Benjamin, passionné de yoga : « Garder sa dignité, soigner son insolence »

[LA PAROLE DES RÉSISTANTS PACIFIQUES : 5]

Par un temps de pluie, nous nous abritons dans la case créole de Benjamin Clément, au milieu de la végétation de l’Entre-deux. Entrepreneur dans le domaine culturel et touristique à 32 ans, il est la figure de Balades Créatives. Son projet depuis sept ans est d’y défendre la beauté de la langue créole et l’histoire de l’île de manières poétique et créative. Le jeune homme au fort caractère, affiche son positionnement contre l’obligation vaccinale, personnellement et professionnellement sur les réseaux sociaux. Habitué des manifestations du samedi contre le pass sanitaire, il résiste face à la pression qu’exercent le gouvernement, les institutions et une partie de la population qu’il qualifie de « petits policiers de l’Etat ».

« Il n’y a que la créativité pour nous sauver »

Ce contexte où tous se positionnent soit pour, soit contre révèle davantage le côté novateur de Benjamin. Comme au niveau professionnel où il transforme ses balades en « meetings politiques » pour pouvoir continuer à exercer : « Rien ne change, à part le terme. On fait une balade où on conte l’histoire du sentier d’une manière particulière. Mais l’unique dérogation à laquelle on a pensé pour rassembler des personnes en plein air, ça a été de les qualifier de meetings politiques. C’est juste une sécurité au niveau légal, pour que ça passe entre les mailles du filet. » Pour le trentenaire, il est essentiel d’être inventif, au-delà de l’artistique, en apportant un regard nouveau pour faire face positivement à cette situation problématique : « Dans l’époque fascinante dans laquelle on vit, il n’y a que la créativité pour nous sauver. Comment on s’en sort ? En créant de nouvelles choses, sans s’opposer frontalement mais il faut savoir apporter des solutions. Innover, rendre l’ancien système désuet. » Un système plus frais qui, à son sens, doit reconnaître l’humanité et ses différences, les croyances de chacun, le respect d’autrui en profondeur.

Il préfère voir toutes les mesures gouvernementales comme un jeu : « Finalement, c’est amusant. Quand on trouve des solutions, on est vraiment content de nous » explique-t-il, dynamique. Son fort désir de persévérer s’exprime par la créativité encore une fois, comme lorsqu’il emploie des moyens détournés pour contourner ces mesures. « La loi est tellement floue, qu’on se rend compte que l’oppression n’est pas si grande. Par exemple, pour la limitation des 10 km pour aller en balade, on organisait des films « dokimentér », plus mentér que documentaire, et on embauchait les participants à la balade en tant que figurants, pour qu’ils puissent se déplacer. C’est une dérogation à la loi. On est dans le système, alors on doit s’en sortir. »

« Dans l’époque fascinante dans laquelle on vit, il n’y a que la créativité pour nous sauver, estime Benjamin Clément. Comment on s’en sort ? En créant de nouvelles choses, sans s’opposer frontalement mais il faut savoir apporter des solutions. Innover, rendre l’ancien système désuet. » (Photo Hawa Locate)

« L’art du foutant à la créole »

De nature à montrer sa force d’âme, il avoue ne pas avoir peur, satisfait de pouvoir s’épanouir pleinement dans sa vie, grâce notamment à sa profession où il a une totale liberté de s’exprimer : « Le gouvernement met les bouchées doubles actuellement pour faire pression. C’est très grave, mais moi perso, je n’ai pas peur. Plus il continue à me mettre la pression, plus je répondrai par l’insolence. » Sa manière à lui d’être insolent : « Je n’utilise ni rage, ni violence, contrairement au gouvernement. » L’insolence à la réunionnaise ou « l’art du foutant à la créole », pour lui, c’est d’assumer être une « tête brulée ». « On est né à La Réunion, sur un volcan, donc quand on nous énerve trop à l’extérieur, le volcan qui sommeille en nous est prêt à entrer en éruption. Je ne pense pas avoir la vérité absolue, je me trompe peut-être mais au moins je tiens debout. Je pense que c’est très important de garder sa dignité, de soigner cette insolence, de rester vivant par rapport à toute cette pression désagréable » nous confie-t-il. « Tank n’aura cochon, n’aura foutant ! » dit-il pour insinuer qu’il continuera à réagir de cette manière tant que le gouvernement agira de la sorte.

Résister pour lui, c’est affirmer sa position sans devoir s’imposer et faire la morale aux autres. Vigoureux dans ses idées mais solitaire de caractère, il énonce son besoin d’être en marge depuis toujours. Pourtant, il s’affirme dans sa manière de s’opposer au gouvernement : « Avant, je n’étais pas dans le milieu du militantisme ou revendicateur mais quand on s’affirme, on devient rebelle.»

« La crise covid a réveillé en nous les sentiments les plus sombres »

« L’obligation vaccinale est une absurdité énorme. Il y a tellement de raisons pour lesquelles je résiste. » Sa chienne fraîchement recueillie ne le quittant pas d’une semelle, il s’ouvre sur ses premières réticences concernant l’aspect médical. Il ne croit particulièrement pas au pouvoir de ce vaccin, qui, selon lui, a des effets dangereux pour la santé sur le long terme. « Je résiste parce que s’il répondait à la définition du vaccin, je pense qu’on serait guéri. Il a d’incalculables effets nocifs sur la santé, sur le sang, sur l’immunité générale des gens. Je pense que c’est un prétexte pour entretenir l’industrie pharmaceutique. Ils défendent une seule vérité, et c’est le vaccin, alors qu’il y a énormément d’alternatives plus saines, plus douces qui protègent plus efficacement contre ce virus. Il faut commencer par prendre soin de notre système au quotidien. » 

Le jeune homme, lui, pratique le yoga assidûment, une astuce concrète qui permet de le garder en bonne santé. Il nous précise cependant qu’il conçoit que c’est difficile à croire pour l’ensemble de la population. Il estime que se soigner de manière indépendante, à l’aide d’autres solutions, autrement que par le vaccin, n’intéresse pas les « messieurs » du gouvernement : « Puisque c’est gratuit, ça ne les arrange pas. Être libre leur pose problème. » Il reprend le terme marquant « démocrature » pour caractériser la politique utilisée actuellement : « Une obligation, aucun dialogue, beaucoup de mensonges. Une ambiance totalement malsaine pour l’humain. » Un pouvoir qu’il qualifie de « dictature sanitaire ».

Benjamin nous fait part de son profond respect pour les personnes vaccinées, nous précisant que bon nombre de ses proches le sont. Toutefois, il dénonce un gouvernement qui alimente un climat anxiogène : « On nous fait passer pour les méchants alors qu’on prend très au sérieux cette problématique de santé et la protection de nos proches mais pas au point de la névrose. Il est important de ne pas céder à la psychose, même si c’est sans doute l’intention du gouvernement, de fragiliser la santé des gens, les affaiblir psychologiquement et donc les rendre malléables, les manipuler. On joue vraiment avec les émotions les plus basses de l’Homme. La crise covid a réveillé en chacun de nous les sentiments les plus sombres. Elle a permis d’extérioriser la haine, la colère, la peur. Elle a été révélatrice de notre intérieur. Diviser pour mieux régner, tel est le souhait du système. Alors, je pense qu’il est primordial de se soutenir mutuellement en période de crise » conclut-il.

Hawa Locate

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