À la rencontre des bénévoles du festival Komidi

1 / THÉÂTRE

Komidi est programmé fin avril, mais depuis des mois, nombre de bénévoles travaillent déjà activement dans l’ombre. Cette semaine, Parallèle Sud est allé à la rencontre des bénévoles qui se chargent de la fabrication des décors.

14 ans déjà…

Certains bénévoles dont Jean-Jacques et François sont là depuis quatorze ans, la fabrication des décors ayant commencé l’année de la quatrième édition de Komidi ! Ils sont actuellement une dizaine à travailler depuis quelques mois sur les décors entre une et trois fois par semaine selon les disponibilités des uns et des autres. Il faut forcément avoir de véritables compétences en bricolage, et bien plus ! Si beaucoup de décors sont en bois, certains demandent des compétences en métallerie-soudure. Le grand spécialiste du groupe c’est Paulo, qui est là lui aussi depuis de nombreuses années. Certaines contraintes techniques dépassent largement le simple bricolage !

Pourquoi fabriquer les décors sur place ?

Au-delà du coût du fret, il y a aussi d’autres contraintes. « Certains décors sont trop volumineux et trop lourds pour rentrer dans l’avion, explique Jean-Jacques. Et puis si les troupes mettent leurs décors en fret, elles ne peuvent plus l’utiliser pendant plusieurs semaines alors qu’elles jouent parfois juste avant le festival, ou juste après. On fabrique donc sur place des décors à partir de plans, dessins, photos, vidéos, et supports sur sketchup (logiciel de dessin). Ca m’arrive de remodéliser moi-même un dessin ou un plan sur sketchup si on en a besoin.

Comme ces décors serviront pour cinq ou six spectacles maximum, nous travaillons « à moindre coût » avec des techniques différentes. Par exemple, il y a quelques années, un décor qui avait coûté 14 000€ en métropole a été fabriqué sur place pour 700€. Le décor ci-dessous nous le fabriquons en bois, en métropole il est démonté toutes les semaines et est donc fabriqué en métal !

« Nous avons aussi des contraintes de stockage et surtout de transport quand des décors sont trop volumineux ou trop lourds. Certains décors doivent donc être facilement démontables, avec des systèmes de charnières à goupilles. Dans tous les cas, on récupère tout ce qu’on peut garder : quincaillerie, bois, les charnières à goupilles qu’on utilise ce matin, on les a récupérées sur un décor de l’année dernière. »

Des bénévoles formés

Certains bénévoles ont été formés comme de vrais professionnels du décor. « L’association a un projet Erasmus +, avec Paulo, nous confie Jean-Jacques, grâce à un projet Erasmus, nous sommes allés dans un atelier de théâtre professionnel rattaché au théâtre royal des galeries à Bruxelles. On a vu comment fonctionnait l’atelier professionnel. On les a aidés, on a travaillé avec eux, on les a observés et on a vu comment était organisé leur atelier pour que ce soit pratique, quelles techniques ils utilisaient, notamment le collage-agrafage qu’on utilise depuis et qui nous permet d’utiliser des contreplaqués moins coûteux, plus légers, donc plus faciles à transporter. Ça nous a permis de comprendre comment gagner du temps, fabriquer sans trop dépenser. Ça nous a aussi donné des idées pour équiper notre atelier et optimiser notre travail ». 

Un local digne d’un atelier de menuiserie

Le local dans lequel travaillent les bénévoles est un local sain (en très bon état par rapport à d’autres utilisés les dernières années), et a été parfaitement équipé par l’équipe de bénévoles. Jean-Jacques l’explique comme suit : « une rampe de prises est installée à mi-hauteur tout autour de la pièce ainsi qu’un petit plan de travail. Pas besoin de rallonges pour brancher nos outils ! On a fabriqué des tables sur roulettes à la même hauteur que le plan de travail. Ça nous permet de pouvoir monter plus facilement les assemblages. On peut se mettre en appui sur une table et la console qui fait le tour de la pièce en restant parfaitement de niveau ».

On trouve également un plan incliné pour les coupes de gros panneaux de bois, et puis bien sûr des scies, des perceuses, … Des livraisons régulières de bois permettent d’avancer au rythme souhaité, sans encombrer l’atelier, les différents décors étant stockés au fur et à mesure dans différents locaux. Tout est prévu et optimisé pour éviter des pertes de temps. L’atelier n’a rien à envier à un atelier de professionnel de la menuiserie !

Quelques soucis pour stocker

Certains décors ou éléments de décors sont conservés et stockés d’une année sur l’autre. Avant le festival, tous les décors fabriqués sont stockés, mais les lieux de stockage sont disséminés sur Saint-Joseph et pas toujours très grands. On comprend mieux pourquoi les décors sont démontables. Jean-Jacques explique par exemple que « les « girafes » (pieds servant de support) métalliques sont réutilisables d’une année sur l’autre pour d’autres décors. « Comme on peut les régler en hauteur, alors forcément, on les garde ».

Une anecdote sur un décor un peu fou

L’année où était programmée la pièce « Prêt-à-partir », Jean-Jacques raconte que « la troupe est venue avec un élément du décor (un essieu). Ce décor c’était une sorte de roulotte qui se déployait pour les besoins de la scène. Quand ils sont arrivés, on a adapté la roulotte qu’on avait fabriquée de A à Z, avec leur essieu, et ça a fonctionné. C’est un super souvenir. On était plusieurs copains, y’avait les gars de la troupe, plusieurs bénévoles, et des régisseurs d’une autre troupe qui nous ont aidés. On a passé la nuit à monter le décor. C’était un peu de la folie, mais c’était chouette ! »

Komidi c’est deux semaines de spectacles, mais sans les bénévoles rien ne serait possible !

A suivre, un reportage consacré au groupe chargé des accessoires, et sur le groupe chargé de l’hébergement des artistes et techniciens.

                Dominique Blumberger

(Contribution bénévole)

NB : Plusieurs articles ont été publiés dans Parallèle Sud à l’occasion de la précédente édition, notamment concernant les spectacles scolaires et le rôle de certains bénévoles. On peut les retrouver sur le site de Parallèle Sud.