KAZ AN PAY • CASES EN PAILLES — ÉPISODE 5
« C’est quand même le travail de beaucoup d’années, le travail de… » Sociologue, Arnold Jaccoud sourit sans finir sa phrase. Mais c’est bien « le travail d’une vie » qu’il partage avec les lecteurs de Parallèle Sud depuis quelques semaines. Pour ce 5e épisode, il nous amène chez Samuel et Berthéa Hoareau. La rencontre a eu lieu en 2006. Partons avec lui à la découverte de « la réalité restituée et ressuscitée de ce que fut la vie dans Mafate et, plus généralement, dans les Hauts ».
Echappant aux circuits saturés par les va-et-vient de visiteurs essoufflés, un espace de vie se présente à l’observation qui attire immédiatement l’attention. Celui-ci, chez Samuel et Berthéa Hoareau, est dissimulé au bas de la plaine aux Sables, en dehors de toutes les voies touristiques. C’est sans doute la raison pour laquelle il semble appartenir à La Réunion d’il y a 40 ans.
Par le biais d’une existence qui semble difficile, ces « paysans de montagne » conservent vivant un patrimoine inestimable menacé de disparition et d’oubli par les attraits de la modernité et des avantages qu’offrent les promesses de son confort. Ici, il ne s’agit pas de s’attacher à identifier une bâtisse. Tout le site sur lequel vit la famille de Samuel Hoareau offre le spectacle saisissant d’une implantation du « tan d’lontan« , dans une pauvreté réelle, et créatrice, pour le visiteur attentif, d’émotions mélangées.
Huit ou dix cases avec le toit en paille de vétiver… Où qu’on se tourne, vue de l’extérieur, la proximité séculaire de l’homme et de ses animaux d’élevage est illustrée par des modes de constructions quasi identiques. La kour, dont la délimitation est presque sans objet dans cet environnement, s’étend sur une surface considérable.
Selon les principes de cet habitat éclaté, chaque pièce de « la maison » est une construction séparée. Et les animaux qui « partagent » l’existence de la famille semblent surgir de ces cases, comme si, pour le profane ignorant, elles étaient indifféremment attribuées aux mammifères, vaches et cochons noirs, à la volaille, poules dindons et canards, ou aux humains.
Néanmoins, la vie n’est pas immobilisée et même d’une année à l’autre, et en dépit d’un dénuement apparent, l’aspect de l’îlet évolue de façon perceptible… Avec très peu de moyens, la famille de Samuel Hoareau modernise progressivement son habitat qui est demeuré longtemps avec des couvertures de paille vétiver. Le « chantier » est permanent. Pourtant le mode de vie traditionnel semble parfaitement intact.
Martine qui vit avec ses parents, fréquente l’école de La Nouvelle. Elle effectue partiellement le trajet avec Chloé qu’elle retrouve aux alentours du gîte géré par ses parents à quelques centaines de mètres plus haut. Une heure pour aller. Autant pour revenir.
« Santié la i aranz pi, l’ONF la di »
L’altitude de la plaine aux Sables est de 1454 m. L’endroit est d’une austérité considérable. Il a fallu survivre. La pauvreté est réelle. Elle montre ici ses conséquences… La kour de l’habitation peut sembler être un vrai désordre, des empilements de matériaux obsolètes, une surabondance de végétation, compte tenu de l’environnement luxuriant, mais derrière le bazar, chaque objet, chaque plante, chaque arbre, a une utilité, un usage qui explique ou justifie sa présence à cet emplacement.
Les conditions de vie des Mafatais, les changements de climat, les maladies qui se développèrent sur les cultures agricoles, poussèrent aussi quelques familles à quitter le cirque : « mwin la grandi la plaine aux Sables. Dann tan lavé kinz famiy. Sa té na sinkantan, parla (…) navé pwin la plas, tout té travayé (…) mé la vi té mizèr, in moman la pu niabou travay, navé pwinn lo, i fé domoun la kit plato la mar (…) apré mwin la ni La Nouvèl » ; « La bokou d-soz la disparèt, granmoun i rakont mé nou minm nou la pi vi. Nou té dèrnié pou kit lèt a kord. Santié té kasé toultan, nou té anfèrmé vo mié dir !lavé ryink dé famiy, kan le moun la tonm malad ben nou la kité. Sa té na lontan, kan mi pé pa dir aou, na omwin 25 ans 20 ans ! mé santié la i aranz pi l’ONF la di ».
Arnold Jaccoud
Le kozman de Samuel
Té habite la mon tonton la sorte la mwin lani la place mon tonton aterla. Mon tonton la sorte là an swasant set. Mwin osi mwin la arive ici an swasan set. wi mi kultive la ter lantie, zariko ti pwa ron, mayi. Nou manze set nou la planté.
Wi elicopt de fwa kan nou la beswin angré swasant ero pou arive aterla pou sorte la nouvel pou arive là, san kilo swasant ero avan lété sinkant ero se ser non nou vann pan ou kite pou nou meme non riink lentye y vann in ti pe in tourist y paze kom sa si in kamarad beswin in kilo nou vann zelman lo lentye zariko pti pwa pou nou la volaye pou nou manzé si in moun la beswin in pti kom sa mou vann lé rar.
Mwin lé kontan tout mon famye i abite koté mwin, mi fe mon bitation mi plante mon mayi mon ti pwa ron, mi sonye de trwa volaye kabri bef. Non pa tro facil. Y fe travaye an groupe kome sa la même.
Nena y travaye l’O.N.F. y travaye pou de zan apré y fe lassedik . ke les zanfan y rest à coté mwin là. Martine osi le ankor tro zen pou maryé a l’ekol mave katran, mwin lave kartorz an kan mon papa le mort mwin la travaye avek momon travaye la ter apres sa mwin sorte mwin lani abite la plaine des sables.
Bin wi kan y gaye douz, trez an, y fo y sa va o colez Cilaos ou bwin an ba ,mwin nena de garson la parti colez Cilaos la pa parti lycee apré la sorti lave sez anani travay la ter, bitation. Depwi lontan kom té y lé, ziska nou va viy nou sora kom sa meme. Petee le zanfan va grandi la kaz an paye n’ora. kaz an pay sa plu vite.
Non mi kompran pa mwin du tou an ba la abitue rest Mafate le abitue depwi lontan. Bin wi ou sonye in zaimau kom sa, dann la vil ou gayn sonye zanimau, pa tro. Mon garson y travay la ter bin sa le kom sa meme sa. Bin si nou le pa malade nou travay in ti pe la ter. de fwa c la maladi y fe pamal a ou. wi sa si nou gaye … Wi se la sante le principal. Non komela mi gayne pi voyaze, y fo licopter pou trape a mwin la e le cher. Na de fwa mi ve desann Andre y vwjn serche a mwin la, si na pake pou tir an ler, an ler la sene, mi sar tape. Wi mi le abitué dan mon androi la mi rest ici wi mi le che mwin. De kontra in san kinz in santrant. Non mwin la pancor vi a li zamé vi a li zamé ni ici. An Marla la fini de fwa…