CONVENTION CANNE : PLUS DE 20 MILLIONS D’EUROS PAR AN
Les négociations entre les syndicats, Tereos, l’Etat et les autres industriels ont abouti à un accord. (par Manuel Marchal — Témoignages)
« C’est une grande victoire. Les 4 syndicats étaient ensemble, voilà le résultat », a indiqué Jean-Michel Moutama, président de la CGPER, à la sortie de la réunion de négociation avec Tereos qui a permis d’obtenir mardi un accord avec l’industriel. « Si on veut que La Réunion gagne, il faut que l’on soit tous ensemble, on a donné un exemple clair pour l’avenir de La Réunion », a ajouté le dirigeant syndical. Globalement, les planteurs ont obtenu de l’État et de tous les industriels une hausse de 20 millions d’euros des revenus de 2 500 planteurs. La signature de la Convention canne 2022-2027 devrait donc avoir lieu aujourd’hui (mercredi). La campagne sucrière pourra alors démarrer, avec l’assurance pour les planteurs d’avoir obtenu des avancées suffisantes pour vivre de leur travail.
A la sortie des négociations vendredi avec le ministre des Outre-mer, la date de mardi avait été annoncée pour une négociation entre les planteurs et Tereos. Mais ce mardi matin, aucune réunion n’était encore annoncée. Cette journée a alors commencé par une action de solidarité des dockers. L’assemblée générale de la CGTR-Port et Docks a invité des planteurs qui ont exposé leur situation. Les dockers ont annoncé une grève illimitée à partir de lundi si Tereos continuait de persister dans son intransigeance. Le blocage des discussions menaçait déjà des emplois dans le port, au terminal sucrier, car le silo est vide alors que la campagne sucrière aurait déjà dû commencer.
Puis la rencontre tant attendue a finalement commencé hier à 16 heures. Au bout de plus de trois heures de discussions, la délégation des syndicats est sortie satisfaite : un accord est possible.
Près de 5 millions d’euros obtenus de Tereos
Emmanuel Thonon, co-président du CPCS, a fait le compte-rendu des avancées obtenues après les négociations avec Tereos. Pour les utilisateurs de coupeuse longue, un dispositif de compensation de richesse entre 9,2 et 12,8 a été validé. Les agriculteurs qui n’arrivent pas aux 9,2 de richesse pourront être rattrapés sous certaines conditions au 30 euros. Ce sont près de 2 millions d’euros arrachés à Tereos pour ces planteurs. « Sur les cannes fibre, on passe à 4,60 euros », ajoute-t-il.
Pour le partage, il s’effectue à partir de 13,5 millions au-dessus du point d’équilibre de l’industriel au lieu de 20 millions. Un partage un tiers pour les planteurs, deux tiers pour Tereos s’effectuera. Au-delà de 17 millions d’euros au-dessus du point d’équilibre de Tereos, ce sera 50 % pour les planteurs, 50 % pour Tereos. Pour 2022, 2,7 à 2,8 millions sont espérés être obtenus dans ce cadre au lieu de 300.000 euros dans l’ancienne Convention, soit un bonus d’1,80 euro par tonne de cannes pour les planteurs.
Le partage des bénéfices et les mesures pour les planteurs utilisant une coupeuse de cannes longues représentent donc 4,8 millions d’euros par an, sur la base de ce qui est prévu pour 2022.
Plus de 20 millions d’euros supplémentaires pour les planteurs
Cela s’ajoute à ce qui avait été obtenu lors des précédentes réunions. Pour le planteur qui livre moins de 700 tonnes, entre 14,50 et 17,93 euros par tonne de plus. Entre 700 et 1200 : entre 10,31 et 13,74 euros par tonne de plus, entre 1200 et 3000 tonnes : entre 7,85 et 11,28 euros par tonne de plus ; entre 3000 et 5000 tonnes : entre 5,85 et 9,28 euros par tonne de plus ; plus de 5000 tonnes : entre 4,26 et 7,72 euros par tonne de plus.
Cela représente plus de 20 millions de bénéfices pour la filière, note le co-président du CPCS.
Guillaume Sellier, président de JA, s’est félicité du résultat, et a indiqué qu’ils seront présentés ce mercredi à la base.
Dominique Clain (UPNA) remercie tous les soutiens et notamment les dockers. « Lors des 6 années à venir, personne ne sera redevable aux industriels. Nous serons gagnants », a déclaré le président de l’UPNA.
« On a donné un exemple clair pour l’avenir de La Réunion »
Pour Jean-Michel Moutama, président de la CGPER : « c’est une grande victoire. Les 4 syndicats étaient ensemble, nous avons travaillé ensemble. Sans ce travail, sans cette décision dès le départ d’être tout le monde ensemble pour porter ce combat-là, je pense que cela aurait été compliqué. L’expérience nous montre que quand nous sommes divisés, cela ne marche pas. Pour cette fois-ci, nous étions tous ensemble et voilà le résultat aujourd’hui. Il ne faut surtout pas oublier cela. Quand on est ensemble pour une même cause, pour l’agriculture réunionnaise, pour les planteurs de La Réunion, voilà le résultat ». « Si on veut que La Réunion gagne, il faut que l’on soit tous ensemble, on a donné un exemple clair pour l’avenir de La Réunion », poursuit-il. « Chacun garde son identité, nous avons nos différences. On a su mettre nos égos de côté pour porter ce message », conclut-il sur ce sujet.
« Tous les types de planteurs ont été pris en compte », a déclaré le président de la CGPER, « de l’argent est mis dans chaque tranche de planteurs ». « Le combat n’est pas terminé », a-t-il poursuivi, « c’est l’augmentation du prix des intrants. C’est à voir avec les collectivités, notamment la Région qui gère le problème de fret, le Département pour amener plus d’argent là-dedans pour nous accompagner, et l’État pour le Plan de résilience ».
« La canne a encore de l’avenir à La Réunion »
Le président de la CGPER poursuit : « la canne n’est pas morte à La Réunion, elle a encore de l’avenir à La Réunion et cela malgré tout ce que l’on a pu entendre. La canne fait vivre encore énormément de personnes ». Pour conclure, le dirigeant syndical adresse un message à la population : « c’est vrai que les blocages ont pu gêner, mais il faut aussi savoir quelques fois faire quelques petites concessions. Si on n’avait pas fait cela, on n’aurait pas été entendu et c’est dommage ».
Pour Dominique Gigan, président de la FDSEA, « un travail reste à faire sur l’engrais, pour que les planteurs soient accompagnés pour faire face à la hausse des factures d’engrais, d’herbicides». Concernant la replantation, des aides supplémentaires seront demandées au Département lors des prochaines réunions de CPCS. « Le combat n’est pas fini », indique le président de la FDSEA.
La signature de la Convention canne 2022-2027 a donc avoir eu lieu ce mercredi. La campagne sucrière pourra alors démarrer, avec l’assurance pour les planteurs d’avoir obtenu des avancées suffisantes pour vivre de leur travail.
Manuel Marchal
Quotidien en ligne diffusé en presse-papier jusqu’en 2013 fondée en 1944 par le docteur Raymond Vergès