ESCLAVAGE, CRIME CONTRE L’HUMANITÉ
Qu’est ce qu’un an par rapport à trois siècles ? Parallèle Sud a annoncé en juin le projet de « déboulonnage » de la statue de François Mahé de La Bourdonnais de son piédestal du Barachois. Il n’en est plus question pour cette année.
Pour la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, il s’agit de profiter du réaménagement du site pour faire un acte politique. Elle ne prononce pas alors le mot « déboulonnage », terme revendiqué par le collectif Laproptaz Nout Péi qui réunit une quarantaine d’associations de militants culturels et qui demande a ne pas glorifier un gouverneur esclavagiste.
Ericka Bareigts préfère parler du « déplacement » de la statue pour la « sortir de l’espace public en menant un travail pédagogique de connaissance partagée sans posture d’excès d’un côté comme de l’autre ». Suite aux échanges avec Laproptaz Nout Péi, il est convenu de « sortir » La Bourdonnais du Barachois le 20 décembre 2022.
Le collectif LNP souhaite organiser, en même temps que le « déboulonnage », le procès de l’ancien gouverneur des Mascareignes (1733-1746), coupable d’avoir organisé l’esclavage et la lutte contre les marons sur les îles de Bourbon et de France. Il estime que La Bourdonnais tombe sous le coup de la loi Taubira de 2001 qui reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
Réserves des services de l’Etat ?
Yvrin Rosalie, président du Komité Éli et membre du LNP l’a rappelé hier. Il propose de déplacer la statue sur le site de l’ancienne prison Juliette Dodu ou « à la Jamaïque » (ancienne décharge de Saint-Denis). Hier, lors de la présentation du week-end dédié à Eli et aux révoltés de Saint-Leu, il ironisait sur le fait que la préfecture elle-même semble ne pas vouloir accueillir la statue dans son jardin.
Le « travail pédagogique » devait commencer par la constitution d’un comité scientifique puis l’organisation de réunions publiques dans les quartier pour expliquer le sujet et en débattre. D’après les militants que nous avons contactés, le projet a pris du retard et c’est désormais la date du 20 décembre 2023 qui est évoquée.
Du côté de l’Etat, les services du patrimoine peuvent émettre des réserves quant au déplacement d’un monument historique comme la statue de La Bourdonnais, classée à l’inventaire depuis le 14 août 2000. Et il semble que ce soit le cas même si la préfecture n’a pas répondu à nos sollicitations. Tout comme la mairie de Saint-Denis…
Faut-il traduire ces silences par une volonté de ménager les susceptibilités sur un sujet toujours sensible ?
F.C.