Astrologie malgache, Harena

[Astrologie malgache] Les constellations content votre histoire

PRATIQUES ANCESTRALES

L’influence des astres et des cycles naturels était au cœur de certaines pratiques de nos anciens comme l’agriculture ou encore la pêche. Si l’on a oublié ces connaissances pour la plupart d’entre nous, certaines familles ont continué de se les transmettre de génération en génération. C’est le cas de Harena qui exerce l’astrologie malgache à L’Étang-Salé.

« On accepte le fait que la lune a une incidence sur la mer, qu’elle entraîne les marées, qu’elle fait pousser les plantes etc… Alors pourquoi on aurait du mal à croire qu’elle a aussi une influence sur nous, lorsqu’on sait que notre corps est composé à 65% d’eau ? Les astres aussi ont une énergie, ils sont en permanence au-dessus de nos têtes. Donc ces énergies-là, on va ensuite se les trimbaler. »

Harena, astrologie malgache

Harena pratique l’astrologie malgache, chez elle, à L’Étang-Salé les Hauts où nous la rencontrons. L’activité est peu pratiquée à La Réunion, même si la connaissance des cycles, des astres et des planètes imprègne encore aujourd’hui les anciennes générations. Combien de gramounes plantent en fonction de la lune ? Combien ont conservé cette pratique héritée sans toutefois parvenir à clairement l’expliquer ?

« Les psychologues ne prennent pas en compte le côté culturel »

Harena a quasiment été biberonnée aux mouvements des astres, elle a commencé à apprendre à l’âge de 6 ans, initiée par sa mère. « J’ai grandi dans un milieu très ésotérique avec une mère malgache animiste. Mon père est Réunionnais, j’ai fait des vas et viens entre la métropole, Madagascar et la Réunion. »

Pour accepter de se lancer professionnellement dans la pratique de l’astrologie malgache, Harena a connu le décès de sa mère, il y a un an. Avant ça, elle est passée par un parcours allant de la psychologie sociale aux ressources humaines, elle a même fait de la voyance.

« Les psychologues ne prennent pas en compte le côté culturel, j’ai compris que c’était une raison pour laquelle les gens n’allaient pas chez le psy et j’ai décidé d’allier les deux. Je connais la culture créole, donc si des patients me disent qu’ils voient des esprits, je ne vais pas les regarder avec des gros yeux. »

Astrologie transmise par les Arabes

L’astrologie malgache descend des Arabes qui commerçaient avec Madagascar et la côte est de l’Afrique, particulièrement entre le 11e et le 15e siècle. Une époque où la culture arabe rayonne, influence le monde par ses découvertes et avancées scientifiques, parmi lesquelles la connaissance des astres.

Astrologie malgache

La trentenaire raconte que, donnée à un roi pour comprendre l’origine et faire cesser la maladie qui décimait sa cour, la pratique s’est transmise de génération en génération. La connaissance, héritée de sa famille, est complexe, beaucoup plus approfondie que l’astrologie occidentale, pourtant plus connue. Elle nécessite une bonne maîtrise des mathématiques pour anticiper les changements de position des astres. Il faut apprendre des calculs et des dessins. « Tu regardes le positionnement des étoiles, leur déplacement, tu les relies, ça te fait des dessins. On appelle ça du dessin du ciel. » « Le ciel a ses règles. Certaines étoiles ne peuvent pas emprunter certaines routes par exemple. Certaines constellations ne peuvent pas se relier entre elles. »

« Les astres nous content une histoire »

« Un chercheur astrologue malgache a recensé plus de 68 000 combinaisons. Pour être reconnu maître en astrologie à Madagascar, il faut connaître au moins 15 000 positions de planètes. Moi, depuis tout ce temps où j’ai appris, je dois en connaître 8 000. »

Pour Harena, l’astrologie est avant tout un art qui se pratique dans la vie quotidienne. « Ca va permettre en tant qu’individu de mettre un maximum de chances et d’énergie de ton côté. »

« Les astres sont là pour nous conter une histoire », reprend l’astrologue. « En fonction de la position des astres, de ce qui est écrit dans le ciel comme destin ce jour-là, tu vas décider de placer ton déménagement tel ou tel jour, ton mariage tel ou tel jour. Tout simplement parce que les astres vont donner une certaine histoire. Si tu te maries un jour où l’énergie des astres indique que les mariés n’auront jamais d’enfants, et bien on sait que ton mariage n’amènera pas d’enfant. »

Maximiser les chances

A Madagascar, les tisaneurs – consultés autant que les médecins chez nous – ont fréquemment recours aux astrologues afin de décider de la meilleure date pour commencer un traitement ou un soin. Une manière de maximiser les chances de guérir.

A travers son activité, Harena utilise l’astrologie principalement comme une manière d’aider ses patients à guérir de maladies ou de traumas, dépasser des blocages qui les gênent, mettre le doigt sur ce qui freine la personne dans sa vie.

« On va regarder le thème de la personne, comme l’astrologie occidentale, mais pas seulement. On va aussi s’intéresser à toutes les étoiles que l’on voit autour et qui représentent en fait les constellations des parents, des grands-parents. Parfois, il y a des nœuds et ça peut impacter la personne. Ca peut permettre de trouver l’origine de son problème quand parfois ni les médecins, les psychologues, ni elle-même ne parviennent à comprendre d’où ça peut venir. »

Le choix

En repérant l’origine du problème, Harena réoriente les personnes vers les professionnels adaptés. « C’est une reprise en main de ta vie. Dans l’astrologie malgache, on t’emmène vraiment, une fois que tu as conscientisé quelque chose, à comprendre ce que tu dois en faire. Dans les constellations des patients, je vois leurs forces, leurs potentialités, je vois aussi ce qu’ils peuvent en faire. Je les aiguille par là, mais ils ont toujours le choix de changer des choses dans leur vie ou non. Ca leur appartient. »

« Je ne peux pas dire tout ce que je vois dans les constellations », ajoute Harena qui précise qu’en tant qu’astrologue il est fortement déconseillé de regarder ses propres constellations ou celles de ses proches car trop d’événements marquants y sont visibles. « Parfois, il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas connaître. »

Jéromine Santo-Gammaire

A propos de l'auteur

Jéromine Santo Gammaire | Journaliste

En quête d’un journalisme plus humain et plus inspirant, Jéromine Santo-Gammaire décide en 2020 de créer un média indépendant, Parallèle Sud. Auparavant, elle a travaillé comme journaliste dans différentes publications en ligne puis pendant près de quatre ans au Quotidien de La Réunion. Elle entend désormais mettre en avant les actions de Réunionnais pour un monde résilient, respectueux de tous les écosystèmes. Elle voit le journalisme comme un outil collectif pour aider à construire la société de demain et à trouver des solutions durables.

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