Alors qu’il a ouvert ses portes en décembre dernier, le tiers-lieu Soliker, dans le quartier du Gol, a célébré, vendredi 25 avril au matin, son officialisation devant un parterre de bénévoles, bénéficiaires et acteurs locaux de la solidarité. Un nouveau point d’ancrage dans le paysage solidaire de l’île.
Un lieu pensé pour les habitants
« Sakinn na son plas, pou fé viv a li dann la solidarité! ». Le matin du vendredi 25 avril, dans le quartier du Gol à Saint-Louis, l’émotion était palpable à l’occasion de l’inauguration officielle de la Kaz Soliker. Pensé comme un lieu d’entraide et d’échange, ce tiers-lieu a été porté avec passion par deux marmay la kour, Moussa Mbaé et Émilie Gallet, convaincus que la solidarité devait être un pilier du vivre-ensemble.
Implanté dans un bâtiment mis à disposition depuis décembre dernier par la fondation Fondatom, Soliker a depuis peu ouvert pleinement ses portes aux habitants. Le lieu abrite un espace de jeux pour petits et grands, un coin cuisine, une épicerie solidaire et un espace de coworking. Il accueille aussi des ateliers variés autour de l’alimentation, de la gestion du budget, du numérique, et propose un accompagnement social de proximité grâce à la présence d’un assistant social libéral. Tous ces services participent à une même vision : celle de rendre la solidarité concrète, accessible et surtout durable.
Moussa Mbaé, très ému lors de sa prise de parole, a rappelé le cœur du projet : offrir un espace ouvert et vivant, ancré dans l’économie sociale et solidaire, où chacun peut se sentir accueilli, écouté et reconnu. « Ce lieu, c’est celui de la participation. On veut sortir de la logique du don pour entrer dans une dynamique de co-construction. La solidarité ne doit jamais être une exception, mais une évidence. »
Un levier de la transformation sociale
Ce jour d’inauguration a aussi marqué une première à l’échelle nationale, avec l’installation du tout premier Frigo Solidaire des DOM-TOM. Déjà présents dans plus de 150 villes en France hexagonale, ces frigos en libre accès permettent à chacun de déposer ou prendre des denrées gratuitement, pour lutter à la fois contre le gaspillage alimentaire et l’exclusion. Un geste simple, mais porteur d’un message puissant : celui de la confiance et du partage.
Soliker n’est pas seulement un espace de services, c’est aussi un lieu ressource pour les autres initiatives citoyennes du territoire. Des collectifs locaux, comme Nous Toutes 974, y organisent déjà des ateliers de sensibilisation aux violences intrafamiliales. Cette ouverture témoigne de la volonté des porteurs de projet de faire de Soliker une véritable plateforme d’entraide et de collaboration entre acteurs engagés. D’ailleurs, de nombreux professionnels du secteur social de La Réunion étaient présents lors de l’inauguration, venus découvrir le fonctionnement du lieu et réfléchir à la création de lieux similaires dans d’autres quartiers de l’île.
Un projet en pleine expansion
Soutenu par la mairie de Saint-Louis, le CCAS, et le Crédit Agricole via son Fonds d’Initiative Régionale, le projet a su convaincre. Jean-Philippe Anda, chef d’entreprise et administrateur du Crédit Agricole, a rappelé l’engagement de la banque à accompagner les structures sociales de toutes tailles qui œuvrent pour un mieux vivre : « Soliker a été défendu en caisse locale, puis régionale, car nous avons perçu sa force de transformation sociale. »
Mais, malgré ces soutiens, l’association porteuse du projet ne compte pour l’instant aucun salarié. Elle repose entièrement sur une équipe de bénévoles engagés, épaulée par un apprenti. Pour assurer la continuité des activités et en envisager de nouvelles – comme l’intégration d’une conseillère en économie sociale et familiale – les porteurs de projet sont aujourd’hui en quête de financements pérennes.
Sur le terrain, les retours sont déjà éloquents. Marine et Josué, habitants du quartier de la gare, racontent venir chaque semaine avec leur fille pour participer aux ateliers et bénéficier de l’épicerie solidaire. « C’est plus qu’un coup de pouce, c’est un vrai soutien au quotidien. » Marie-José, habitante du quartier du Gol, amène désormais son petit-fils tous les mercredis : « Il joue avec d’autres enfants, et moi je me sens moins seule. Ce lieu a changé nos habitudes. »
Soliker est né d’un besoin, d’une vision et d’un engagement. Il est déjà devenu pour beaucoup un point d’ancrage, un repère dans une période où les inégalités se creusent. Et si l’on en croit l’énergie qu’il dégage, ce n’est qu’un début.
Olivier Ceccaldi
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