LE CONCERT D’HÉLÈNE PIRIS ET MAGGY BOLLE RACONTÉ PAR LE BISIK
Le vendredi 16 février, le Bisik accueillait avec bonheur les prestations fulgurantes de Hélène Piris et Maggy Bolle ! Une pluie de créations décalées mêlant humour, réalité, ironie et décadence servie par deux personnalités féminines hardies et affirmées qu’il ne faut surtout pas énerver !
Hélène Piris et Maggy Bolle se sont promenées dans nos vies au Bisik devant un public conquis d’avance et venu en nombre malgré la vigilance orange “fortes pluies”… La pli i donn paké mais c’est dans la salle que l’orage a grondé sans doute le plus avec deux artistes explosives !
C’est d’abord la bonne humeur et l’humour aiguisé de ces magnifiques artistes qui conduit le public vers la scène du Bisik. Une occasion en or et un plaisir pour nous d’accueillir ces femmes de caractère venues de loin pour nous présenter leur univers insolite et décapant.
Malgré les aléas du climat et la voix éraillée, Hélène Piris ouvre le bal et nous présente son univers tout bonnement onirique, pardon ironique, mais toujours de bonne foi avec un premier titre optimiste ou presque « Non mais on va s’en sortir ». Une entrée en matière pour pénétrer directement sa réalité, qui est peut-être… la nôtre… aussi… qui sait…
Dans tous les cas Hélène, dopée à l’infusion gingembre, thym, miel et citron s’en est rudement bien sortie. Comme à son habitude, l’intimité de la salle a tout de suite créé une atmosphère chaleureuse pour les artistes et une proximité avec un public bienveillant qui a partagé, une fois de plus, un moment unique.
Chansons politiquement incorrectes
Hélène nous partage ses émotions comme une amie et nous raconte des histoires du quotidien, comme celle de « Michel à pôle emploi » d’une si belle banalité. C’est sans doute pour ça qu’on l’aime tant, Hélène et ses chansons politiquement incorrectes. Des chansons drôles, tendres, sensibles et parfois implacables, un humour décapant, des textes fulgurants qui soulignent les injustices, la précarité, le patriarcat et la course sans fin de l’ultra libéralisme… Accompagnée d’Olivier Kikteff à la batterie, Hélène, à la voix et au violoncelle, distille une musique nerveuse, mordante pour le plus grand bonheur des révoltés !
« C’est un peu chiant » mais qu’est-ce qu’on s’ambiance !
La soirée se poursuit au rythme des éclats de rire et des premiers déhanchés, « C’est un peu chiant » mais « Comme dirait mon cher Jean-Jacques » « C’était une blague » ! Car c’est tout ça Hélène Piris, un condensé de réalisme et de franc parler sans contrefaçon, c’est pas un garçon, et elle assume son féminisme et pour finir « et si jamais on s’en sort pas »… LA nature reprendra ses droits et un dernier rappel qui comme son nom l’indique, nous remémore qu’on s’en est tout de même bien sorti pour ce beau début de soirée.
Après un changement de plateau rapide et efficace, c’est sous un temps plus pluvieux encore, qu’on retrouve Maggy Bolle bien à l’abri dans le Bisik pour poursuivre cette incroyable soirée. La Cancoyotte girl annonce tout de suite la couleur avec un « J’suis pas ta mère » tonitruant et chante tout haut ce que tout le monde pense tout bas, sans vergogne et avec rage.
Grossière parfois mais jamais vulgaire, cette spécialité franc-comtoise unique nous déstabilise un peu et le public curieux s’aimante à la scène pour profiter d’un concert complètement à l’Est.
Accompagnée d’un Manoel Nicolas impérial au chœur, guitare et violon et de Gérôme Genay et son enthousiasme inchangé à la batterie, Maggy Bolle (au fait c’est un jeu de mots laid) nous peint, à un rythme soutenu, le système de santé français, la vie de couple, la culture, l’amour ou presque, le voisinage, les moutons du Président…
En résumé, tout et tout le monde y passe sans exception, même nous si on fait pas gaffe…
Comme dans tous ses concerts Maggy nous interpelle entre chaque morceau avec un peu de brutalité parfois et surtout beaucoup d’humour et d’amour vache.
Tout le monde y passe même la pluie…
Quand elle nous raconte à travers la chanson « Jean Marc » l’expérience de drague avec un déboucheur de fosse septique, évidemment ça déboîte mais il y a aussi un « Requiem pour un con » ou « La connasse d’en face » qui ne doit pas forcément apprécier qu’on parle d’elle ainsi ! Que des histoires folles et singulières, des revendications affirmées, des chansons folk osées, rigolotes, tendancieuses et revendicatives, des injonctions à réagir à s’réveiller que le public suit à la lettre en se laissant emporter par la foule… et par le démon de la danse à des rythmes inattendus, une lambada ou presque ou du Rockabilly… « Kit ta mèr » !
Sur un ton rock bien prononcé et quasi slamé, « Bernadette » (Pas Maggy à priori) a vu la vierge 17 fois et a fait transpirer la salle au même rythme que la pluie torrentielle qui s’abat à ce moment-là sur les toits du Bisik… Serait-ce un signe ? Une bénédiction ?
Toujours est-il que le public refuse de lâcher la jambe à Maggy alors que l’ambiance atteint son paroxysme. On l’a dit, dans l’univers impitoyable de Maggy, tout et tout le monde y passe, mais ce qui passe le plus vite, c’est le temps et la pluie, miracle !
Mais classique : toutes les bonnes choses ont une fin… et cette fin sur « Tout va mal » à moins que ce ne soit l’inverse est plus que satisfaisante et décadente . Le public est définitivement conquis comme toute l’équipe du Bisik pleinement ravi du succès de cette soirée sans histoire, enfin, vous avez compris.
Une soirée inoubliable où la diversité artistique et l’engagement ont fusionné pour créer une expérience musicale exceptionnelle et drôle à la fois. Un concert qui restera longtemps gravée dans la mémoire des courageux spectateurs qui ont bravé les éléments et osé abandonner leurs écrans !
Anyel Vellaye et Pascal Saint-Pierre et des images d’Iris Mardémoutou.