DES DÉFICIENTS VISUELS EN FORMATION CHEZ UN CHEF PATISSIER
Sébastien Ramuscello, grand chef pâtissier, accueille des personnes non-voyantes et malvoyantes dans son atelier culinaire de Saint-Pierre. Ensemble, ils échangent leurs savoir-faire et réalisent le gâteau de la fête des mères.
De 9 à 12 heures, six personnes déficientes visuelles vont devoir, une fois de plus, se concentrer pour mener à bien la réalisation du gâteau qu’ils veulent à tout prix apprendre à faire avec leur ami formateur Sébastien. Avec son expérience et grâce à ses connaissances, le chef pâtissier a eu la brillante idée d’adapter sur son plan de travail des petites astuces. Les camarades non-voyants et malvoyants forment un groupe déterminé et passionné. Depuis le début de la formation, ils ont apporté des accessoires adaptés à leur handicap : une balance de cuisine parlante, un séparateur d’œufs, des recettes en braille, sur dictaphone ou smartphone.
Les apprentis déficients visuels sont motivés pour faire passer un message très fort à la population : « Nou lé kapab… Rogard se ke mi gyine fé… Nou lé fyèr de nou »…
La fête des mères approche, le choix du thème du jour est tout trouvé, en l’honneur de nos mamans.
C’est ainsi que Jennifer, Véronique, Mireille, Maurice, Gérard et Jean-Philippe vont se surpasser en mettant beaucoup de leur amour dans la réalisation de ce dessert-surprise qu’ils auront à refaire le 4 juin 2023 chez eux chacun de leur côté pour pouvoir dire à leurs mères combien ils les aiment.
Cette formation adaptée de pâtisserie reste sur notre île unique en son genre, pour le moment, il n’y en a pas d’autres accessibles aux malvoyants et non-voyants.
Cette activité leur permet de s’épanouir, de sortir de chez eux et de vivre comme tout le monde.
Sébastien Ramuscello, formateur professionnel engagé, est fier de ses apprentis déficients visuels (DV) qui ont trouvé le moyen d’exister et de faire parler d’eux.
A la question : Pensez-vous qu’un non-voyant ou mal voyant peut apprendre à pâtisser ou à cuisiner dans un atelier culinaire comme tout le monde ? Le chef Sébastien répond : « Bien sûr qu’une personne malvoyante ou non-voyante peut se réaliser , appartenir a un groupe , gagner en confiance et en estime de soi malgré ses difficultés. Car ici, à La Réunion des chefs, je me mets à leur place, j’organise le plan de travail et je ferme les yeux en repérant les ingrédients et le matériel sur la table. Ainsi nous partageons un pur moment de plaisir en pâtisserie ou en cuisine.»
Bilan de la journée : une forêt noire, un chemin de fer traditionnel au goyavier, un roulé chocolat praliné.
Jean-Philippe Sevagamy