UNE PREMIÈRE MANIFESTATION RÉUSSIE
Entre trois et quatre mille personnes, pour la plupart des syndicalistes, ont manifesté jeudi contre le projet de réforme des retraites.
Malgré le mauvais temps, la route du littoral basculée et des citoyens désabusés, les syndicats unanimes ont mobilisé leurs troupes, jeudi 19 février, pour une manifestation contre le projet de réforme des retraites. L’écrasante majorité des trois à quatre mille manifestants arborait T-shirts et casquettes aux couleurs de leurs centrales, bien peu habillés en « civil », ce qui dénote une faible mobilisation hors syndicats.
Les Orange de la CFDT ouvraient le cortège, grâce à une représentation forte dans les entreprises. Le syndicat réformiste, pour cette fois, affiche son opposition au projet et son unité avec les autres centrales syndicales. Suivaient FO, la CGTR, Solidaire, etc.
Et, tout au long du parcours, les slogan affichés répondent aux mensonges égrenés par les membres du gouvernement ainsi que par le chef de l’Etat pour justifier une réforme qui n’est ni juste ni indispensable. Des éléments de langage entendus à chaque projet de réforme, au nombre de six en 30 ans sans compter les tentatives avortées comme en 2019.
Un système de retraite en faillite.
Emmanuel Macron évoque les « études sérieuses » pour justifier la nouvelle réforme. Pourtant, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), un organisme institutionnel rattaché au Premier ministre, précise dans son rapport que ses résultats « ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». En effet, en 2021, l’excédent est de 900 millions d’euros, de 3,2 milliards en 2022, et le déficit sera de 10 milliards (sur 350 milliards) en 2027 avant de se résorber. Et si déficit il y a, il est dû aux allègements de cotisations non compensées depuis 2018 qui représentent 90 milliards d’euros par an.
Pour financer les progrès sociaux.
Cet argument a du plomb dans l’aile tant il est choquant. Mais surtout, de l’aveu même du gouvernement dans son projet de loi de finances 2023 et le programme de stabilité 2022-2027, les projets de réforme des retraites et de l’assurance chômage permettront de poursuivre « la stratégie de baisse des prélèvements obligatoires engagée sous le mandat précédent afin de soutenir le pouvoir d’achat des Français et la compétitivité des entreprises ».
Pour permettre des avancées sociale.
Une retraite minimum à 1 200 euros. Oui, mais brut, pour une carrière complète de 43 ans de cotisation et à 64 ans. Et puis cette somme de 83% du Smic est déjà garantie dans la loi sur les retraites de 2003 qui n’est pas appliquée. Et bien peu y auront droit puisque un tiers des retraités touche moins, dont la moitié n’a pas une carrière complète. Il faut ajouter que ce taux ne pourra qu’augmenter puisqu’il faudra travailler plus longtemps à un âge où le taux d’activité est particulièrement faible.
La pénibilité mieux prise en compte.
Dans ce projet de loi, le gouvernement parle d’ajouter trois nouveaux critères de pénibilité. La promesse est parfaitement hypocrite quand on sait que ces trois critères (port de charges lourdes, postures pénibles et vibrations mécaniques) existaient et ont été supprimés au début du premier mandat d’Emmanuel Macron. A noter qu’un quatrième critère, l’exposition aux agents chimiques dangereux, avait lui aussi été retiré mais ne sera pas réintégré dans le compte de pénibilité.
Egalité et justice en supprimant les régimes spéciaux.
Diviser pour mieux régner, la recette est millénaire. Taxer les bénéficiaires de ces régimes spéciaux de « privilégiés » est une méthode qui a fait ses preuves. Pour autant, si « les Français sont favorables à leur suppression » comme le prétend la Première ministre, ils ne sont que 53% à se prononcer dans ce sens. Alors qu’ils sont 80% à se prononcer contre le report à 64 ans. Il faut être cohérent. Sans compter que les bénéficiaires de ces régimes sont soumis à des métiers pénibles, ceci expliquant cela.
Philippe Nanpon