A l’occasion du festival de l’ornithologie, nous avons rencontré deux animatrices de la fresque de la biodiversité. Par ce biais, l’association BioMA enseigne à tous les enjeux du monde vivant.
« Pourquoi trouve-t-on de moins en moins d’oiseaux à l’étang du Gol ? » A l’aide d’un plateau de jeu et de quelques cartes qui représentent des plantes et des animaux, c’est au participant au jeu de comprendre par lui-même ce phénomène. Il pourra quand même bénéficier de conseils et renseignements de la part des animateurs de la fresque de la biodiversité pour trouver la bonne réponse.
BioMA est une association née en mars 2023. Elle vise à sensibiliser le public le plus large à l’importance de la biodiversité. Et a adapté des outils de France continentale – la fresque de la biodiversité – au contexte réunionnais. Le week-end dernier, elle tenait un stand près de l’étang du Gol à l’occasion du festival de l’ornithologie. Qu’est-ce qu’un écosystème ? Quels sont les liens entre les différents protagonistes représentés sur les cartes distribuées ? Ce qui abîme les liens en question. Décorer la fresque et réfléchir aux actions à mener, sont les différents stades du jeu.
« A La Réunion, sur les quelque quinze écosystèmes relevés, quatre ont pour le moment été sélectionnés et mis en jeu : les rivières avec le conseil de la fédération de pêche, les falaises littorales où vivent les geckos verts de Manapany avec Nature Océan Indien et le conservatoire botanique national, les récifs avec la réserve marine et les milieux cultivé grâce au Cirad », énumère Moea Latrille, présidente de l’association BioMA. Qui intervient dans les écoles, auprès des collectivités territoriales, des entreprises et même des hauts fonctionnaires qui ont une obligation à se former dans le domaine. « Le grand public est plus difficile à toucher, nous irons à sa rencontre le 8 décembre avec l’agence régionale de la biodiversité à Grand-Anse et à Saint-Leu », indique Moea Latrille. « Avec les hauts fonctionnaires, je sors mon CV, ça les met en confiance », sourit Céline Leroudic, qui est à la fois vétérinaire et ingénieure écologue. Les deux animatrices ont pu à Saint-Louis exposer ce qu’est un écosystème, c’est-à-dire « un milieu où cohabitent vivant et non vivant, les interactions entre ses composants, et les perturbations dont il pourrait souffrir. Si on agit sur une espèce, quelles sont les répercutions sur les autres espèces ». On lutte contre les rats pour sauver les tuits-tuits, et ce sont les papangues qui meurent empoisonnés par exemple.
Revenons-en à nos oiseaux à l’étang du Gol. La qualité de l’eau, la pollution, rejets ou dépôts sauvages, le dérèglement climatique, la chasse, la fragmentation des habitats, les espèces exotiques envahissantes… autant de propositions valables pour expliquer le déclin. « Dans les milieux insulaires, ce sont les espèces exotiques qui sont le plus grand danger. Dans l’étang, ce sont les plantes flottantes, jacinthes ou salades d’eau qui vont étouffer le milieu aquatique », souligne Moea Latrille.
« Les humains sont dépendants de la biodiversité : nourriture, bois… les services que rend la nature gratuitement ont été chiffrés à 120 000 milliards de dollards », poursuit-elle. « Aux Etats-Unis, là où les insectes sauvages pollinisaient gratuitement, les apiculteurs gagnent plus d’argent à louer des ruches qu’à vendre du miel. » De la même façon, le corail protège la côte et ses habitants, les zones humides évitent les inondations, filtrent l’eau que l’on boit, et stockent le carbone.
Philippe Nanpon
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