COLÈRE CHRONIQUE DE LOUISE OLIGNY
Un roman très particulier au niveau de l’intrigue d’abord, mais avant tout au niveau du contenu. Une satire particulièrement féroce, sans aucune concession, du monde du journalisme d’aujourd’hui : des patrons de presse proches des pouvoirs financiers et politiques qui imposent des lignes éditoriales, des chefs de service qui modifient, qui censurent, qui imposent, qui menacent… Les dérives de ce pouvoir « des petits chefs » et de ceux qui tirent les ficelles sur les plans économique et politique. On se croirait au JDD ou à France Inter !
Au-delà du monde du journalisme, elle évoque le chômage et la précarité des plus de cinquante ans (Monsieur Attal aurait dû le lire avant de signer son dernier décret). Lorsqu’on prend de l’âge et qu’on commence à coûter trop cher à son employeur, on se fait jeter comme un malpropre, l’empathie, le respect, ces « grands patrons » ne le connaissent plus ! Ce thriller sur fond de journalisme » est par bien des aspects un témoignage de ce qu’est devenu le fonctionnement du monde du travail et de notre société.
C’est de surcroît écrit dans un style particulièrement direct, mordant, incisif, parfois cynique, Et on ne se lasse pas des traits d’humour (parfois très noir) et même d’autodérision qui valent le détour !
Son départ est marqué par une énorme colère
Diane, photographe de presse pigiste (il semble qu’on dise « photo-reporter »…) depuis des années, travaille pour le journal La Chronique auquel elle fournit des photos de grande qualité faites sur le terrain parfois dans des conditions très difficiles (conflits par exemple). Pour des questions de soi-disant restrictions budgétaires, on lui divise son salaire par trois. « C’est ça ou la porte ». Ce sera la porte, car elle refuse de galvauder ses clichés, et de travailler au rabais. Son départ est marqué par une énorme colère où elle vide son sac, avec des menaces de mort… Puis c’est la descente aux enfers, la dépression, l’alcool, les anxiolytiques, les anti-dépresseurs, …
Quand le directeur de la Chronique est assassiné, Diane en éprouve un certain plaisir. Quand les décès des successeurs et chefs de services s’enchaînent, l’enquête va bien entendu se tourner vers elle, d’autant que des indices et certaines preuves disséminées par l’assassin font d’elle la coupable idéale. La rencontre avec Patrick, gendarme proche de l’enquête va l’aider à surnager, et finira par faire exploser la vérité.
Bien plus qu’un thriller, une satire sociale grinçante et drôle parfois sur notre société et le monde du journalisme.
Dominique Blumberger
