NE PAS BRAILLER DU NOIR ET REVOIR AUTREMENT QUE PAR SES YEUX
De nos jours, il existe des outils adaptés conçus pour des personnes déficientes visuelles afin de les aider à être plus autonomes dans leur quotidien.
Comment une personne déficiente visuelle fait-elle pour s’en sortir ?
Quand une personne perd la vue, quelle démarche faut-il faire ?
Lui faut-il une rééducation ?
La différence entre une personne malvoyante et celle qui est non voyante ?
Y-a-t-il des journalistes non voyants dans l’hexagone ?
Voilà toutes les questions que pose la « chronique dans le noir ». Et la liste n’est pas finie…
Bénéficiaire du SAMSAH DV, service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés déficients visuels sur Saint-Louis, je vous raconte et vous fais découvrir tout mon univers.
Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, moi c’est Jean-Philippe, non voyant depuis 1996 suite aux décollements de rétines car il faut le dire : avec la maladie, j’ai tout perdu.
Du Braille au clavier AZERTY
J’ai dû faire une demande de prise en charge auprès de la sécurité sociale pour une rééducation au centre du domaine des ombrages à Marly-le-Roi près de Versailles car à cette époque le SAMSAH DV n’existait pas.
Et la haute technologie n’était pas suffisamment évoluée, ne serait-ce que pour une formation adaptée sur le PC avec le clavier AZERTY.
Aussi en l’espace d’un mois, je me suis mis à l’écriture Braille intégrale. Il me fallait apprendre tout l’alphabet mais aussi m’entrainer à lire pour améliorer la sensibilité de mes doigts.
Aujourd’hui je maîtrise parfaitement cette écriture qui, ma foi, m’aide beaucoup pour faire ma liste de courses, pour repérer mes pochettes de CD, pour mes démarches administrative ou, plus encore, pour transcrire mes partitions de chants en Braille. Tout cela, je le fais avec ma vieille machine Perkins datant des années 1980 jusqu’ici fiable à cent pour cent.
Ma plage Braille numérique de 20 caractères, connectée en Bluetooth avec mon Iphone, me semble plus fragile. Cet outil me permet d’écrire ou d’envoyer des messages à mes contacts. Lire et télécharger des livres en Braille, écrire dans l’agenda ou le bloc-note. Ou même lire mes chants en Braille.
Les professionnels du SAMSAH DV m’ont appris à bien prendre mes repères sur le clavier AZERTY pour pouvoir être aussi autonomes que sur ma plage Braille car le numérique n’est pas bon marché et peut tomber en panne à tout moment.
Déterminé
D’ailleurs je passe la moitié de mon temps devant mon PC vocalisé car c’est comme ça que j’ai plaisir à vous résumer le vécu de ma cécité. C’est ce qui me sauve de l’isolement et de la solitude. Écrire est pour moi une passion, ma raison de vivre. Je suis déterminé à me battre pour les autres dans la même situation que moi. C’est sans doute une façon pour moi de mieux accepter mon handicap.
J’écris en ce moment mon auto-portrait afin que les gens sachent qui je suis.
Porteur de projets adaptés, j’ai plaisir à partager, à transmettre mes idées à mes pairs aidants.
C’est un bonheur également d’échanger avec vous, lecteurs de Parallèle Sud, ce que je ressens, ce que je vis à travers ma cécité. Chaque jour je cherche à approfondir mes connaissances, mon savoir expérienciel, mon savoir faire.
Je veux, je peux font partie de mon vocabulaire
Mes chroniques dans le noir de Parallèle Sud me permettent aujourd’hui de vous évoquer en quelques lignes ma vie mais surtout vous expliquer les outils adaptés que je possède chez moi.
La prochaine fois, je vous parlerai de Google Home, Alexa, ma montre connectée, ma télé intelligente et le rôle de ces fonctions, mon imprimante connectée…
Jean-Philippe Sevagamy