Ou lé pa tout sel : faire front face aux violences contre les femmes

ÉDITO

En cette journée internationale de lutte contre les violences envers les femmes, on revient sur un week-end fort en mobilisation à La Réunion.

« Impressionnant, la puissance de la foudre, l’éblouissement de cette lumière qui ne sait s’exprimer qu’ainsi en déchirant un ciel paisible qui n’a rien demandé… »¹, les mots sont forts , les mots touchent ce vendredi 21 novembre au théâtre Luc Donat lors de la première de la pièce Sens la foudre sous ma peau d’après un texte de Catherine Verlaguet. Dans la pièce, Joséphine, professeure originaire de La Réunion se retrouve confrontée à un traumatisme qu’elle pensait avoir enfoui suffisamment profondément, ce viol subit dans sa jeunesse et que sa mère et la société lui ont demandé de garder secret. 

À la fin, alors qu’elle se reconstruit en revenant sur les lieux du crime, le ciel se voile, l’orage gronde mais ce soir là il ne tombera pas ici mais plus haut. Alors elle se demande où et combien de fois cette nuit là la foudre tombera. L’histoire est forte, intemporelle, contemporaine car elle nous interpelle sur le pouvoir de la parole face aux violences : celles envers les femmes, celles envers les enfants, celles qui trop souvent restent impunies. Le silence est toujours une seconde blessure, il laisse la plaie ouverte, parfois béante. 

Alors il faut parler, certes, mais il faut surtout écouter, protéger et crier fort ce que beaucoup semblent oublier : c’est l’autre le coupable, c’est celui qui pique qui doit se cacher. En avril dernier, j’étais parti à la rencontre du collectif Nous Toutes 974 et de l’association Femmes solid’air qui oeuvrent toutes les deux à leur manière pour accompagner les victimes et alerter, former sur ces questions là. 

Ce week-end, le collectif Nous Toutes 974 avait appelé à un rassemblement à Saint-Denis pour crier leur soutien aux victimes mais aussi dénoncer un système patriarcal qui protège encore trop souvent les auteurs et normalise ces violences. Beaucoup de monde étaient présents malgré la mauvaise météo et le basculement de la route du littoral. « Un moment fort et chargé d’émotions » selon Shamia, membre du collectif et qui a permis « aux femmes présentes de se sentir épaulées ». 

Femmes solid’air de leur côté organisait l’ascension du Piton des Neiges avec des femmes victimes de violence, un événement annuel pour que chacune puisse se réapproprier son corps par l’effort, créer du lien, du collectif. Là aussi, la météo s’en est mêlée, des fortes pluies sont tombées durant tout le week-end rendant l’ascension compliquée. Pourtant, les femmes l’ont fait, « que du bonheur » pour citer Pierrette Mira, coordinatrice de l’association. Cette semaine, l’association est présente dans des collèges et lycée pour faire de la prévention aux côtés de la compagnie Les chemins de faire qui jouent la pièce Demain dès l’aube, je m’enfuirai pour aborder les questions de violence au sein du couple. 

Alors oui il faut crier, oui il faut dire, se rassembler mais une chose est sûre, les violences ne peuvent se combattre durablement que par l’éducation et la prévention. Alors filez au théâtre, inscrivez vous à des formations et surtout, écoutez. 

Olivier Ceccaldi

1. Sens la foudre sous ma peau, texte de Catherine Verlaguet, éditions Lansman, 2025 ↩︎