Après leur lettre ouverte adressée à La Région Réunion en juin dernier, le collectif de 18 associations a été reçu le 9 octobre dernier pour échanger sur le futur schéma d’aménagement du territoire. Dans un nouveau communiqué, le collectif invite les maires en poste ainsi que les candidats aux futurs élections municipales de mars 2026 à se saisir des enjeux vitaux liés à l’environnement.
Après Chido et Garance la saison dernière, le passage du cyclone Mélissa qui vient de frapper la Jamaïque avec une intensité exceptionnelle (catégorie 5), rappelle avec violence la réalité du dérèglement climatique en cours. Ce type de phénomène extrême directement lié à l’augmentation de la température des océans risque d’atteindre La Réunion dans les prochaines années.
Face à cette menace croissante, il devient urgent d’intégrer pleinement la question de l’adaptation climatique dans les politiques publiques d’aménagement du territoire. C’est dans ce contexte que le collectif citoyen réunionnais de 18 associations s’est adressé, en juin 2025, à tous les élus de La Réunion pour une meilleure prise en compte du changement climatique dans le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) 2050.
Une première étape encourageante
Jeudi 9 octobre 2025, le conseiller régional Wilfrid Bertile et l’équipe en charge du pilotage des travaux de révision du SAR, ont reçu le collectif à l’Hôtel de Région pour deux heures et demie d’échanges constructifs. Cette rencontre nous permet de croire en une réelle volonté d’intégrer les voix citoyennes aux travaux de planification régionale.
L’urgence d’adapter La Réunion au climat de demain
Notre île fait face à des défis majeurs : montée des eaux menaçant le littoral, blanchiment des récifs coralliens, cyclones plus intenses, sécheresses prolongées, risques accrus de submersion. Pourtant, nos plans d’aménagement restent basés sur des projections critiquables de 2017-2022, désormais obsolètes.
Le constat est alarmant : depuis mars 2025, l’État français reconnaît la nécessité d’adapter le territoire hexagonal à une hausse de +4°C d’ici 2100. À La Réunion, aucune démarche équivalente n’a été engagée par nos communes, comme le confirment la mission parlementaire récente et la Cour des Comptes qui pointe un « retard préoccupant ».
Nos 5 recommandations prioritaires
1. L’intégration immédiate des recommandations du Haut Conseil pour le Climat et de la Convention Citoyenne dans tous les travaux de planification
2. La révision des Plans Locaux d’Urbanisme avec un scénario à +3°C minimum d’ici 2100
3. La priorité à l’eau, l’autonomie alimentaire et à la préservation de la biodiversité sur les logiques de développement touristique intensif
4. Une information transparente de la population sur les risques climatiques réels
5. Un moratoire sur l’urbanisation des terres agricoles et naturelles encore préservées
La « nouvelle économie » de 2023 doit être réévaluée
Les orientations économiques définies en 2023 ne peuvent ignorer les connaissances scientifiques de 2025. Le tourisme ne peut prévaloir sur l’approvisionnement de notre population en eau, en nourriture et en sécurité face aux événements climatiques extrêmes, comme en témoignent les travaux de Jean-François Hoarau (2023), président de l’Université de La Réunion : « Finalement, une stratégie de développement reposant sur une dépendance forte au tourisme international est trop risquée pour constituer un modèle soutenable à moyen et long terme pour ce territoire. »
Les maires restent silencieux
À ce jour, seule la Mairie de Saint-Denis a répondu à notre lettre ouverte sans aboutir à une rencontre. Les autres communes continuent d’envisager l’avenir selon des logiques de développement du bâtiment et du tourisme sans intégrer les enjeux véritables de résilience climatique.
Nous appelons solennellement les maires des 24 communes de La Réunion à nous recevoir pour échanger sur ces enjeux vitaux pour l’avenir de notre île.
Appel aux Réunionnais
Nous invitons l’ensemble des Réunionnaises et Réunionnais à interroger leurs élus et les candidats aux prochaines élections municipales sur ces questions essentielles :
Comment protéger nos côtes des submersions marines quand la barrière récifale se
dégradent et que le niveau de l’océan augmente ?
Comment préserver nos ressources en eau potable et en assurer la distribution en cas
d’événement climatique extrême ?
Comment garantir notre sécurité alimentaire ?
Comment protéger nos quartiers des cyclones plus violents ?
L’adaptation au changement climatique n’est pas une option, c’est une nécessité pour la survie de notre modèle de société réunionnais.


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