Emission Alé di partou à Radio Sud Plus

Alé di partou : émission spéciale sur les violences intrafamiliales

Radio Sud Plus et Parallèle Sud s’associent pour proposer des débats de fond dans le cadre d’une série baptisée « Alé di partou ». La première émission s’est intéressée aux violences intrafamiliales.

Nini des Bilimbies et Olivier Mussard accueillent Frédéric Rousset, président du Centre pour l’élimination des violences intrafamiliales (Cevif), l’avocate Sandrine Antonelli spécialisée dans ce genre d’affaires et le journaliste de Parallèle Sud, Olivier Ceccaldi qui vient de consacrer plusieurs articles à ce sujet.

Pendant deux heures d’émission, ils ont dressé un état des lieux sans complaisance de ce fléau.

Morceaux choisis :

À propos de la violence par contrôle coercitif.

« On a des femmes qui sont avec des personnes qui ne veulent pas qu’elles téléphonent, qui ne veulent pas qu’elles aient un compte bancaire. »

À propos de la double peine des victimes qui subissent et doivent fournir la preuve de l’abus.

« La victime est obligée de se justifier en permanence. Elle est mise en cause. Elle est en souffrance. Et elle doit en plus démontrer qu’elle souffre. »

À propos de la complicité passive de la société.

« Chacun considère que ce n’est pas son problème. Ce qui se passe dans une famille, ça reste dans la famille. Il y a un refus collectif de voir. »

À propos des défaillances de la réponse institutionnelle.

« Les enfants sont les victimes collatérales de la lenteur de la justice. »

À propos de la banalisation des violences conjugales.

« Il y a encore des gens qui pensent que dans un couple, ce qui se passe entre un homme et une femme, ça ne nous regarde pas. C’est faux. »

Emission Alé di partou à Radio Sud Plus
Ninie des Bilimbis
Emission Alé di partou à Radio Sud Plus
Olivier Mussard
Emission Alé di partou à Radio Sud Plus
Me Sandrine Antonelli.
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Olivier Ceccaldi
Emission Alé di partou à Radio Sud Plus
Frédéric Rousset, président du Centre pour l’élimination des violences intrafamiliales (Cevif).

Les échanges sur le plateau ont couvert un spectre large des violences : conjugales, sur les enfants, sur les personnes âgées. Ces violences sont souvent invisibles, notamment lorsqu’elles sont psychologiques ou économiques. Elles se développent sur un terrain d’emprise, de contrôle et de dépendance affective ou matérielle.

Or les réponses de la société sont défaillantes. Les intervenants dénoncent une forme de déresponsabilisation collective, où chacun laisse à un autre le soin de gérer. La justice est lente, parfois inefficace : les ordonnances de protection tardent à être délivrées, des enfants restent exposés à des parents violents. Ils pointent aussi les limites de la parole judiciaire, qui ne répare pas toujours, surtout face à l’enracinement social des violences.

Changer la société

Les victimes sont souvent mises en doute, notamment les femmes lorsqu’elles dénoncent un conjoint ou un père violent. La justice peut parfois maintenir un droit de garde à un parent reconnu comme maltraitant, faute de preuves suffisantes ou par inertie. Le parcours judiciaire est épuisant pour les victimes, qui doivent prouver, se défendre, revivre les faits… pendant des années.

Quant aux pistes de solution, le Cevif propose des accompagnements juridiques, psychologiques et sociaux. Des ordonnances de protection existent mais sont trop rarement demandées ou accordées. Et de préconiser une refonte de la chaîne de traitement des violences, avec des formations spécifiques, une meilleure coordination police/justice/santé, et des ressources accrues.

Mais les procédures ne peuvent pas tout régler, « Alé di partou » va plus loin et incite un changement qui implique toute la société encore contrainte par une culture patriarcale qui légitime certaines violences. L’éducation dès le plus jeune âge est essentielle pour faire évoluer les comportements. Le changement passera aussi par la visibilisation des luttes et des récits de victimes, comme le fait Parallèle Sud.

Franck Cellier

Numéro zéro de l'émission Alé di partou dans les locaux de Radio Sud Plus. © Olivier Ceccaldi
Numéro zéro de l’émission Alé di partou dans les locaux de Radio Sud Plus. © Olivier Ceccaldi

Pour aller plus loin

L’émission a abordé de nombreuses dimensions des violences intrafamiliales, mais la discussion ne s’arrête pas là. Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet ou trouver des ressources concrètes, voici quelques documents et outils de prévention disponibles en accès libre :

Le livret d’information de Nous Toutes 974, destiné aux victimes ou témoins de violences à La Réunion (violences sexistes, sexuelles, intrafamiliales, envers les femmes, les enfants, les personnes LGBTQIA+), qui répertorie les contacts utiles pour trouver de l’aide :
👉 Consulter le livret

Le Violentomètre, un outil de sensibilisation pour aider à identifier les situations de violence dans une relation :
👉 Télécharger le Violentomètre

Le Gayaromètre, un outil complémentaire pensé pour prévenir et détecter les situations de violence ou de non-consentement, en particulier auprès des jeunes.

👉 Découvrir le Gayaromètre

Enfin, pour un éclairage plus large et documenté, la nouvelle revue de l’ORVIFF Réunion propose des analyses et données locales sur les violences intrafamiliales :
👉 Lire la revue de l’ORVIFF

A propos de l'auteur

Franck Cellier

Journaliste d’investigation, Franck Cellier a passé trente ans de sa carrière au Quotidien de la Réunion après un court passage au journal Témoignages à ses débuts. Ses reportages l’ont amené dans l’ensemble des îles de l’océan Indien ainsi que dans tous les recoins de La Réunion. Il porte un regard critique et pointu sur la politique et la société réunionnaise. Très attaché à la liberté d’expression et à l’indépendance, il entend défendre avec force ces valeurs au sein d’un média engagé et solidaire, Parallèle Sud.

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