève reconductible doit être envisagée pour créer un véritable rapport de force vis à vis du gouvernement.
À Saint-Denis, une mobilisation festive et déterminée
Dans le Nord, le départ était donné depuis le Jardin de l’État à Saint-Denis. Derrière les banderoles colorées, une dizaine de syndicats et plusieurs collectifs – dont Réunion Palestine – ont répondu à l’appel. Au total, près de 2000 personnes ont traversé le chef-lieu jusqu’à la Préfecture, dans une ambiance résolument festive. Entre musique, danse, camions sonorisés et slogans scandés, le cortège avançait joyeusement, sans pour autant masquer la gravité des revendications.
Tout au long du parcours, les prises de parole ont rythmé la marche et rappelé la diversité des luttes. La CFDT a dénoncé « l’inadmissible absence de dialogue » entre l’État et les syndicats sur l’île, tandis que la CGTR réaffirmait que « le droit à la retraite et à la santé ne peuvent être sacrifiés sur l’autel de la rigueur ». L’UNSA, de son côté, a insisté sur la nécessité d’une meilleure répartition des richesses : « Ce ne sont pas les malades, les retraités ou les précaires qui doivent payer la crise, mais les plus riches ».
D’autres voix se sont fait entendre, comme celles des agents du Parc national qui redoutent de perdre toute autonomie locale avec la fusion imposée avec l’OFB. Le Syndicat national des journalistes a lui dénoncé le recul social généralisé, de la retraite au remboursement des médicaments, en pointant le paradoxe des milliards dépensés dans la guerre en Ukraine pendant que des familles basculent dans la précarité.
Le collectif Réunion Palestine a ciblé quant à lui les groupes accusés d’être complices de la colonisation, comme Carrefour ou GBH, pointant leur rôle dans la vie chère sur l’île. Enfin, le syndicat des pharmaciens (SPRM) a rappelé son combat contre la baisse des remises sur les médicaments génériques, qui met en péril l’équilibre économique des pharmacies locales, certaines étant même réquisitionnées par la Préfecture.
Devant la mairie, l’ambiance s’est faite plus bruyante lorsque FO a déclenché une série de pétards, symbole de la détermination des manifestants. Mais la marche s’est conclue dans le calme aux abords de la Préfecture, où les syndicats ont annoncé vouloir poursuivre la mobilisation et obtenir des réponses concrètes de l’État.
Et après ?
De Saint-Pierre à Saint-Denis, la journée du 18 septembre a démontré la capacité des syndicats et des collectifs à rassembler largement autour de revendications sociales communes, tout en exprimant la diversité des luttes locales. Si les cortèges se sont déroulés dans une ambiance souvent festive, le fond du message reste clair : sans réorientation de la politique sociale, la contestation ne faiblira pas. Syndicats et manifestants évoquent déjà la possibilité d’une grève reconductible, signe que la mobilisation pourrait s’inscrire dans la durée pour peser face au gouvernement.
Texte : Olivier Ceccaldi et Etienne Satre
Photos : Étienne Satre, Gabriel Blanc et Olivier Ceccaldi
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