Dans nos libres expressions, le conseiller régional Jean-Jacques Morel s’insurge contre les violences dont sont victimes les forces de l’ordre. Une vision sélective qui nous paraît quelque peu partiale.
Monsieur Morel,
Nous sommes là très proche de l’indécence. Et nous ne pouvons laisser dire ces choses sans réagir. D’abord, toutes les violences sont à condamner. Et tous les blessés à déplorer. Qu’ils soient issus des rangs des forces de l’ordre ou des manifestants.
Pour ce qui est des manifestations contre la loi retraite dans les rues des grandes villes françaises, les vidéos sur YouTube montrant des coups gratuits sur des manifestants sont innombrables. Autant que celles d’arrestations arbitraires, tellement arbitraires qu’elles concernent jusque des touristes à Paris. La Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International et le Conseil de l’Europe se disent préoccupés ou condamnent la politique du maintien de l’ordre lors de ces manifestations, et les membres de forces de l’ordre ne sont pas les dernières victimes de cette politique. On peut la penser préméditée quand on sait que dix mille grenades lacrymogènes pour un coût de trente-huit millions d’euros ont été commandées par la France depuis l’épisode des Gilets jaunes.
A Sainte-Soline samedi, on compte 240 blessés dont dix grièvement touchés et deux dans le coma au 27 mars. Quatre mille grenades de désencerclement ont été tirées en deux ou trois heures. Il a fallu plus d’une heure pour qu’un médecin puis le Samu — empêché par les autorités — puisse venir porter secours à un blessé dont la vie est toujours en suspens. Des voltigeurs montés sur des quads à pleine vitesse arrosent la foule à coups de LBD. Un député européen témoigne que le cortège pacifique et familial a été canardé dès qu’il est arrivé à portée de tirs, bien avant que ceux que vous appelez des « black blocks » n’entrent en action.
Enfin, reconnaissez avec nous et M. Mélenchon que, sans la présence de trois mille gendarmes à Sainte-Soline pour défendre un trou au milieu d’un champ, il ne se serait rien passé de fâcheux. Les activistes violents en auraient été pour leurs frais, les boules de pétanque auraient servi à une bonne partie de triplette entre amis et les feux d’artifice clôturé une fête sans nuages et sans violence.
Chaque élu doit dénoncer ces actes là, c’est le sens de ce communiqué. C’est le minimum que nous leur devons.
Philippe Nanpon