Ce matin, la cour correctionnelle de Saint-Denis rendait son verdict dans le procès qui oppose Didier Grand, directeur général du Crédit Agricole Réunion Mayotte à plusieurs salariés et syndicats.
« Didier Grand se satisfait naturellement de cette décision qui tombe sous le sens ». Voici les premiers mots du communiqué de presse diffusé ce matin par l’avocate du directeur général du Crédit Agricole Réunion Mayotte, maître Lucile Collot alors que la cour correctionnelle de Saint-Denis venait d’annoncer la relaxe de son client pour un vice de forme dans l’affaire qui opposait son client à plusieurs salariés et des syndicats.
Retour sur les faits
Lors d’une soirée de Noël organisée en décembre 2023, le directeur général du Crédit Agricole Réunion Mayotte a diffusé, devant plus de 500 personnes, une diapositive sur laquelle on pouvait voir un salarié du Crédit Agricole d’origine malbar avec les mots « Vantard, Voleur, Vilain » et en symétrie « Veinard, veinard, veinard ».
Cette scène, filmée et diffusée, par exemple sur Youtube, avait soulevé l’indignation des représentants syndicaux et d’une partie de la communauté malbar. Tout l’enjeu du procès, était néanmoins de démontrer le caractère raciste et injurieux des propos tenus ce jour-là. Dans un précédent article, l’avocate de la défense, expliquait d’ailleurs que son client avait cherché à déconstruire les propos racistes dans une séquence qui avait selon elle été instrumentalisée.
Un verdict logique pour la défense
Suite au verdict rendu ce matin, elle salue d’ailleurs le tribunal qui « n’a cédé ni à la pression médiatique, ni à des manoeuvres procédurales hasardeuses ». Comme lors de l’audience et à sa sortie, l’avocate dénonce l’utilisation de la procédure pénale à l’encontre de son client à des fins personnelles qui ont conduit « à manipuler la réalité et déformer ses propos (de son client) ».
Maître Collot, qui estime que des preuves tronquées ont été soumises au dossier pour étayer de « fausses accusations » rappelle qu’une plainte pour escroquerie au jugement a bien été déposée et est en cours d’examen au parquet de Saint-Denis. La défense passe donc à l’attaque alors « qu’une plainte en diffamation a déjà été déposée et qu’une plainte pour dénonciation calomnieuse est envisagée ».
Une « victoire symbolique » pour les plaignants
Du côté des plaignants et de leur avocate, maître Settama-Vidon, l’analyse du verdict rendu est différente. Pour l’avocate, « l’enjeu de ce procès n’a jamais été d’obtenir une réparation financière » mais surtout une reconnaissance du caractère raciste et injurieux des propos tenus. Elle reconnait que la procédure était compliquée alors que le ministère public n’avait pas choisi de donner suite à la plainte initiale et qu’il avait fallu une citation directe pour obtenir une date d’audience.
Néanmoins, elle considère que le « combat a été perdu sur la forme mais a été gagné sur le fond » car lors de l’audience, « la procureure ainsi que le président du tribunal ont reconnu le caractère raciste des propos malbar 3V ».
Une lecture du procès partagée par Matthias Ramsamy, salarié du crédit agricole de La Réunion et partie civile au procès, qui évoque une « victoire symbolique ».
« Nous avons des syndicalistes et des syndicats qui se sont battus pour obtenir justice pour les travailleurs malgré les difficultés pour que ce procès ait lieu » déclare-t-il ce matin. Les parties civiles ont décidé qu’elles ne feraient pas appel de la décision du tribunal.
Olivier Ceccaldi
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