L’allée des Pétrels, à Manapany-les-Bains, a fait peau neuve. Autrefois un chemin de terre, la route s’élève maintenant vers le chantier de l’hôtel quatre étoiles Manapany Bay, bientôt en construction.

Une route toute neuve, bordée de trottoirs et de places de stationnement, une route large où deux bus peuvent se croiser sans ralentir. Trois cents mètres de long, treize mètres de large, deux fois une voie plus deux pistes cyclables, « ce sera la plus grande avenue de Manapany », nous avait-on dit il y a près d’un an. Où mène l’allée des Pétrels, il y a peu encore un chemin de terre ? Une route qui ne mène qu’à l’hôtel a déjà été construite aux frais du contribuable saint-joséphois et de la Casud, pour 830 000 euros, bientôt un parking dans les mêmes conditions.
Un hôtel, un parking, des résidents qui s’en vont au profit de locations saisonnières, des murs hauts de deux mètres en parpaings, Manapany risque, bientôt, de ressembler à un petit Saint-Gilles et perd peu à peu son charme et son authenticité. « Le maire, Patrick Lebreton, parle de modèle mauricien. Il veut du luxe, du calme et de la volupté », dénonce Tiphaine de Greenpeace. « Là où il y avait une vraie mixité sociale »et des jardins fleuris, on ne trouve plus qu’un «effet couloir» dans des ruelles étroites.
L’organisation non gouvernementale s’étonne de la multiplication des hôtels quatre étoiles dans le Sud Sauvage et dénonce un modèle touristique qui a peu d’avenir. « Faire 10 000 kilomètres pour venir une semaine en vacances, ce n’est pas tenable », souligne Tiphaine. « Et quand on parle de tourisme intérieur, qui à La Réunion peut se payer ce type d’hôtel ?», poursuit-elle.
Et de revenir au contribuable saint-joséphois et de la Casud. « La construction d’un parking est prévue tout à côté de l’hôtel, soi-disant pour les usagers du bassin de baignade », explique encore la représentante de Greenpeace. De fait, les documents joints au permis de construire laissent peu de place au doute. Le permis indique que, dans l’enceinte du Manapany Bay, seules 28 places de parking seront disponibles. Mais la fiche pompiers, qui évalue le plan d’évacuation de tout bâtiment recevant du public en fonction du nombre de personnes maximum que peut accueillir la structure, compte beaucoup plus d’usagers. Trente-six chambres, soit 96 clients et 18 employés ; Un spa de 20 places et 4 employés ; Des salles de séminaires qui peuvent accueillir au total 126 personnes et 2 employés et une restaurant de 120 couverts et 10 employés. Même si les clients de l’hôtel sont aussi ceux du spa et du restaurant, même si la jauge ne sera jamais totalement remplie, ça fait 411 personnes pour 28 places de parking. A n’en pas douter, le parking que le maire a déjà annoncé dans la presse sera à l’usage de l’hôtel ; à moins que les riches clients se déplacent en bus et le personnel à vélo.
La mairie de Saint-Joseph, contactée, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Philippe Nanpon
⚠︎ Cet espace d'échange mis à disposition de nos lectrices et lecteurs ne reflète pas l'avis du média mais ceux des commentateurs. Les commentaires doivent être respectueux des individus et de la loi. Tout commentaire ne respectant pas ceux-ci ne sera pas publié. Consultez nos conditions générales d'utilisation. Vous souhaitez signaler un commentaire abusif, cliquez ici.