ONG DE L’UNESCO
De retour d’un forum de l’Unesco, Ankraké prépare le 20 Décembre et présente le chemin accompli depuis 1995.
Savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va, c’est le crédo d’Ankraké depuis 1995. L’association saint-pierroise espère un « avenir meilleur », que « chacun trouve sa place dans son pays », en misant sur la préservation et la transmission du patrimoine culturel réunionnais. Pour que les savoirs ancestraux ne tombent pas aux oubliettes de l’histoire et qu’ils retrouvent toute la place que la modernité voudrait nous faire oublier.
Ankraké
Langue créole, agro-écologie, patrimoine culturel, tisanes, autant de combats menés depuis bientôt 30 ans. « Ce sont des combats d’avenir », souligne Laurita Alendroit, présidente de l’association. « Le maloya par exemple, n’utilise que des instruments faits de matériaux de récupération ; tout comme cet abris en vétiver, beaucoup plus solide et confortable que tous les chapiteaux en plastique du monde », illustre-t-elle.
20 Décembre
Tous les ans, un hommage est rendu aux ancêtres devant le Pilon de Terre-Sainte, une statue érigée en 1999 à l’initiative de l’association. Cette année, la cérémonie se déroulera dimanche 17 devant la stèle mémorielle. « Pour ceux qui n’ont pas de sépulture, ceux qui sont morts en mer… », précise Laurita Alendroit. Le 20 Décembre, c’est sur le terrain de Bassin-Plat que l’on va se retrouver autour de musiciens (*), de ronkozé, de spectacles et d’un repas issu du jardin de l’association. Riz, patate, manioc, brèdes, poids et piment : tout a poussé sur place. Seuls la morue du riz chauffé et le cochon du cari kaf viennent d’ailleurs.
Transmission
Personnes vulnérables, jeunes, étudiants, travailleurs sociaux, à Bassins-Plat, Ankraké anime un espace agro-écologique et accueille toutes sortes de publics pour rencontrer, échanger, transmettre avec les porteurs de savoirs comme la langue créole, la musique, la danse, la cuisine, l’artisanat, les tisanes, l’agriculture traditionnelle. L’espace accueille également en chantiers d’insertion des personnes qui bien souvent n’ont jamais touché la terre. « Avant de prendre la pioche, nous leur expliquons que c’est grâce à cette terre que l’on mange, qu’il ne faut pas tuer cette terre nourricière ; rapidement, ceux qui souvent sont là un peu par hasard finissent par aimer travailler cette terre », explique Laurita Alendroit.
Unesco
C’est pendant le confinement de la période Covid qu’Éric Alendroit a pensé à demander une accréditation à l’Unesco. L’Unesco les délivre à des organisations non gouvernementales (ONG) pour être sur le terrain afin de sauvegarder et transmettre le patrimoine immatériel de l’humanité. C’est ainsi que Ankraké est reconnue comme ONG pour quatre ans depuis juillet 2022. « C’est une fierté et une grosse responsabilité », souligne Laurita Alendroit. Trois membres de l’association reviennent tout juste du Botswana où ils ont participé à un forum des ONG de l’Unesco. Ils y ont présenté la tradition réunionnaise de la cuisine au feu de bois. « Connaître le patrimoine des autres nous enrichit. Pour nous, le partage des connaissance est une façon d’éviter les guerres. L’ignorance mène à la peur, puis au rejet. Nous ne sommes pas à l’abri », estime Laurita Alendroit.
Philippe Nanpon