Parti comme beaucoup de jeunes pour chercher ailleurs ce qu’il avait finalement chez lui, Thomas a redécouvert la Réunion à son retour. Aujourd’hui, avec l’Atelier Frizé, il s’inspire de la cour créole et du quotidien péi pour créer des illustrations simples et authentiques. Son envie : montrer la Réunion telle qu’elle est.
Thomas fait partie de cette génération qui a dû quitter l’île pour mieux la comprendre. Il raconte : « Moi, je suis un jeune illustrateur de la Réunion qui est allé vivre comme beaucoup de jeunes réunionnais en métropole. » Là-bas, il découvre un autre monde et se forme « sur le tas » en bossant chez Lacoste : « Mon job, c’était de créer des éléments graphiques et c’est un petit peu sur le tas que j’ai appris tout ça. » Ironiquement, c’est la distance qui lui fait réaliser ce qu’il avait sous les yeux : « C’est en étant loin de la Réunion que j’ai plus ressenti le manque et que j’ai découvert la richesse de l’île. »
Quand il revient, c’est dans le jardin de ses parents qu’il trouve sa première inspiration : « c’est vraiment la cour créole mon inspiration. » Fruits, fleurs, petites scènes du quotidien : tout devient matière à dessins. Et même si ses créations lui prennent à peine 30–40 minutes, le plus dur reste l’idée : « Le plus long ça va être vraiment de trouver la thématique qui va rassembler les réunionnais. ».
C’est là qu’il lance l’Atelier Frizé, un nom venu tout naturellement. « Mes cheveux frisés, c’était le point de départ » Un mot qui colle parfaitement à son style « avec plein de petites imperfections, pas lisse du tout. C’est frisé avec un Z. » L’Atelier Frizé, c’est aujourd’hui une manière simple et sincère de représenter l’île : « Le but c’est de représent’ nout péi d’une manière très simple, sans filtre. »
En un an à peine, son projet a pris une belle ampleur : « Il y a eu beaucoup de soutien, aujourd’hui ça fait 12 mois que l’Atelier Frizé lé né. » Tableaux, mugs, tote bags, t-shirts : il décline ses dessins partout pour « valoriser la Réunion à travers plein de supports possibles ». Son processus reste artisanal : « Je dessine tout au feutre fin donc c’est pas possible de gommer. » Puis il scanne, ajoute des couleurs et glisse « à chaque fois une petite expression créole » comme « la case l’amour », « l’amou lé doux » ou encore « Kalou Pilon ». Thomas dit « écouter La Réunion » dans ses créations. Il travaille aussi en fonction des saisons. En été par exemple, il admire et dessine les flamboyants ou letchis pour « suivre le rythme de l’île ».
Pour rencontrer les gens, il préfère les petits marchés d’artisans choisis avec soin : « J’essaie d’avoir un stand qui accueille les gens dans l’univers de l’Atelier Frizé ». Il n’hésite pas à parler argent, qui est encore tabou dans l’artisanat selon lui : « Depuis le début, l’atelier a pour but d’être mon gagne-pain. » Il jongle donc entre illustrations et prestations pros, en créant des logos et des identités visuelles : « L’Atelier Frizé englobe plein de casquettes différentes. »
Aujourd’hui, Thomas avance tranquillement, porté par son île et par ceux qui le suivent : « C’est toute une communauté qui est là autour de la culture créole. » Il prend son temps pour la suite : « Pourquoi pas un jour aller ailleurs mais pour le moment je préfère prendre mon temps ». Thomas dit aussi avoir confiance en la nouvelle génération créative : « C’est cette jeune génération qui ose et qui montre une vision contemporaine de la Réunion. »
Vidéo : Inès Hubert
Article : Etienne Satre








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