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A l’approche des élections, le retour des requins et des hommages aux victimes

ÉDITO

Municipales obligent, ceux qui ont surfé pendant la crise requins sur la vague de la peur et de l’émotion tentent de revenir au devant de la scène. C’est ainsi que Jean-François Nativel, élu d’opposition à Saint-Paul et conseiller départemental, veut rebaptiser le collège des Aigrettes du nom d’Elio Canestri.

Jeudi dernier, le 27 novembre, le conseil d’administration n’a pas tranché et reporté sa décision de rebaptiser le collège des Aigrettes Elio-Canestri. Quelle mouche a encore piqué le conseiller départemental Jean-François Nativel avec cette idée de changer l’appellation du collège des Aigrettes du nom de ce jeune surfeur mort d’une attaque de requin il y a dix ans ? Depuis qu’il est élu, Jean-François Nativel fait moins parler de lui ; il est vrai que son fond de commerce, les attaques de requins, s’est dégonflé depuis déjà six ans et la dernière attaque en date. Le nombre de surfeurs n’a jamais été aussi important, les écoles de surf refleurissent et les touristes sont au rendez-vous. 

Les baleines ne mangent pas de bichiques

Alors, les élections approchant, la réponse à la question qui commence ce texte se trouve comme une évidence : il faut relancer les polémiques et jouer sur l’émotion. Répéter encore et encore que la présence des requins sur le récif de la côte Ouest est consécutif à la création de la réserve marine, histoire de dénigrer les écologistes et les scientifiques ; demander à ce que les requins pêchés souffrent le plus possible, et pourrissent dans l’eau accrochés à la ligne, il ne lui suffit pas qu’ils soient tués, l’opinion publique s’y est habituée ; ou allant expliquer que, si les bichiques manquent, c’est à cause des baleines et non de la surpêche. Sur ce point, au moins il y a trois ans, la réponse a été apportée officiellement.

Nous avons également posé la question à la directrice de la réserve marine, Isabeau Jurquet, qui admet que les mêmes conditions qui limitent la présence des baleines peuvent favoriser celle des bichiques, mais pas que les baleines à bosse mangent les alevins. Qui a vu ces cétacés attendre devant l’embouchure de la rivière des Roches l’arrivée du caviar réunionnais ? Personne ! Mais Jean-François Nativel se moque bien de la science à laquelle il préfère le bon sens populaire et les fake news. Pour preuve, quand les plus éminents spécialistes du risque requin et responsables de sécurité mondiaux se réunissent à La Réunion, il n’est pas là. Ni à la tribune, ni dans le public.

Jean-Francois Nativel, photo mairie de Saint-Paul
Jean-Francois Nativel, photo mairie de Saint-Paul.
Requins

Dans les commentaires qui suivent les articles sur le projet de changement de nom, notamment de notre confrère Zinfo974, on ne voit pour une fois que des messages réfléchis, pesés, et qui soulignent le poids que devront supporter les prochaines générations d’élèves du collège, la non pertinence du choix eu égard à l’exemplarité demandée à qui donnerait son nom,  la « promesse » que Jean-François Nativel aurait fait à la famille…

Patrice Sadeyen a bien compris « la récupération politique » et souligne « l’indécence » du procédé. Sur sa page Facebook, qui reproduit ses articles parus dans Mazavaroo, il titre « Ligne rouge : la mémoire d’un enfant n’est pas un instrument politique ». Le proche du parti d’extrême droite Chasse, pêche, nature et tradition (ndlr: aujourd’hui Le Mouvement de la ruralité), pour se faire élire, a besoin d’émois, de polémiques, et de radicalité. Alors que le débat sur la pêche des requins s’est apaisé depuis longtemps, il s’emploie à le réactiver et à diviser. Un « Trump péï », lit-on dans un commentaire. En tout cas les méthodes sont les mêmes. 

Philippe Nanpon

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A propos de l'auteur

Philippe Nanpon

Reporter citoyen. Déménageur, béqueur d'clé dans le bâtiment, chauffeur de presse, pompiste, clown publicitaire à roller, après avoir suivi des études d’agriculture, puis journaliste depuis un tiers de siècle, Philippe Nanpon est également épris de culture, d’écologie et de bonne humeur. Il a rejoint l’équipe de Parallèle Sud en tant que journaliste pour partager à la fois son regard sur La Réunion et son engagement pour une société plus juste et équitable. Depuis son départ à la retraite, il continue à contribuer bénévolement au média.

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