LE BILAN DES DEPUTES ULTRAMARINS
Le premier tour des élections législatives a lieu ce dimanche 12 juin à La Réunion et en France.
C’est un chiffre très légèrement surestimé par rapport à la population française de métropole : il y 26 députés de l’Outre-mer français. On en trouve 10 dans le bassin antillo-guyanais et 7 à La Réunion, île française la plus peuplée des îles françaises. Officiellement, l’Outre-mer est un sujet « transpartisan », dans le jargon politicien cela voudrait dire que la politique de l’État dans ces territoires n’est pas lié aux partis.
Cela n’a pas empêché Olivier Serva, député de Guadeloupe, alors élu de la République en Marche, de prendre la tête de la Délégation aux Outre-mer, ce groupe de députés – transpartisan, justement, rassemblant à parité des Ultramarins et des élus de métropole – qui donne des avis et produits des rapports, sur le coût de la vie par exemple, sur l’habitat ou encore la situation des hôpitaux.
Aucune loi n’est en revanche produite directement par la délégation aux Outre-mer. Pour en lire, il vaut mieux se tourner vers le groupe politique d’opposition de gauche « Gauche démocrate et républicaine », GDR. Polynésie, Guyane, Réunion, Martinique : ce groupe comptait par exemple Manuela Keclar Mondésir, Bruno Nestor Azerot, Jean-Philippe Nilor ou encore Karine Lebon. Il faut 15 députés pour former un groupe à l’Assemblée nationale et siéger dans l’hémicycle. Avoir un groupe permet d’avoir du temps de parole garanti ainsi que la possibilité de voir certaines de ses propositions de loi examinées. Étant dans l’opposition pour cette mandature, le groupe GDR n’a pas obtenu davantage de résultats concrets que la Délégation aux Outre-mer. Cela dit, si jamais la gauche unie derrière la Nupes réussissait son pari de bouleverser la majorité, il seraient en position de force.
État d’urgence sanitaire
À cause de l’état d’urgence sanitaire, des restrictions de voyage, de la limitation des déplacements – les députés de l’Outre-mer en général et quelle que soit la mandature ne font pas partie des élus les plus présents à Paris – mais pour les cinq ans qui viennent de s’écouler cela a été particulièrement vrai.
Sur les dix députés du bassin antillo-guyanais auxquels on peut ajouter les sept parlementaires réunionnais, l’association Regards citoyens, qui compile des données sur le site nosdéputés.fr, n’a repéré aucun parlementaire « particulièrement actif ». Présence en commission, question orale, présence dans l’hémicyle : il faut rappeler encore une fois que la crise sanitaire a particulièrement affecté le travail des élus.
Beaucoup a été fait à distance : les règles, comme pour beaucoup de salariés et de travailleurs, ont changé de façon assez imprévisible et rarement à l’avantage de la démocratie parlementaire. On peut noter tout de même, au bilan des députés Nilor de Martinique ou encore Kéclard-Mondésir, de Martinique encore, une opposition vigoureuse à la majorité, au gouvernement et aux mesures de restriction pour cause de Covid-19 qui ont tant bouleversé la vie démocratique.
Divorce de dernière minute
Ce bilan de la gestion de la crise sanitaire pose problème à un élu en particulier : Olivier Serva a finalement rompu avec la majorité présidentielle. Le député de Guadeloupe a démissionné du groupe La République en marche à l’Assemblée nationale il a soutenu officiellement la politique du président de la République pendant 5 ans.
Dans son dernier courrier, celui de la rupture, il donne les raisons de divorce de toute dernière minute : il estime que « La Guadeloupe a été inaudible pendant les deux dernières années de crises sanitaires, malgré la récurrence et l’intensité des souffrances exprimées. »
Il faut reconnaître que sur le sujet de la crise sanitaire, du pass vaccinal, du pass sanitaire, il s’est souvent abstenu. Comme les autres députés des Antilles membres de la majorité, Max Mathiasin ou encore Justine Benin, il n’a pas voté avec ferveur l’exclusion du personnel soignant non vacciné par exemple. À La Réunion, la question se pose en termes différents : le seul député officiellement inclus dans la majorité présidentielle au tout début de la mandature était Thierry Robert.
Julien Sartre